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Quel avenir pour la formation continue aux métiers de la mode ?

Par Julia Garel

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Mode|INTERVIEW

L’avenir de la mode repose sur les épaules des hommes et femmes qui y travaillent. Leurs compétences sont donc primordiales pour assurer le bon développement de l'industrie. Dans la région Aquitaine, une organisation professionnelle se charge des formations continues d’un grand nombre de professionnels de la mode, il s'agit de Mode Grand Ouest.

L’organisation est un réseau composé de 105 entrepreneurs membres, ces derniers emploient des salariés qui produisent 380 millions de chiffres d'affaires et qui conçoivent des produits de mode principalement pour des maisons de couture parisiennes. Ce sont ces mêmes personnes qui mettent au point une grande partie des pièces des défilés de la capitale.

Pour comprendre les enjeux posés par la crise du covid-19 dans le domaine de la formation continue, FashionUnited a interrogé Laurent Vandenbor, Délégué Général de Mode Grand Ouest et délégué formation de l’UFIHM (Union Française des Industries mode et habillement).

Quelle est la situation pour Mode Grand Ouest aujourd’hui ?

Aujourd'hui on a des ateliers qui ont été télescopés par le covid. Une partie du personnel est absente, une autre partie des salariés est présente pour solder les commandes qui étaient en stocks, et on a mis en place une activité de fabrication alternatives de masques - 50 ateliers et 300 personnes. On a continué comme ça durant le mois de mai et on va voir pour la suite si les grands imports vont être préférés à la production française.

En terme de formation continue, qu'avez-vous mis en place ?

On a attiré l'attention de nos adhérents sur le fait de ne pas louper les opportunités d’outillage mis en place par l'Etat, y compris pour les plus de 50 salariés. On les a incités à proposer à leurs salariés confinés d’être attentifs aux formations à distance.

J’ai fait l'inventaire des sujets qui sont souvent mis de côté par les entreprises afin qu'ils profitent du temps qui s'offre à eux pour regarder auprès des opérateurs qui ont enrichi leurs offres durant le contexte covid. Je leur ai également conseillé aussi de profiter de ce moment pour promouvoir le compte personnel de formation et rappeler qu’il y a une co-responsabilité claire dans le maintien de compétences.

Par ailleurs, il faut préparer une solution d'accompagnement rebond. On était venu à Bercy juste avant la mise en confinement et sans perdre de temps, dans le cadre de ma mission SPP (Section Paritaire Professionnelle), avec la présidente de la SPP, Florence Rambaud, on a proposé de travailler des pistes pour être prêt à accompagner les entreprises au redémarrage de l'activité. Nous en avons aussi profité pour intégrer de nouvelles approches, qui ont été enrichies par notre expérience lors de la période covid-19. D'ailleurs, durant cette période, certains opérateurs ont vu leur nombre d’adhésions multiplié par 10 en quelques jours.

Il faut être attentif à ce que des acteurs moins « accédants » ne soit pas laissés de côté et ne décrochent pas de ce mouvement qui est déjà parti sur le numérique. Il faut que tout le monde soit embarqué. Tous les acteurs doivent être accompagnés.

Il y aussi de nouveaux enjeux avec des équipements productifs, système data, robotisation... Se sont de gros enjeux pour nos secteurs industriels. Il y a donc ce qui est déjà en cours et en même temps ce que le covid peut créer comme phénomènes de disparité et auquel il faut être attentif.

Qu’est ce que le projet Trans-compétence ?

Dans une crise précédente j'avais mis en place un accompagnement SVP, une formation-action qui mixait un accompagnement de conduite de changement. On avait accompagné une centaine d'entreprises via un intervenant externe pour ne pas inquiéter les entreprises et organisme vis-à-vis de la confidentialité. Ça avait bien marché. On est parti de cette expérience pour mettre en place le projet Trans-compétence. L’idée est que comme la formation est une coresponsabilité des acteurs et qu'aujourd'hui ce qui marche est ce qui est fabriqué par les acteurs, on a voulu avoir l’approche d’une entreprise apprenante. On prend un opérateur agréé qui garantit le formalisme des formations et qui mobilise l'ensemble des salariés et du dirigeant.

Trans-compétence a été monté depuis mi-mars et même avant. On a repéré des consultants, consulté nos partenaires sociaux, préparé nos outils. On a essayé d'être pragmatique et de monter une petite équipe de cinq personnes pour préparer des pistes à travailler de concert avec l’OPCO 2ii - opérateur de compétences interindustriel. Cette petite équipe comprend plusieurs experts métier : la présidente de la SPP qui est l’experte de l’Institut des métiers d'excellence de LVMH, délégué général de la bijouterie-joaillerie, le délégué général de la maroquinerie, moi-même pour l’habillement et mon collègue du textile.

Quelle évolution pour les formations en apprentissage ?

Les effets de la crise vont être importants sur les comptes d'exploitation de l’entreprise. Je pronostique un -30 pour cent, au mieux, j'espère me tromper. J’ai répondu cette semaine [ semaine du 10 mai ] aux acteurs du Campus des Métiers et des Qualifications que comme les effets de la crise vont être importants, il faut mettre de la « soupline » dans les organisations de formations initiales trop rigides. Comme il va falloir être là quand les clients vont le décider et qu’on ne le sait pas encore cela sera-t-il, ni comment ça va redémarrer et à à quel rythme, j'explique que l’on ne pourra pas faire de l'alternance comme on faisait avant. Il va falloir l’adapter et être prêt à être souple avec des organisations nouvelles. Enfin, sur le financement de l'alternance, il faut réfléchir à renforcer les financements pour compenser le manque à gagner de la crise.

On est dans une profession très rapide. Pour vous donner une idée, un produit vit dans une entreprise trois semaines, toutes les trois semaines l'ensemble de la fabrication change. Donc l’obligation d’être agile est très forte dans notre secteur et c’est probablement ce qui nous aide dans notre résilience, c’est intégrant de notre obligation de faire.

Photo : Pexels

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