Alber Elbaz et sa mode pour tous les corps
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Paris - Maître du drapé et des robes sculpturales dans lesquelles Meryl Streep et Natalie Portman ont foulé le tapis rouge, le couturier Alber Elbaz, emporté par le Covid, était revenu à la mode pendant la pandémie, avec des créations à prix abordables, habillant toutes les silhouettes. “Il mettait les femmes à l’honneur”, a résumé la célèbre critique de mode, Suzy Menkes, dans un hommage sur Instagram.
AZ Factory, la marque que le styliste israélo-américain a lancé avec le groupe de luxe Richemont et dont il a présenté la première collection en janvier, a aussi salué “son imagination extraordinaire et son adoration des femmes”.
Avec sa silhouette ronde, le créateur faisait lui-même figure d’Ovni dans le monde de la mode, au milieu de mannequins sveltes et élancés. Ce qui lui procurait une sensibilité, tant appréciée par les actrices qui portaient du Lanvin par Alber Elbaz pour des cérémonies, comme Meryl Streep qui a reçu son Oscar en robe longue dorée dessinée par le créateur.
A partir de 210 euros
La pandémie est le moment “de s’autoriser à être soi-même et à s’aimer. Je me le dis aussi car souvent, j’aimerais être moins lourd… Je ne bois pas, je ne me drogue pas, je ne fume pas, c’est juste que, comme Pavarotti, j’aime manger beaucoup, mais beaucoup de nourriture saine !”, avait confié le styliste, au Figaro lors de la sortie de sa collection pour AZ Factory.
“Que veulent les femmes ? (…) Il fallait que mon propos soit fort parce que celles auxquelles je pensais ont déjà tout”, disait-il. Résultat : il a crée une mode pour tous les corps, âges et tailles, du XXS au 4XL, à partir de 210 euros.
Une révolution, surtout pour la haute couture qui habille quelques milliers de femmes riches, principalement au Moyen-Orient, avec des robes dont les prix commencent à 40 000 euros.
Au centre de cette collection, des petites robes noires “anatomiques”, qui embrassent le corps et le sculptent. Côté accessoire, les baskets à bout pointu, embellissant la jambe comme des escarpins. “Je soutiens le ventre mais je libère le coeur ! Chaque femme que je connais en a besoin”, a-t-il expliqué.
Plusieurs poids lourds du secteur, dont la papesse de la mode Anna Wintour, ou le directeur artistique de Valentino Pierpaolo Piccioli se sont réunis virtuellement pour célébrer le retour d’Alber Elbaz.
Intuition
Le styliste s’est retiré du monde de la mode après son départ fracassant de Lanvin en 2015 où il a connu pendant 14 ans son âge d’or, après des passages chez Guy Laroche et Yves Saint Laurent. Il a confié avoir connu “le vide et la dépression” et s’être interrogé sur sa place dans un milieu, soucieux de séduire la génération Z (entre 11 et 24 ans).
“J’ai voulu connaître ces gens (…). Je suis allé en Corée, en Chine, en Amérique, partout en Europe, j’ai rencontré des jeunes formidables, sains, qui ne mangent pas de pizza ni de hamburger, comme nous au même âge, qui sont responsables, super conscients de l’état de la planète”, a-t-il raconté au Figaro.
Il regrettait toutefois que ce mode de vie ait laissé peu de place à l’intuition indispensable, selon lui, pour avancer après la crise. “Dans les années 1920, après la première guerre mondiale et la grippe espagnole, sont arrivées les Années Folles (…) de Hemingway, Dali, Cocteau, Josephine Baker et Charlie Chaplin. Waouh ! Et la naissance du jazz, une musique qui se joue sans partitions mais avec de l’intuition et c’est le monde que nous aimerions voir, un monde d’amour”, confiait-il dans une interview à FashionNetwork, en début d’année. (AFP)