Lanvin enfin prêt à remonter la pente ?
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Apres plusieurs années de chaos, Lanvin semble revenir sur les bons rails. Déjà, en février dernier, les employés de la maison française avaient pu respirer en apprenant l’accord signé entre l’ancienne propriétaire - madame Shaw-Lan Wang, magnat des média basée à Tawai - et le groupe Fosun International qui promettait d’investir plus de 100 millions dans l’entreprise en difficulté depuis l’éviction d’Alber Elbaz. Madame Wang qui, il faut bien le reconnaître, avait pris une série de décisions calamiteuses pour l’entreprise, cessait alors d’être l’actionnaire majoritaire.
Cet accord venait à point nommé. La plus ancienne maison de couture parisienne encore en activité souffrait d’un terrible problème de trésorerie suite à la chute spectaculaire des ventes, du chiffre d’affaire et du bénéfice. On évoquait une perte nette de 18,3 millions en 2016 et de 27 millions en 2017. L’automne dernier, le commissaire aux comptes avait alerté le tribunal de Paris sur la situation financière périlleuse de la griffe. Le niveau de stress était tel qu’on se demandait rue du faubourg Saint Honoré si les salaires seraient payés au printemps. Une recapitalisation de la marque devenait urgente.
Les observateurs guettaient depuis cet accord, les décisions à venir du Fosun Fashion Group. Le groupe est contrôlé par le milliardaire chinois Guo Guangchang. C’est un fils de paysans de la province de Zhejiang, près de Shanhaï qui a suivi des étudiants d’économies à l’université Fudan. Il crée Fosun avec deux proches, un diplômé en génétique et sa première femme. On compare volontiers cet homme d’affaire à Warren Buffet pour son flair, son entregent et son sens des bonnes opportunités. S’il n’est pas un familier du luxe, il connait bien les entreprises françaises puisqu’il a lancé une OPA sur le Club Med en 2013. Aujourd’hui, Fosun se présente comme le premier conglomérat privé de Chine. Le groupe détient une participation minoritaire dans les agences de voyages Thomas Cook, est également actionnaire du Cirque du Soleil, de la tour One Chase, de la marque Folli Follie. Selon le magazine Forbes, M. Guo est la 34 ème fortune de Chine avec l’équivalent de 6,3 milliards d’euros.
L’ex patron de Sandro et de Louis Vuitton Canada à la direction générale de Lanvin
Rien n’indiquait dans cette biographie les méthodes et les visions que l’homme d’affaires, plutôt habitué au commerce du tourisme, pourraient déployer chez Lanvin. On savait simplement que Fosun s’était engagé à ce qu’une part significative du montant apporté par l’entreprise soit dédiée aux projets de développement. Aujourd’hui, avec l’annonce du nouveau DG de l’entreprise, les choses sont plus claires : M. Guo a bel et bien une vision pour l’entreprise. Une vision solide.
En effet, M.Guo semble avoir fait un choix excellent en nommant Jean-Philippe Hecquet au poste de Directeur Général. C’est un crack, fort de plus de 20 années d’expérience au plus haut niveau dans le secteur de la mode et du luxe. Ces 4 dernières années, il a été PDG Monde de Sandro, transformant la marque française en un véritable acteur mondial de la mode présent dans 43 pays avec plus de 600 magasins. Ainsi que le précise le communique de Lanvin, envoyé aux rédactions ce matin, M.Hecquet, au cours de son mandat chez Sandro, a prouvé sa remarquable aptitude à accroître les ventes, faisant bondir la croissance de plus de 20 pour cent par an. Un bilan qui reflète assurement une compréhension globale de cette industrie.
Avant de rejoindre Sandro, M. Hecquet a mené pendant 14 ans une carrière couronnée de succès chez Louis Vuitton (LVMH), où il a occupé différents postes. Débutant par des postes opérationnels à Paris et en Amérique du Nord, où il a été vice-président des opérations, M. Hecquet a ensuite pris la direction générale de Louis Vuitton Canada, avant de conclure son expérience chez LVMH en tant que directeur du retail international de Tag Heuer.
« Nous pensons que c’est un évènement marquant et passionnant pour Lanvin, qui annonce le début d’un nouveau chapitre », indique Joann Cheng, présidente du Fosun Fashion Group et de Lanvin. « Nous sommes convaincus que la vaste expérience internationale de Jean-Philippe dans l’industrie de la mode et du luxe, son solide esprit d’entreprise et ses compétences managériales avérées seront des atouts majeurs dans le développement et le renforcement du business de Lanvin. »Jean-Philippe Hecquet déclare de son coté: « La mode est un défi permanent, et j’apporterai à Lanvin mon expérience dans ce domaine et dans celui de la distribution ainsi que mon esprit de conquête, ma passion et beaucoup d’ambition. Je suis certain que nous regagnerons le cœur de nos clients grâce à une équipe très performante et un appui solide du Fosun Fashion Group.»
Dernière bonne nouvelle pour les équipes de Lanvin : la capacité notoire de Jean-Philippe Hecquet à faire preuve de cohérence en mettant en place une vision à 360 degrés. C’est un homme connu pour s’impliquer dans toutes les fonctions de ce secteur, quelqu’un qui n’hésite pas à collaborer avec tous les acteurs. M. Hecquet a souvent entretenu une relation directe avec les directeurs artistiques, travaillant étroitement avec eux pour s’assurer que les collections améliorent bien la désirabilité de la marque, notamment au niveau mondial. Au cours de sa carrière, il a prouvé son talent dans le recrutement d’équipes compétentes et dans la construction d’une organisation agile, avec une attention constamment orientée sur la croissance à venir. Ce flair notoire aiguise naturellement notre curiosité : l’une des premières décisions du nouveau DG sera en effet de choisir un directeur artistique pour la maison. Actuellement, les collections sont dessinées par le studio interne de la rue du faubourg Saint-Honoré.
Crédit photo : Lanvin, dr