Redécouvrir les « vêtements tableaux » d’Elisabeth de Senneville
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L’artiste spécialisée dans les textiles innovants, actuellement mise à l’honneur au sein de l’exposition « Années 80, Mode Design graphisme en France » au Mad, a proposé aux enchères quelques-uns de ces vêtements tableaux chez Gros & Delettrez. L’occasion de redécouvrir une créatrice majeure de la mode.
Son nom n’est pas forcément connu des millenials. Pourtant, Elisabeth de Senneville a marqué de son empreinte la mode des années 70 et 80 en initiant des passerelles fructueuses entre le design et l’innovation textile. Son parcours a débuté chez Christian Dion, boutique Miss Dior en 1964 avant de véritablement prendre son essor au bureau de style du Printemps où elle exerçait la fonction de styliste femme et junior. Sa véritable première collection éponyme, présentée en 1973, précède de trois ans l’ouverture de plusieurs boutiques, l’une à Paris rue Bouloi, les deux autres à Tokyo.
C’est précisément au Japon que la créatrice découvre deux mouvements - le « computer art » et le « copy art » - qui irrigueront son œuvre par les années à venir. La photocopieuse et le pixel au service de la création artistique permettent en effet d’élaborer des compositions saisissantes. C’est à la lumière de cette révélation qu’il faut admirer les vêtements tableaux aux graphismes pigmentaires que l’artiste propose, dès 1979 rue de Turbigo dans une nouvelle boutique qui accueille à la fois des expositions, des happenings artistiques et des défilés de ses collections.
Les golden eighties constituent la décennie durant laquelle l’artiste française atteint son pic de renommée avec l’ouverture de 50 corners dans les grands magasins américains Licence Murjani, l’organisation de plusieurs défilés à New-York, l’inauguration de nombreuses boutiques à Paris. En 1989, la marque compte 300 points de vente en France, qu’ils soient multimarques ou exclusifs. Si le label se concentre sur l’enfant à partir de 1990, le talent d’Elisabeth de Senneville trouvera une nouvelle expression au début des années 2 000 avec d’une part, le lancement des lignes anti-pollution et antimagnétique, et d’autre part la mise au point de multiples partenariats avec les verres Arc International, les chaussures Arches, les bagages lumineux Nissan Europe ou encore France Telecom et Orange.
Une vente aux enchères et une exposition
Celle qui avoue s’inspirer à la fois des tableaux du XVIIIe siècle, du pop-art et des travaux des chercheurs du MIT pour la mise au point de technologies du futur est aujourd’hui doublement mise à l’honneur par l’actualité. La première concerne la mise aux enchères par Gros et Delettrez d’une myriade de créations des années 80 conçues par la créatrice : les fameux Vêtements Tableaux. L’exposition des lots se fait sur rendez-vous sur le site de la Maison de vente. La deuxième s’applique à l’exposition « Années 80, Mode, Design graphisme en France », présentée au Musée des Arts décoratifs à Paris jusqu’au 16 avril 2023, où la « techno-designer » est présente via des créations emblématiques. Une occasion idéale pour redécouvrir des vêtements innovants qui font écho aux problématiques actuelles de la mode.