Paula Cademartori: "la mode est 98 pour cent de labeur et 2 pour cent de glamour"
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Son parcours a de quoi faire rêver les milliers de jeunes gravitant autour de la Fashion Week de Milan en quête d'une place au soleil: à peine trentenaire, Paula Cademartori est aujourd'hui une styliste reconnue doublée d'une redoutable femme d'affaires.
Brésilienne de naissance et Milanaise d'adoption, cette jeune femme chaleureuse a décidé de célébrer le "big bang", thème cosmique qui inspire la nouvelle collection d'accessoires qu'elle présente cette semaine en marge des défilés. "Le big bang, c'est ce que je vis en ce moment", explique-t-elle, désignant les sacs très colorés et à motifs étoilés qu'elle a conçus. Sa jeune entreprise, née il y a cinq ans en pleine crise, vient de passer de 6 à 14 employés (hors production), de changer de locaux et de lancer sa propre ligne de chaussures, de vertigineuses sandales enrubannées.
Arrivée d'Amérique latine à 21 ans, Paula Cademartori a étudié le design industriel. Elle est aussi titulaire d'un master spécialisé dans les accessoires de mode, ainsi que d'un diplôme de "young fashion manager" à la prestigieuse université Bocconi de Milan.
Elle a fait ses premières armes chez Versace et s'est classée en 2009 dans une liste de 140 talents établie par le magazine Vogue Italia. Ses créations sont disponibles aujourd'hui dans 160 points de vente autour du globe, parmi lesquels le Bon Marché à Paris et le grand magasin Tsoum à Moscou.
Persévérance et humilité"Je voulais vraiment travailler dans la mode, avec un produit de luxe, et comprendre comment le faire. J'ai choisi l'Italie car c'est un pays qui sait produire et exporter le luxe", explique-t-elle à l'AFP. "Ici, j'ai eu l'opportunité de fonder mon entreprise, j'en suis très fière", ajoute cette femme décidée qui gère toujours elle-même les comptes de sa société et vend ses services de consultante à d'autres marques "pour maintenir le cash flow".
"J'ai appris à être une entrepreneuse, sur le terrain et grâce au bon sens. J'ai toujours voulu faire ça: je suis une créative mais aussi très orientée vers les affaires", explique-t-elle. "Il est important d'avoir les pieds sur terre. Il faut s'occuper des problèmes de production, des peaux, des fournisseurs, des finances, des paiements", détaille cette militante du Made in Italy. Bien sûr, elle reconnaît avoir eu des moments "difficiles": même avec l'appui financier de sa famille au départ, se lancer en affaires dans un pays économiquement figé comme l'Italie lorsqu'on est à la fois étrangère, jeune et femme n'est pas forcément très simple. "Mais c'est important d'y croire et d'aimer ce qu'on fait" et de ne pas lésiner sur "la persévérance, le travail, l'humilité", insiste-t-elle. "Au fond, travailler dans la mode, c'est 98 pour cent de grande fatigue, de volonté et de dur labeur, et 2 pour cent de glamour !", résume-t-elle.
Fidèle à son credo, Paula Cademartori est aussi résolument optimiste: la reprise économique tant espérée est enfin là en Italie et le renforcement du dollar par rapport à l'euro permet aux clients américains de se montrer "très actifs". (AFP)