Premiers jours de la New York Fashion Week : Christian Siriano, Christopher John Rogers et les autres
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New York - Christian Siriano et Christopher John Rogers ont pris d'assaut la Fashion Week de New York samedi pour sa première journée officielle avec leur mode débordante de vie et de glamour, impulsant à la Semaine une énergie qui lui a parfois manqué ces dernières saisons. Depuis que Christian Siriano a fait défiler, voici trois ans, des mannequins rondes, une première à la Fashion Week, le couturier a été propulsé sur le devant de la scène du prêt-à-porter américain.
Samedi, il a offert à ses fans, parmi lesquels les actrices Lucy Liu et Sarah Michelle Gellar, ou la chanteuse Meghan Trainor, toutes présentes, une collection plus créative que jamais.
Spécialiste des robes de soirée, il a joué avec les limites du formalisme vestimentaire qui sied aux événements mondains. Avec finesse, il a procédé par petites touches glamour, un grand noeud ici, des épaules bouffantes là, ou des manches ouvertes jusqu'aux poignets.
Christian Siriano a expliqué à l'AFP avoir été inspiré par les artistes actuels du « pop art », en particulier Ashley Longshore, connu pour sa peinture très colorée et chaude.
Durant le défilé, sur le podium, la peintre de la Nouvelle-Orléans a d'ailleurs mis la touche finale à de grands portraits de Lady Gaga, Frida Kahlo ou Laverne Cox.
Christian Siriano voulait ainsi célébrer les « femmes puissantes », à travers « l'utilisation de la couleur, la texture, l'humour, mais aussi le raffinement », a-t-il détaillé.
Devenu le porte-étendard de la diversité dans la mode américaine, Christian Siriano constate que le secteur tout entier est en train de bouger. « J'espère que nous allons aller plus loin, mais je trouve que nous faisons du bon boulot. »
Christopher John Rogers, le cosmopolite
Avec la même énergie facétieuse, le jeune designer Christopher John Rogers a fait chavirer samedi l'assistance de son défilé, salué par une ovation debout, qui lui a tiré des larmes.
« Je voulais me saisir de toutes ces choses et ne pas faire sentir que nous ne pouvons être qu'un. Nous sommes tout cela.»
Originaire de Baton Rouge, en Louisiane, « CJR » fait partie de cette nouvelle génération émergente de designers afro-américains, dont les figures de proue sont Virgil Abloh ou Kerby Jean-Raymond (Pyer Moss).
Ce dernier était d'ailleurs au premier rang du défilé, samedi, tout comme Diane von Furstenberg ou Joseph Altuzarra, un signe.
Ecouter le créateur de 25 ans parler de son inspiration, c'est embarquer avec un imaginaire sans frontière, qui a marié, cette saison, les clowns du cinéma italien, la peinture de Gauguin et les silhouettes des années 1920, entre autres.
Les premiers se retrouvent dans des robes ultra-bouffantes, la deuxième dans l'utilisation de madras avec plis à l'antillaise, et le troisième avec des jupes crayons et robes cocktails.
« Je voulais me saisir de toutes ces choses et ne pas faire sentir que nous ne pouvons être qu'un », a expliqué Christopher John Rogers après le défilé. « Nous sommes tout cela. »
Le designer a aussi mélangé les matières, du lycra à la toile utilisée pour les sacs en tissu, en passant par la laine ou le lin.
« Nous sommes auto-financés », souligne le couturier, ce qui l'incite à valoriser des matériaux qui pourraient être considérés comme moins nobles que ceux utilisés généralement dans le prêt-à-porter haut de gamme. « Tout ce que nous pouvons trouver, nous en faisons la plus belle version possible. »
Dynamisme aussi chez Longchamp
L'énergie était là aussi chez Longchamp, qui a défilé samedi, au Lincoln Center, pour la troisième fois à New York, depuis la collection anniversaire des 70 ans de la marque, en septembre 2018.
La maison française tient la ligne d'une élégance dynamique, très parisienne, faisant toujours la part belle à l'univers des sacs et de la maroquinerie. Ici, on ne joue pas la carte de la diversité, les mannequins sont longilignes, le regard fixe.
Pour la saison printemps/été 2020, la marque associée au monde du voyage et du hippisme a instillé une touche du futurisme des années 70/80, vue vendredi, dans une version beaucoup plus prononcée, chez Jérémie Scott.
Combinaisons short à capuche, robes courtes en soie, jupes longues qui jouent la transparence, et une palette de couleurs qui inclut turquoise, abricot ou prune.
Aux pieds, des sandales style spartiate qui se nouent jusque sous le genou, et une variété de bottes style Star Trek, très colorées.
On retrouve aussi le fameux sac Pliage, produit phare de la marque, décliné en micro-formats, avec une version « nano » pas plus grande que la main.
Pour cette cuvée, la directrice de la création, Sophie Delafontaine, petite-fille du fondateur, a indiqué s'être inspirée notamment de l'artiste feministe très versatile Judy Chicago, selon les notes de collection.
Khaite en sensualité
Appréciée pour sa mode pointue, au style intemporel, la maison Khaite a surpris par son audace nouvelle pour sa collection printemps 2020, en brouillant un peu ses repères habituels.
Beaucoup de superpositions, des mélanges de matières, des imprimés, cette livraison versait dans le romantisme, inspirée par la maison de famille des grands-parents de Catherine Holstein, la créatrice de Khaite.
Mais la designer a préservé la forte sensualité de sa ligne, celle qui a fait se pâmer les réseaux sociaux devant un soutien-gorge en cachemire porté par l'actrice Katie Holmes.
Elle s'est aussi attachée à maintenir ses pièces ancrées dans le quotidien, portables en toutes circonstances.
« Je suis profondément féminine, mais je suis aussi pratique », a-t-elle expliqué à l'AFP. « Je passe de l'un à l'autre. (...) Pour renforcer la féminité et ne pas tomber dans le gentil et le joli, il faut de l'équilibre et de la structure. »(AFP)
Photo principale : Dominik Bindl / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP. Défilé Christopher John Rogers. Modèle : Coco Mitchell.
Photo : Christopher John Rogers SS20, Catwalkpictures