Francesca Amfitheatrof est la nouvelle directrice artistique de Louis Vuitton joaillerie et horlogerie
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Quand on la voit pour la première fois, on ne peut s’empêcher de penser à Audrey Hepburn. Même regard scrutateur et enjoué, mêmes yeux grands ouverts, profonds et brillants, même maintien élégant et olympien, même amour manifeste pour la mode. Mais l'énergie est différente. Sa voix n'est pas flûtée, ni tranchante ou expéditive mais présente, intense et résolue. Francesca Amfitheatrof vient de rejoindre LVHM où elle va désormais prendre en charge la direction artistique de la joaillerie et de l’horlogerie de Louis Vuitton.
Une recrue de premier plan. Sa carrière impressionne par sa diversité. Dans le design de bijou, l'art de vivre, et même dans le parfum. Diplômée de l'école Central Saint Martin’s, cette anglaise née au Japon (son père était reporter de guerre pour le Times) a reçu votre master’s degree du Royal College of Art de Londres en 1993 avant de prodiguer son talent dans un vaste champs d’expression, au point même de devenir incollable sur les pratiques de fusion et de forgeage des métaux. Une curiosité aux aguets qu’elle tire de son enfance passée aux quatre coins du globe :« Quand je suis à Londres, les gens pensent que je suis italienne, quand je suis en Italie, on dit que je suis anglaise, j'imagine que je suis un mix. Je m'adapte facilement en tout cas, je peux observer les mentalités locales et les comparer sans me sentir déphasée. J'étudie plus que je ne me confonds dans un nouvel ensemble. J'ai aussi le sens de ce qu'on appelle en anglais le "Streetwise": admettons qu'on me dépose à Delhi, les yeux bandés et sans repères. Puis qu'on me dise, "allez!". Eh bien, je pense que je pourrais foncer malgré tout car le fait de voyager sans cesse m'a permis de développer cette capacité d’être en connexion, d'être "aware". Vous observez sans arrêt, et les choses doivent arriver vite ».
Sa grande aptitude au travail, sa curiosité universelle et son extrême méticulosité lui ont valu de travailler main dans la main avec Karl Lagerfeld notamment, à la fois pour Fendi et Chanel. « Quand j'ai accepté les deux taches, ils m'ont dit au téléphone, vous êtes sure? vous ne voulez pas plutôt faire l'un ou l'autre? Car Karl produit énormément, les quantités sont énormes. Même s'il n'utilise que 60 looks, il y en a des centaines qui sont produits car il aime avoir ce foisonnement, là derrière, à disposition. Mais j'ai dis oui, absolument, je veux faire les deux. Et j'ai fourni ce qu'on attendait de moi en temps et en heure. Et quand vous avez cette réputation, à la fois de talent mais aussi de discipline, les gens de tous horizons viennent vers vous ».
De Alessi à Tiffany
Puis il y eut Marni, Asprey, Wedgwqood en passant par Alessi et Muriel Brandolini. Sans même parler de ses activités de consultante renommée, de curatrice de musées majeurs, comme le musée Gucci à Florence aux cotés de François pinault. Comme Lagerfeld justement, Francesca semble Insatiable. Comme Lagerfeld, elle réfute aussi le statut d’artiste pour préférer celui de designer. « Par exemple, quand Armani m'a demandé si je voulais faire des lunettes, j'ai dit oui bien sur, pourquoi je ne le ferai pas? Et pourtant, je ne savais absolument pas comment se font des lunettes. Mais parfois, ne pas s'avoir, c'est mieux, vous suivez votre instinct et vous faites des choses que les autres ne font pas. Ceux qui en savent trop n'arrivent plus à être créatifs. Et, très important, Il faut avoir confiance en soi. Moi, j'y vais avec mes tripes et mon instinct. Et puis, je ne dis pas que je n'ai pas de doutes, mais j'ai, malgré tout, cette confiance qui me permet d'aimer les travaux que je réalise. Je suis capable de dire: ce que j'ai fait est bien, c'est abouti, je peux passer à autre chose ».
Son dernier coup d’éclat, ce fut chez Tiffany & co, comme design director. On lui doit notamment la superbe collection T, qui a fait entrer le joaillier new-yorkais dans le XXIeme siécle. Chez Louis Vuitton, Francesca dispose à la fois du patrimoine plus que centenaire de la celebre maison de luxe, avec notamment les fleurs de monogram créées en 1896 par Gerges-Louis Vuitton, mais aussi d’une certaine liberté liée au fait que l’existence de la joaillerie et de l’horlogerie Vuitton est rélativement récente. Elle pourra s’appuyer sur des savoir-faire complets, qu’ils soient manufacturiers ou mineralogiques. Une combinaison explosive et stimulante qui devrait s’épanouir dans des propositions pleines de fraicheur et de modernité.
Crédit photo: Louis Vuitton, dr