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Entre luxe et artisanat, Thierry Boutemy, un amoureux des "fleurs fragiles"

Par AFP

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Bruxelles - Les défilés de mode sont passés au virtuel et les grands mariages ont disparu avec la pandémie mais le fleuriste Thierry Boutemy, qui a travaillé pour Sofia Coppola, Lady Gaga ou Hermès, reste passionné par son art, au plus près de la nature et des saisons.

Depuis plus de 25 ans, ce Français tient boutique à Bruxelles, un antre parfumé aux murs passés au torchis, où pavots d’Italie, hellébores (roses de Noël) de Hollande, tulipes du sud de la France côtoient des graminées d’Israël “qui ont l’air de sortir des champs”. Des fleurs d’importation - “la Belgique ne produit rien en hiver” - mais toutes poussées en pleine terre, sans produits chimiques et dont il sait comment elles ont été produites.

Au plus grand marché mondial des fleurs d’Aalsmeer (Pays-Bas), le fleuriste préfère les petits producteurs découverts dans les environs de cette bourse aux fleurs.

“Ce marché est une catastrophe. C’est une machine de guerre qui produit à grande échelle comme on produit des poulets en batterie. On est en plein dans le mercantilisme”, critique-t-il, dénonçant au passage la mode des fleurs passées dans des bains de couleur. “Au lieu d’acheter des roses au bout d’une caisse de supermarché, il vaut mieux s’offrir une seule fleur à 3 euros”, conseille-t-il, regrettant le peu de considération pour les horticulteurs, face à l’industrialisation du secteur. Il doit malgré tout se rendre de temps en temps à Aalsmeer pour un projet artistique, comme ces bouquets de pivoines réalisés en plein hiver pour le “Marie-Antoinette” de Sofia Coppola, un décor floral exubérant qui reste son “plus beau souvenir professionnel”.

Simplicité

Il l’a composé après avoir étudié les peintures de l’artiste du mouvement rococo Anne Vallayer-Coster, qui a représenté la souveraine passionnée par les fleurs, y compris la fleur blanche de patate.

Une simplicité qui va bien à celui qui a appris l’horticulture à l’âge de 17 ans, aime “les fleurs fragiles”, cultiver son jardin, et voit les fleurs comme “un refuge, une fuite” pour “oublier le monde dans lequel on vit depuis quelques années”. Un remède aussi parfois, comme ce décor conservé dans sa boutique, un buisson de plantes médicinales (eucalyptus, bruyères) pour une mariée malade et inspiré des séchoirs d’herboristes. Un mariage finalement annulé pour cause de Covid. Habitué à travailler pour l’événementiel, le plus gros de son activité, le confinement “l’a ramené 25 ans en arrière, comme si tout recommençait, à faire les choses plus simplement, ce n’était pas si négatif”. Pendant cette période, “beaucoup de gens avaient envie de fleurs, la fleur amène la vie dans la maison. Finalement, ça m’a apporté beaucoup de bonheur”, confie celui qui a passé son enfance dans la baie du Mont-Saint-Michel. Il a collaboré avec de grands noms comme Lanvin, Hermès ou Dries Van Noten mais, ce barbu stylé de 52 ans en veste orange et bleu de travail, récuse l’étiquette de “fleuriste de la mode”.

“Je ne suis pas du tout intéressé par la mode en fait”, dit-il en riant. Ce qu’il recherche: “les personnes qui peuvent m’emmener dans leur délire, parfois ce n’est pas mon goût mais ça m’amuse de comprendre ce qu’il y a dans leur tête”.

Il a travaillé à plusieurs reprises avec le grand photographe de mode Mario Testino, notamment pour une couverture de Vogue avec Lady Gaga en 2012. “Il avait vu mon travail pour une fête à Milan. il m’a dit ‘tu fais ce que tu veux’, il n’y a pas beaucoup de gens comme lui dans ce milieu”. “J’ai improvisé une arche de fleurs et de végétaux, sans réfléchir et avec beaucoup de liberté”.

Aujourd’hui, en attendant la reprise de toutes ses activités, il travaille sur un projet de film avec une cinéaste italienne. L’histoire d’un original qui voudrait se construire un palais végétal. La sienne peut-être. (AFP)

Crédit : JOHN THYS / AFP

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