"Taxez les riches" : la robe d'Alexandria Ocasio-Cortez fait parler politique
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Washington - “Taxez les riches”. Le slogan affiché sur une robe d’Alexandria Ocasio-Cortez, figure de l’aile gauche du parti démocrate américain, a donné le ton sur l’objectif du projet de réforme fiscale de Joe Biden, examiné au Congrès.
L’élue de New York à la Chambre des représentants a fait sensation lundi soir, au gala du Metropolitan Museum of Art (Met), en apparaissant dans une robe de soirée blanche sur laquelle était estampillé en lettres rouges écarlates : “TAX The RICH”.
Quelques heures plus tôt, les démocrates de la Chambre avaient présenté leur projet qui comprend des hausses d’impôts pour les Américains les plus fortunés et les grandes entreprises, revenant ainsi sur les coupes actées en 2017 sous Donald Trump.
“Je ne veux punir le succès de personne, mais les riches profitent depuis trop longtemps” d’une fiscalité avantageuse, contrairement à la classe moyenne, a tweeté Joe Biden mardi. “J’ai l’intention de faire adopter l’une des plus importantes réductions d’impôts jamais réalisées pour la classe moyenne, qui sera financée en faisant payer leur juste part à ceux qui sont au sommet” de l’échelle économique, a continué le président américain.
Alexandria Ocasio-Cortez s’est empressée de préciser sur ses comptes Twitter et Instagram qu’elle n’avait pas déboursé un centime des 35 000 dollars de droits d’entrée pour assister au rendez-vous ultra-mondain et incontournable du tout-New York. “Avant que les ennemis se déchaînent, les élus new-yorkais sont régulièrement invités et assistent au Met en raison de (leurs) responsabilités dans la supervision et le soutien des institutions culturelles de la ville”, a-t-elle expliqué.
Financer des réformes sociales
Avec sa robe, Alexandria Ocasio-Cortez a d’emblée mis la pression sur les démocrates qui ont entamé les négociations et doivent désormais trouver un consensus sur le texte qui sera soumis au vote.
Selon le projet publié par la commission chargée des questions fiscales à la Chambre (“Ways & Means”), contrôlée par les démocrates, l’impôt des ménages américains aux revenus les plus élevés passerait de 37 pour cent à 39,6 pour cent, cette tranche supérieure concernant les particuliers gagnant 400 000 dollars par an et 450 000 dollars pour les couples mariés. L’impôt sur les entreprises réalisant plus de cinq millions de dollars de bénéfices annuels passerait de 21 pour cent à 26,5 pour cent. Ce taux est moins élevé que celui prévu par le président Biden dans son projet de réforme fiscale (28 pour cent) mais supérieur à celui proposé par le sénateur démocrate Joe Manchin (25 pour cent) dont le soutien sera déterminant.
Le taux d’imposition sur les sociétés avait été abaissé de 35 pour cent à 21 pour cent lors de la grande réforme fiscale du président républicain Donald Trump. La réforme de Joe Biden est censée financer en grande partie son plan titanesque de réformes sociales, d’un montant de 3 500 milliards de dollars sur dix ans. Mais selon les estimations du “Joint Committee on Taxation”, un comité non partisan du Congrès, ce projet permettrait de dégager seulement quelque 2 100 milliards de dollars dans le même temps.
Effet d’annonce ?
Les experts pointent eux l’effet d’annonce dans la mesure où le projet de loi ne prévoit pas d’augmenter les impôts sur les gains réalisés dans des opérations immobilières ou en Bourse.
“Le projet de loi augmente certainement les impôts des très hauts revenus”, souligne ainsi Corey Husak, responsable des relations gouvernementales au Washington Center for Equitable Growth. Mais cela “n’affectera pas les gens qui sont outrageusement riches”. Les républicains devraient farouchement s’opposer à ces propositions. Mais les démocrates pourront utiliser une voie parlementaire pour adopter leur réforme avec leurs seuls votes.
Compte tenu de leurs majorités très minces dans les deux chambres, les démocrates doivent néanmoins absolument parvenir à un consensus dans leur camp entre l’aile gauche et les plus centristes. Cela s’annonce difficile, le chef de la commission des finances du Sénat, Ron Wyden, poussant lui-même pour que les milliardaires paient des taxes sur les fortes plus-values boursières réalisées depuis le début de la pandémie.
Mme Ocasio-Cortez exhorte, elle, à ne pas oublier le but : financer les crèches, les soins de santé, l’action en faveur du climat. Les chefs démocrates du Congrès ont donné aux différentes commissions parlementaires jusqu’à mercredi pour présenter leurs parties détaillées de cet immense projet. Les négociations au sein de leur camp se poursuivront ensuite. (AFP)