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Métiers d'art: Julie Troncin, maroquinière de luxe

Par Anne-Sophie Castro

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People|INTERVIEW

Passionnée de design et de cuir, Julie Troncin en a fait sa profession. Cette artisane installée à quelques kilomètres de Tours, rejoignait diverses structures d’aides aux jeunes et centres socio-culturels avant de découvrir sa vocation : travailler le cuir et créer des produits de marroquinerie d’excellence. Son goût pour l’esthétique et la matière lui a permis d’intégrer les ateliers d’Hermès, puis de monter son entreprise au service des sens...

Comment vous est venue l’envie de travailler le cuir ?

J’ai débuté dans la réalisation de costume d’époque au sein d’une association d’évenementiel à Tours, de façon autodidacte et bénévole. J’ai ainsi survolé les styles, découvert l’histoire de la mode et de l’accessoire et, aimant le défi, je me suis lancée à réaliser un corset. Une tâche plutôt ardue pour une première création ! Le dernier modèle en date était une robe faux-cul de style victorien. Cette période me fascinais...

En 2012, J’ai déménagé en Dordogne car Hermès proposait un cycle de formation dans la région. J’ai tenté ma chance et c’est ainsi que je suis entrée dans le secteur du cuir.

Parlez-nous de votre expérience chez Hermès...

J’y suis restée pendant un peu plus de trois ans. Pour résumer brièvement ce passage dans la maison, c’était une expérience riche de sens : une philosophie face à la matière, une gestuelle précise et fine et des rencontres fortes.

Concrètement, je travaillais sur le Birkin, le sac à main iconîque. Mon plus grand plaisir était de faire de jolies coutures de sanglons et une cale parfaite (partie qui assemble le dos et le rabat par une couture et un travail de tranche avec la teinte). Créer un sac à main de luxe et en être fière ; ce sentiment est très gratifiant !

J’ai appris la rigueur et la constance que je n’avais pas avant d’entrer chez Hermès, mais aussi l’humilité face à la matière et la passion de toujours en apprendre davantage.

Comment avez-vous lancé votre entreprise ?

J’avais ce besoin fou de créer et d’être indépendante. Ce sentiment à pris le dessus sur ma situation confortable du moment.

En 2015, je suis rentrée en terre natale, en Touraine, après un départ de la maison. J’ai travailler sur mon projet d’installation avec la Chambre des Métiers et de l’Artisanat à Tours en suivant une formation d’accompagnement en création d’entreprise pendant trois mois.

Je me suis ensuite jetée à l’eau, avec ce même sentiment stimulant de tout rejouer. J’avais cette sensation de redéfinir le jeu de ma vie, de redistribuer les cartes! C’était assez juste d’ailleurs.

Quels matières travaillez-vous et quels produits créez-vous ?

Je suis installée à mon compte depuis 2016. Je travaille des cuirs issus de nos grandes tanneries françaises à 100%, pour les veaux lisses et grainés. Je travaille néamnions quelques cuirs exotiques tels que le galuchat, le lézard, le python et le crocodile.

Je favorise au mieux un circuit court, des matières qualitatives, des colles sans solvants, des fils français pour la couture main et allemand pour la piqûre faite sur machine. J’essaye d’être le plus fidèle à mes valeurs et la plus transparente possible avec mes clients.

Je réalise principalement des pièces de maroquinerie sur mesure et en petites série sur ma collection et, en parallèle, je crée du luminaire et des assises en collaboration avec d’autres corps de métiers.

Qui sont vos clients?

Cette transparence et l’honnêtetée accordée sur ma ligne de production touche mes clients, sensibles aux mêmes idées. Concernant mes clients particuliers, je ne touche pas une classe sociale en particulier. Ce sont avant tout des personnes sensibles aux questions socio-écologiques. Les gens en ont assez de contribuer aux conditions déplorables de mineurs travaillant sur des chaînes de productions ou dans des conditions lamentables, des catastrophes écologiques liée au secteur de la mode pour des articles ayant une durabilité courte.

En outre, je propose des services de bureaux d’étude junior dans la réalisation de prototypes, de micro-séries et d’expertises pour les professionnels, en majorité des designers créant de nouvelles marques.

Selon vous, pourquoi le sur-mesure est en train de gagner du terrain?

Les gens ont besoin de sens et d’authenticité. Mes clients n’arrivent pas par hasard chez moi, c’est une vrai démarche. Nous prenons le temps de nous rencontrer pour définir les besoins, les choix esthétiques de la personne en fonction de ses codes de beautés. Je leur montre mes matières, j’explique leurs provenances. Mes clients repartent avec une pièce de maroquinerie mais aussi avec le souvenir d’une histoire qui s’est écrite.

Les métiers d’art semblent intéresser la nouvelle génération. Comment transmettez-vous votre talent et savoir-faire?

Je donne actuellement des cours en entreprises pour des grandes marques. Par contre, pour l’instant, la transmission par le biais de l’apprentissage n’est pas encore envisageable en vue de ma pluriactivité.

Organisez-vous vos formations?

J’organise effectivement des stages et cours particuliers à l’atelier. En formule loisirs ou en vue d’une reconversion professionelle. Je propose différentes formules d’initiation ou de perfectionnement en fonction du niveau et des envies de chacun pour créer des manchettes Galuchat, des porte-feuilles, ceintures ou sacs.

Quels sont vos projets pour cette année ?

Je viens très récemment de conclure un partenariat avec un centre de formation. L’axe des cours en entreprise va prendre davantage d’ampleur cette année. Aussi, j’envisage de développer davantage le design et de nouveaux projets sont en cours. Je me sens prête pour participer au Salon Maison et Objet. Vous m’y retrouverez très certainement en fin d’année ou début 2020 !

Enfin, comment défendez-vous le Made in France et l’artisanat ?

Je risque de me répéter un peu mais mon leitmotiv est transparence, circuit courts, sélection de matières qualitatives, absence d’anonymat. Faire du lien et redonner du sens.

Photos: Julie Troncin

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