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Jonathan Saunders : le parfait DA de la génération Y

Par Herve Dewintre

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Une kyrielle de rumeurs concernant Jonathan Saunders avait crépité sur les réseaux sociaux en décembre dernier. Ces rumeurs s’appuyaient sur l’annonce, par le créateur écossais lui-même, de la fermeture définitive de son propre label. Une fermeture surprenante dans la mesure où quelques mois plus tôt, Eiesha Bharti Pasricha, riche femme d'affaires indienne, avait décidé d’investir dans le capital de ce label afin de lui permettre d’accélérer son développement.

Aussitôt, le célébrissime bloggeur Bryan Boy s’était fendu d’un tweet qui donnait une explication très plausible à cette fermeture inattendue : « Jonathan Saunders chez Dior ? Peut-être. Je connais un créateur ou deux qui a passé l'entretien pour le poste. LVMH leur a demandé de fermer leur ligne. » Il n’en fallait pas tant pour donner envie aux observateurs de passer le CV du créateur à la loupe et de reconnaître que celui-ci était impeccable.

La rumeur s’était plus ou moins éteinte début avril lorsque Jonathan Saunders avoua, presque sur un ton de dépit et d’excuse, qu’il n’allait pas chez Dior. Le créateur ne précisait pas les modalités de cette non-alliance. Seule certitude, son label était bel et bien fermé et on pouvait juste subodorer le début d’une nouvelle aventure excitante dans les semaines à venir. Ce Lundi 16 mai, le suspens a pris fin par l’intermédiaire d’un communiqué émanant du bureau de presse de Diane Von Furstenberg. Le communiqué indique que le créateur écossais sera en charge de la direction créative de l’ensemble de la marque newyorkaise.

Du talent, des récompenses et une tribu

Le choix de Diane Von Furstenberg est avisé tant Jonathan Saunders cumule les qualités inhérentes à la fameuse génération Y. Cette fameuse génération qui se distingue par sa capacité à être multitâche, « à tout faire en même temps à partir de son smartphone » pour reprendre une expression de Nelly Rody. Une génération sérieuse mais pas forcément sédentaire, ni désireuse de s’enraciner dans une mission unique. Plutôt du genre « Pourquoi une passion quand on peut en avoir dix ? »

Le créateur originaire de Glasgow exprime à merveille ce mélange d’expérience et de jeunesse conjuguées. Son expertise textile incontestable (il est diplômé en design textile de la Glasgow School of Art) n’est pas moins forte que son aptitude au design (il est également diplômé puis de la Central Saint Martins School of Design) ni moins puissante que son sens de la couleur. S’il fonda sa maison éponyme en 2003, cela n’empêcha pas ce workaholic de collaborer avec de nombreuses maisons. Quelques exemples : il fut nommé directeur artistique de la maison Pollini en 2008, puis s'associa à quatre reprises avec Topshop avant de signer en 2010, la collection croisière Escada Sport. Le monde du design lui fait aussi les yeux doux, comme l’atteste par exemple sa récente collaboration avec le Sensatori Resort Jamaica. Oui, la génération Y est conséquente, bucheuse (elle bat en brèche les idées reçues sur le dilettantisme supposé de la jeunesse) à partir du moment où le travail qu’elle se créée est en accord avec ses convictions et ses attentes.

L’autre grande qualité de Jonathan Saunders, qualité ardemment recherchée par la planète mode, c’est la tribu, le réseau médiatique. Jonathan Saunders a sa tribu. Chaque designer désireux de prétendre aux fonctions les plus éminentes doit disposer désormais d’un réseau, afin de l’offrir en package à son employeur, en plus de son talent. Celui de Jonathan Saunders, qui maitrise pleinement les outils de son époque, est considérable : il s'est entouré d'une clientèle de prestige d’horizons diverses (Michelle Obama, Kate Middleton, Madonna, Kylie Minogue) et a noué des liens avec les filles les plus en vue du moment (Alexa Chung, Kate Bosworth, Sienna Miller, Cara Delevingne, Naomi Campbell).

Enfin, dernière grande qualité de Jonathan Saunders, c’est la reconnaissance de son travail par ses pairs. Une reconnaissance attestée par un nombre impressionnant de récompenses. L’année de son diplôme, en 2002, le créateur remporta le Lancôme Colour Award pour les imprimés de sa collection de fin d'étude inspirés par la pochette de l'album Yellow Submarine des Beatles. 48 heures plus tard, il intégrait la maison Alexander McQueen où il signa le Bird-of-Paradise, un imprimé emblématique de la collection du printemps-été 2003, qui fut d’ailleurs décliné quelques années plus tard pour la collection du printemps-été 2008. Il remporta successivement le prix du Scottish Designer of the Year aux Scottish Style Awards en 2005 puis celui de la Fashion Enterprise of the Year par le British Fashion Council en 2006. Le British Fashion Council / Vogue Fashion Fund lui décerna une bourse de 200.000 livres destinée au développement de la marque à l’internationale en 2012. Enfin, il reçut le prix du meilleur créateur de collection homme de l’année aux GQ Men of the Year 2013. Connecté sans être trop bling, transversal mais conséquent : le parfait créateur 2.0. Presque de quoi faire regretter à Dior sa décision.

En photo : Jonathan Saunders, portait issu de son site www.jonathan-saunders.com

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