Élections en Italie : la fashion week de Milan s'est massivement mobilisée contre l'extrême droite
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Milan - Stylistes des grandes maisons italiennes et influenceurs ont profité de la Fashion Week milanaise pour mobiliser l'opinion italienne contre l'extrême droite. Peine perdue : dimanche soir, le parti post-fasciste Fratelli d'Italia, dirigé par Giorgia Meloni, est arrivé en tête des législatives.
Alors que les sondages donnaient déjà en tête le parti post-fasciste Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni et prévoyaient une forte abstention, le directeur artistique de Valentino, Pierpaolo Piccioli, Donatella Versace et l'influenceuse Chiara Ferragni ont pris la parole, la semaine dernière, sur les réseaux sociaux pour appeler leurs abonnés à se rendre aux urnes.
"Allez voter, ces élections sont très importantes pour notre pays ! Le 25 septembre, votez pour protéger les droits acquis, en pensant au progrès et en regardant vers le futur", a exhorté sur Instagram Donatella Versace, dont la maison défile ce vendredi à Milan.
Pierpaolo Piccioli, se présentant comme "un homme de gauche", a lui aussi invité les jeunes à aller voter. "Penser qu'il y a des gens, des êtres humains qui en ce moment peuvent craindre, avoir peur, des conséquences de ces élections me rend fou de rage", a-t-il dit.
"J'espère que tous les jeunes de 18 ans et plus iront voter le 25 septembre, car il ne faut pas reculer d'un pouce sur les droits acquis", a-t-il affirmé face au programme réactionnaire de Mme Meloni sur les questions de société. "Oui aux familles naturelles, non au lobby LGBT ! Oui à l'identité sexuelle, non à l'idéologie du genre ! Oui à la culture de la vie, non à l'abîme de la mort !" avait-elle affirmé en juin.
Chiara Ferragni a invité ses millions de followers sur Instagram et Tiktok à défendre "le droit des femmes à l'avortement, le droit des personnes LGBT à ne pas être battues, insultées, discriminées, le droit de ceux qui souffrent de décider de leur propre vie, celui d'un enfant de se sentir appartenir à ce pays même s'il est fils d'étrangers".
La femme d'affaires s'est adressée en particulier à tous ceux qui "ne se sentent pas représentés" et aux "déçus" : "C'est à nous de choisir de protéger et d'étendre ces droits ou de les abandonner entre les mains de ceux qui veulent les entraver". "Ne pas voter, c'est seulement déléguer à d'autres ce qu'il nous appartient de décider", concluait-elle.
"Front contre l'extrême droite"
Les maisons de couture se sont aussi mobilisées pour permettre à ceux qui travaillent autour des défilés milanais de voter dimanche. "La maison a complètement réorganisé le travail pour nous permettre de rentrer chez nous pour voter", raconte ainsi à l'AFP Giacomo, qui travaille au bureau de style de Gucci à Rome mais se trouve à Milan pour la Fashion Week comme le reste des équipes.
"On a anticipé beaucoup de choses pour finir samedi, sur les rotules mais rassurés de pouvoir aller voter. Certains d'entre nous remontent à Milan dès dimanche soir ou lundi pour poursuivre le travail de l'après-défilé et tout est pris en charge par Gucci", s'est-il réjouit.
Au final, entre designers, stylistes, responsables de la production mais aussi équipes produits et marketing, ce sont 80 pour cent du personnel des maisons qui sont mobilisés pour les showrooms milanais avant le défilé mais aussi après pour toute la phase de commercialisation de la collection. Les habitudes ont été bouleversées pour permettre à tous de rejoindre leur lieu de résidence, le vote par procuration n'étant pas autorisé en Italie.
"Certains d'entre nous doivent aller voter dans les Pouilles, en Sicile, en Sardaigne ! C'est d'ailleurs impensable qu'en 2022, avec tous les moyens technologiques dont on dispose, on doive encore se déplacer pour voter", s'énerve Roberto Strino, 39 ans, employé chez Giorgio Armani. "Je le ferai, car ces élections sont très importantes et il faut faire front contre l'extrême droite", ajoute-t-il aussitôt.
"Nous avons décidé de fermer le showroom Fendi toute la journée de dimanche", a annoncé pour sa part Serge Brunschwig, le PDG de Fendi, en marge du défilé de la maison romaine. "Nous prenons en charge les déplacements de nos équipes italiennes pour qu'elle puisse se rendre dans leurs bureaux de vote et revenir à Milan dès lundi ou mardi".
Dimanche soir, le taux de participation à la clôture des urnes avait toutefois chutté à 64,07 pour cent, contre 73,86 pour cent en 2018, a rapporté France 24. (AFP)