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Les avocats d'un agent de mannequins réclament une enquête après son suicide en détention

Par AFP

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Crédit : Cabinet d'avocats Tingey Injury, Unsplash

Paris - Près de deux ans après le suicide en détention de l'agent de mannequins Jean-Luc Brunel et quelques mois après la clôture de l'enquête sur sa mort, ses avocats ont demandé une inspection administrative sur de supposés "dysfonctionnements majeurs" de la justice.

Me Marianne Abgrall a annoncé mardi à l'AFP avoir demandé avec Me Christophe Ingrain le 15 décembre au Garde des Sceaux "une mission d'inspection" de l'Inspection générale de la justice "compte tenu des dysfonctionnements majeurs de l'ensemble de la chaîne pénale ayant abouti au suicide de Jean-Luc Brunel".

Sollicité par l'AFP sur ce courrier, le ministère de la Justice n'a pas souhaité commenter.

Jean-Luc Brunel avait été mis en examen et écroué en décembre 2020. Il était accusé de viols sur mineur de plus de 15 ans concernant deux femmes, et de harcèlement sexuel concernant une troisième.

En décembre 2021, ce pilier déchu du monde de la mode avait retrouvé pendant quatre jours la liberté sur décision judiciaire, mais avait été réincarcéré en appel.

M. Jean-Luc Brunel avait fait plusieurs tentatives de suicide en prison, avant d'être retrouvé mort, pendu, dans sa cellule dans la nuit du 18 au 19 février 2022, à l'âge de 75 ans.

Selon des éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance, l'enquête ouverte concernant sa mort a été classée : "D'après les experts psychiatres, ce suicide serait réactionnel à sa mise en examen et à sa ré-incarcération", mais aucune "infraction pénale" ne peut être établie, a argumenté une procureure parisienne fin mars 2023.

"La multiplication des passages à l'acte en un an de détention et la présence d'un épisode dépressif caractérisé devaient nécessairement le faire considérer comme à haut risque de suicide", soulignait un expert dans un rapport de novembre 2022 sur les raisons de ce suicide.

"Déni"

Pour les avocats de M. Brunel, le traitement de leur client a été "émaillé d'innombrables manquements" et s'apparente à un "désastre judiciaire", "au-delà du profond sentiment d'injustice de Jean-Luc Brunel" qui s'affirmait innocent.

Ils listent plusieurs griefs, parmi lesquels un "déni" par la justice de ce "haut risque de suicide" de leur client, des délais "anormaux" pour verser au dossier de fond des éléments de l'enquête américaine ou de téléphonie qui étaient mentionnés comme justifiant le maintien en détention provisoire de M. Brunel, ou encore des "dysfonctionnements des services d'enquête".

"Il y avait de très nombreux signaux annonçant un suicide de M. Brunel, mais c'est le cas pour de nombreuses personnes en détention et on ne sait jamais ce qui va se produire" in fine, a commenté laconiquement une source proche de l'enquête auprès de l'AFP.

Sur le fond des accusations visant M. Brunel, la procédure s'est terminée par un non-lieu définitif le 28 août 2023, pour extinction de l'action publique.

Selon des éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance, au moins cinq autres femmes avaient dénoncé des viols, trois autres des agressions sexuelles, des accusations remontant pour certaines aux années 70 et donc pour la plupart prescrites, en raison de leur ancienneté.

Plusieurs ex-mannequins ont raconté avoir été invitées, mineures pour certaines, à des soirées en présence de M. Brunel et d'autres hommes plus âgés, au cours desquelles beaucoup d'alcool et de cocaïne circulaient, et où elles affirmaient avoir été droguées avant d'être agressées sexuellement.

Selon des sources concordantes, l'Office central de répression des violences à la personne (OCRVP), chargé de l'enquête, avait réalisé plus d'un demi-millier d'auditions.

Les plaignantes dénonçaient le rôle de quelques personnes de l'entourage de M. Brunel.

Principal visé: le milliardaire américain Jeffrey Epstein. L'homme, aux puissants relais économiques et politiques aux Etats-Unis et à l'étranger, était lui-même accusé d'avoir agressé sexuellement et violé des jeunes filles, mais sa mort par pendaison en prison à New York en août 2019 a éteint l'action publique à son encontre.

Début janvier, une juge de New York a commencé à dévoiler des noms de ses contacts, connaissances, proches, victimes ou complices présumés.

Sans surprise, M. Brunel y figurait, alors qu'il était accusé d'avoir rabattu pour lui des jeunes femmes mineures, mais avait été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté concernant ces faits.(AFP)

Jean-Luc Brunel
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