Renzo Rosso, le créateur branché de Diesel devenu roi de la mode
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Il a révolutionné le monde du jean en le positionnant dans le haut de gamme: l'Italien Renzo Rosso, fondateur de Diesel, est aujourd'hui à la tête d'un immense groupe de mode avec lequel il continue à insuffler son esprit anticonformiste.
"Toute ma vie a été incroyable, avec plein d'événements fous, de décisions folles", raconte-t-il dans un entretien à l'AFP à Milan, où plusieurs des marques de son groupe OTB ("Only the Brave") ont défilé pendant la Fashion Week hommes qui s'achève mardi. Son destin est l'une de ces "success stories" dont l'Italie a le secret. Fils de fermiers modestes de la région de Padoue (nord), il crée à 15 ans son premier jean en utilisant la machine à coudre de sa mère. Ses amis lui réclament le même.
Le pantalon, taille basse, est à pattes d'éléphant: "C'était le début des années 1970, il y avait le mouvement hippy, les jeunes avaient les cheveux longs, fumaient de la marijuana", se souvient Renzo Rosso, dont les boucles sont maintenant grises. Pour l'adolescent qui rêve d'Amérique, le jean est synonyme de "liberté, de rébellion". En 1975, après un passage à l'université de Venise où il étudie l'économie, il devient chargé de production chez Moltex, un fabriquant de pantalons.
Il ne donne pas vraiment satisfaction, mais son patron, Adriano Goldschmied, lui donne une seconde chance en le payant au résultat: il gagne bientôt dix fois plus qu'auparavant. Trois ans plus tard, avec son mentor, il lance Diesel, dont il prendra entièrement le contrôle en 1985. Comme le diesel est une alternative à l'essence, Rosso propose autre chose: il déchire les jeans, leur donne un côté vieilli grâce à des polissages à la main.
Ses créations coûtent cher, mais ses campagnes publicitaires, provocatrices, imposent la marque dans les esprits. Rosso acquiert en 2000 l'Italien Staff International, qui produit et distribue Vivienne Westwood, Dsquared2 et la ligne homme de Marc Jacobs. Puis viendront Maison Margiela, Viktor&Rolf et Marni. Toutes ces marques sont regroupées dans la holding OTB, qui emploie 7.500 personnes et a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros.
'Pionnier'
A 60 ans, Renzo Rosso souligne avoir "beaucoup profité" de sa vie, mais avoir "aussi beaucoup souffert, parce que quand vous êtes un pionnier, que vous faites des choses avant les autres, les gens ne vous comprennent pas (...) mais peu à peu j'ai gagné le respect", explique le volubile PDG, rencontré à l'occasion de la sortie prochaine de "Radical Renaissance 55+5", un livre sur ses dix dernières années.
En 2014, il bouscule à nouveau le monde de la mode en choisissant de nommer John Galliano, tombé en disgrâce après avoir proféré des propos antisémites, comme directeur artistique de la Maison Margiela. "Ce qu'il fait est incroyable, c'est l'un des plus grands talents" de la mode, insiste-t-il. Connu pour son fort caractère, mais très accessible, le sexagénaire dit apporter sa "créativité" et sa "vision" à l'entreprise.
Pour relancer la marque Diesel, en perte de vitesse, il l'a restructurée ces trois dernières années et a embauché en 2013 Nicola Formichetti, ancien styliste de Lady Gaga et créateur de sa célèbre robe en viande. Branché, amateur de fêtes et fan de football, Rosso, qui s'est fait tatouer ses initiales en lettres gothiques sur deux doigts, est aussi attaché à la terre.
Il a sa propre ferme bio, la Diesel Farm, qui produit vin et huile d'olive à Molvena, en Vénitie. Il est aussi actionnaire de la chaîne de commerces bio Naturasi. "C'est un secteur dans lequel je veux investir de plus en plus", dit-il en assurant que le bio sera "le prochain luxe".
Le milliardaire, père de sept enfants dont la petite dernière est née l'an passé, a également lancé une fondation soutenant des projets sociaux ou humanitaires en Italie et en Afrique, influencé en ce sens par le dalaï-lama, qu'il a rencontré à plusieurs reprises. (AFP)