Suketdhir est la révélation homme du prix International Woolmark
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Un jury de premier plan, un prix conséquent, une organisation d’envergure : en quelques éditions, l’International Woolmark Prize (ancêtre du « concours du secrétariat international de la laine » qui, dès sa première édition dans les années 50, connut l’état de grâce en attribuant son premier prix ex-aequo à deux jeunes inconnus : Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld) est devenu l’épitomé des concours réservés aux jeunes créateurs de mode.
Depuis 2012, la Woolmark Company – organisation à but non lucratif appartenant à l’Australian Wool Innovation qui elle même est détenue par plusieurs milliers de producteur de laine de l’hémisphère Sud - a décidé de redonner а cet évènement toute sa splendeur. Depuis, chaque année, le concours prend de l’ampleur. Les partenaires sont de plus en plus nombreux ; la liste, impressionnante, serait d’ailleurs trop longue à énumérer ici. Ce qui donne une légitimité et une autorité si particulière à ce concours est surement le fait que la compagnie qui organise l’évènement travaille à tous les niveaux de l’industrie mondiale de la mode et du textile, grâce à son vaste réseau, afin de promouvoir la laine australienne comme une fibre naturelle par excellence et une matière de choix dans le prêt-à-porter de luxe. Elle agit aussi comme un pionnier dans l’innovation tout au long de la chaîne, de la ferme au produit fini.
Autre singularité du concours, il comprend plusieurs éditions « régionales ». Par région, il faut comprendre Shanghai (pour l’Asie), Sydney (pour l’Australie), Londres (pour le Royaume-Uni), Anvers (pour l’Europe), Dubai (pour l’Inde, le Pakistan et le Moyen-Orient tout confondu) et New York (pour les Etats-Unis). Enfin, dernière particularité, chaque édition comprend deux finales : une consacrée à la mode féminine, l’ autre pour la deuxième année consécutive, dédiée à la mode masculine.
« Suketdhir a été un choix unanime »
Ce mercredi 13 janvier, a eu lieu la finale européenne consacrée à la mode masculine. Les six finalistes de cette catégorie (sélectionnés parmi plus de 70 créateurs) se sont retrouvés au Pitti Uomo de Florence, le plus grand salon de la mode homme au monde. Le jury était composé de Haider Ackermann; d’Imran Amed (fondateur et rédacteur en chef deThe Business of Fashion) ; de Suzy Menkes; de Nick Sullivan, ( directeur artistique d’ Esquire) ; de Masafumi Suzuki (rédacteur en chef du GQ Japon ; de Linda Loppa ( directrice stratégie et vision de Polimoda) ; de Raffaello Napoleone (directeur général de Pitti Immagine), de Stuart McCullough( PDG de The Woolmark Company) et enfin de représentants des partenaires du Prix international Woolmark.
Haider Ackermann : « Il nous a montré des détails que je n’avais jamais vus avant »
Les six finalistes étaient Munsoo Kwon (Asie), P. Johnson (Australie), AGI & SAM (Îles Britanniques), Jonathan Christopher (Europe), Suketdhir (Inde, Pakistan et Moyen-Orient) et Siki Im (États-Unis). Selon le jury, Suketdhir a été un choix unanime. Leurs commentaires sont d’ailleurs dithyrambique : « Dans la mode, je recherche toujours une émotion, un battement de cœur, un sentiment qui crée en moi l’excitation : la laine est peut-être d’un matériau ancien, mais ici, cela m’a semblé très frais » analyse Suzy Menkes. Une analyse confirmée par le grand créateur Haider Ackermann : « Pour moi, la décision a été facile à prendre. Suketdhir est une personne qui raconte un rêve, et j’ai trouvé ça très beau, car la mode est un rêve, et le reste – la partie financière – suivra. Techniquement, il nous a montré des détails que je n’avais jamais vus avant, c’est très impressionnant».
L’innovation est au cœur de la collection capsule de Suketdhir pour l’International Woolmark Prize. Elle allie habilement le tailoring classique de l’Occident avec des éléments des costumes traditionnels de son pays d’origine, l’Inde, comme les proportions exagérées et les tissus très légers. « Ma collection explore l’aspect trans-saisonnier de la laine et les altérations chimiques qui transforment la fibre de laine en une matière douce et soyeuse et créent des tissus légers, aériens, fluides tout en restant pleins et souples. »
Utilisant la technique traditionnelle de la teinture à la main des fils (Ikat), la collection cherche à retracer les expériences « douces et fanées » des souvenirs à travers les « motifs ombrés ». Les moulages sans couture et les constructions à chaud des matières renforcent les pièces alors que l’ancienne technique du Kasui, une broderie traditionnelle artisanale, crée des motifs géométriques, dans une réinterprétation du kilt classique.
Suketdhir recevra une récompense de 100 000 dollars australiens pour
développer son activité ainsi que le soutien régulier d'un mentor de
l'industrie. De plus, sa collection capsule créée pour le Prix
international Woolmark sera présentée et vendue dans les plus grands
magasins et boutiques au monde, dont MatchesFashion.com
En photo : Suketdhier entouré de ses modèles et des membres du jury