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Richard Haines, la mode au bout du fusain

Par AFP

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A cinq ans déjà, il préférait dessiner les robes aux avions. Après un "détour" de trente ans comme styliste, l'Américain Richard Haines est revenu à l'illustration de mode, activité en plein renouveau à une époque où règne la photo numérique. Alors que la Fashion Week masculine bat son plein à Paris, une quarantaine de dessins de ce New-Yorkais sont exposés à la galerie Huberty & Breyne à Paris de vendredi jusqu'au 6 février. De son trait rapide et vibrant, il a capturé au fusain et à l'acrylique une Gabrielle Chanel les yeux clos, croqué au crayon jeunes hommes, hipsters et artistes de son quartier de Brooklyn, comme une jeune drag queen, maquillage coulant, affublée de deux singulières oreilles d'animal sur ses cheveux blonds. "Quand je suis arrivé à New York dans les années 1970, l'illustration de mode était sur le déclin. Les publicités illustrées dans la presse avaient fait place aux photographies", raconte cet artiste de 64 ans à l'AFP. Il se met alors à travailler comme styliste pour les marques Calvin Klein, Perry Ellis, Bill Blass. En 2008, avec la crise, le travail manque, il n'a plus d'argent et s'installe dans l'appartement qu'un ami met à sa disposition à Bushwick.

Dans ce coin de Brooklyn en pleine gentrification, il se fascine pour le "théâtre" de la rue et la créativité des looks qu'il observe. Il commence un blog, "What I Saw today", qui connaît vite le succès. "A la minute où j'ai commencé, je me suis aperçu que c'était ce que je préférais, ce pour quoi j'étais fait, après un détour de 30 ans!" Cet habitué des Fashion Weeks a travaillé pour les magazines GQ, Paper, pour le New York Times, mais également pour des maisons de mode comme Prada et Dries Van Noten. Comme lui ont émergé une série de blogueurs et dessinateurs de mode qui s'expriment sur Instagram, dans la presse magazine et séduisent les créateurs: la Californienne Carly Kuhn, alias @thecartorialist, la New-Yorkaise Kelly Beeman ou encore le Britannique Sean Ryan et ses top models aux visages étranges. Richard Haines dit particulièrement apprécier le travail du français Jean-Philippe Delhomme et du britannique David Downton, installés dans le paysage depuis plus longtemps.

Un intérêt particulier pour le 'côté humain du dessin'

Ce regain d'engouement pour l'illustration s'explique, selon lui, par la multiplication des médias, Instagram, Facebook, YouTube, Vimeo... Et puis, "les gens apprécient le côté humain du dessin, c'est comme un soulagement face à toutes les images photographiques", dit-il, bonnet vissé sur la tête et lunettes épaisses. "Il y a des erreurs dans le dessin, ce n'est pas parfait. Tout le reste est tellement +photoshopé+, les gens aiment quelque chose qui a été fait de la main de l'homme", poursuit Richard Haines, qui cite Toulouse-Lautrec comme l'un de ses artistes de référence. Mais aussi Christian Bérard, illustrateur de mode français des années 1930. "La dernière fois, je suis allé au cimetière du Père Lachaise, il est enterré là-bas, et j'étais tellement ému que je lui ai laissé un mot", s'amuse-t-il. "Alors que tout le monde se précipite sur la tombe de Jim Morrison ou Oscar Wilde!"

Pour ce fils de militaire né au Panama, qui a grandi en Virginie, le dessin de mode était une vocation précoce. "Mon père me disait: +dessine donc des cowboys, des avions!+, il était un peu embarrassé... Moi je ne dessinais que de la mode!" Richard Haines, qui a notamment collaboré avec Dries Van Noten pour sa collection été 2015 en dessinant des imprimés et avec Prada pour un recueil de portraits, juge que son expérience de styliste l'aide dans ses relations de travail avec les créateurs. La mode actuelle, il ne la trouve pas moins enthousiasmante qu'avant. "Beaucoup de gens disent, ce n'est plus pareil, c'est ennuyeux. Mais il se passe toujours des choses! Il faut chercher. Moi, je continue à trouver des choses vraiment excitantes, c'est ce qui me fait continuer". (AFP)

richard haines