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Mort des suites du Covid, Kenzo laisse un immense héritage

Par Herve Dewintre

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Kenzo Takada avait rejoint la France en bateau : un voyage long – un mois et demi- qui disait bien son envie de rejoindre coûte que coûte ce qu’il considérait comme la patrie de la mode. La mode qu’il adorait depuis sa tendre enfance passé à Hemiji où il est né en 1939, puis à Tokyo où il avait poursuivi ses études du jour où la Bunka Fashion College avait ouvert ses portes aux garçons. Cinquième d’une famille de sept enfants, il était certain que Paris lui permettrait de réaliser son rêve : ouvrir sa propre maison.

Ce rêve, il mit sept années avant de le réaliser à partir du jour où il s’installa, en 1964, dans la capitale française. Il vécut durant ces années là de ses croquis qu’il vendit à Louis Féraud notamment, avant d'intégrer, comme assistant, la marque Renoma qui faisait fureur auprès de la jeunesse dorée du Drugstore et du Golf Drouot. De là lui vint peut-être ce gout de la fête et cette aptitude à la joie de vivre qui fut pendant plusieurs décennie sa signature et son mantra. Il a trente ans quand la grande aventure débute, c’est à dire quand il ouvre sa première boutique – mythique – au cœur de la Galerie Vivienne.

Tout ce qui constitua plus tard le fondement de sa renommée se trouvait déjà là, aux premières heures de sa griffe : la décoration de la boutique – une émanation de l’esprit Douanier Rousseau et qu’il baptisa la « Jungle Jap », le prêt à porter où son héritage nippon, sa prédilection pour les kimonos et les cotonnades japonaises se conjuguent à l’amour des couleurs vives et l’allure nomade des cités occidentales. Le succès de cette mode hydride et joyeuse se confirma chaque année, gagnant à chaque collection un surcroit de renommée critique et commerciale. Les shows furent de plus en plus grandioses, les boutiques de plus en plus nombreuses.

Un show final au Zenith devant 4000 personnes

L’austérité et la noirceur des années 90 eurent raison de ce parfum d’allégresse et d’optimisme. Coup sur coup, le créateur pleura la mort de son compagnon Xavier de Castella puis celle de son associé Atsuko. A l’aube des années 2000, malgré l’étendue de sa marque qu’il venait de céder à LVMH et qui couvrait le parfum depuis 1988 et le prêt à porter masculin depuis 1983, Kenzo quitt le devant de la scène après une ultime collection présentée lors d’un show réunissant, au Zénith devant 4000 personnes, animaux, musiciens et danseurs. Un au revoir festif, à son image.

Depuis son départ, la marque Kenzo a connu, toujours sous la houlette de LVMH, plusieurs incarnations et pris des directions parfois diamétralement opposées, avec des directeurs artistiques aussi différents de tempérament et de style que le créateur sarde Antonio Marras, de 2003 à 2011, que le duo américain Carol Lim et Humberto Leon de 2011 à 2019, ou que le designer portugais Felipe Oliveira Baptista qui a pris les rênes des studios cette année. Jusqu'à son décès ce dimanche 04 octobre, des suites du COVID-19, à l’âge de 81 ans, Kenzo Takada manifesta un continuel émerveillement devant le mystère de vivre et le plaisir d’exister. Sa mode, pleine d’un élan vital qui s’est exprimé tout au long de sa carrière sur près de 8000 dessins, est plus pertinente que jamais.

Foto: JOEL SAGET / AFP

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