Le PDG d'Auchan reprend la main sur ses magasins français
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Paris - Avec des hypermarchés en difficulté, et peu après l'échec d'un rapprochement avec Carrefour, le PDG d'Auchan Retail Yves Claude a pris mercredi directement les rênes du groupe en France, a annoncé Auchan dans un communiqué.
Ancien président de Decathlon, il avait été nommé fin novembre à la tête d'Auchan Retail, qui rassemble les activités de distribution du groupe nordiste dans onze pays.
M. Claude a également fait venir au poste de directeur général Philippe Brochard, 41 ans, auréolé de la relance de la filiale russe d'Auchan.
Le poste de vice-président, jusque-là occupé par le petit-fils du fondateur, Alexandre Mulliez, a été supprimé.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'Auchan a rappelé qu'il s'agissait d'une décision nécessairement validée par la famille Mulliez. "C'est un mode de fonctionnement normal dans la gouvernance telle qu'elle a été gérée par la famille", a-t-il expliqué.
La chaîne de magasins appartient à l'Association familiale Mulliez (AFM), une galaxie de plusieurs centaines de cousins à la tête de nombreuses autres enseignes, comme Boulanger ou Decathlon.
Dans l'entourage de l'Association familiale Mulliez, on confirme "le choix qui s'est imposé de nommer Yves Claude, compte tenu de son parcours, de ses expériences en France et à l'étranger et des résultats très positifs qu'il a toujours obtenus".
"Cette nomination est d'autant plus importante qu'il n'y avait pas de président d'Auchan France depuis trois mois et que, conformément à la tradition qui a toujours prévalu dans la famille Mulliez depuis plus de 50 ans, c'est au président nouvellement désigné de choisir son mode de gouvernance et ses hommes pour mener les projets qui lui sont confiés", a-t-on ajouté.
"Instabilité managériale"
"Ça donne l'impression qu'il y a une sorte de déshérence managériale, qui est redoutable. Il se peut que les grandes orientations changent à nouveau", a regretté Guy Laplatine, délégué syndical central du groupe CFDT Auchan Retail.
"Cette instabilité managériale que nous subissons depuis 2016 se poursuit et nous tombons un peu des nues", a abondé Bruno Delaye, délégué syndical du groupe CFTC Auchan Retail. "Il y a un vrai changement de capitaine, et comme le groupe navigue en eaux troubles, il va donner un nouveau cap".
"On est un petit peu interloqués" par le départ du petit-fils de Gérard Mulliez, a souligné le délégué CFTC. "Est-ce que ça veut dire que le clan Gérard n'a plus la main dans l'entreprise ? La question va se poser très rapidement".
"Personne n'est écarté de la gouvernance", assure-t-on dans l'entourage de la famille, sur le cas Alexandre Mulliez. "C'est une nomination qui s'est imposée d'elle-même et qui est incontestable".
Recherche d'une autre stratégie
Alors que le format des hypermarchés souffre ces dernières années, Auchan et Carrefour cherchaient à créer un géant de la distribution avec leurs 2 000 et 12 000 points de vente respectifs dans le monde. Mais alors que les négociations étaient engagées depuis des mois, Carrefour avait fini par dire non au mariage, début octobre, irritant passablement le camp Auchan.
Dans l'Hexagone, qui représente la moitié du chiffre d'affaires d'Auchan, la baisse des ventes a été particulièrement sensible au premier semestre du fait de la fermeture des centres commerciaux pendant plusieurs semaines.
Les ventes du groupe ont baissé de 2,5 pour cent sur les six premiers mois de 2021, à 7,824 milliards d'euros. (AFP)