Patrick Cox veut reconquérir son trône
loading...
Les nostalgiques des années 80 et 90 auront forcement une pensée émue en apprenant le retour miraculeux de Patrick Cox dans le domaine qui fit sa gloire : la chaussure. Ils se rappelleront alors l’ardente frénésie que le créateur d’origine canadienne souleva, tout d’abord à travers ses éclatantes collaborations avec Vivienne Westwood et John Galliano, puis avec son propre label fondé en 1986, bientôt suivi par le lancement en 1994 de son modèle Wannabee dont le succès fut si immense qu’il remodela pour longtemps le paysage de la chaussure. Une époque bénie où Patrick Cox possédait de somptueuses boutiques aussi bien à Londres qu’à Paris, New York ou Tokyo. Certains même connurent peut-être les longues files d’attentes de fans anxieux qui guettaient fébrilement le moment où ils auraient enfin accés à l’inapprochable boutique et aux vendeurs que certains n’hésitaient pas à soudoyer dans l’espoir d’obtenir une paire tant désirée de loafer Wannabee, le Graal du style de l’époque.
Ce triomphe planétaire, illustré par la bénédiction des plus grandes stars de l’époque (Madonna, Michael Jackson, Tom Cruise, David Beckham avaient tous leur modèle Patrick Cox fleurdelisé) et couronné par de multiples récompenses prestigieuses, ne déclina que dans les années 2000. En 2003, Patrick Cox fut nommé directeur de la création de Charles Jourdan, lors d’une énième tentative (elles furent nombreuses) destinée à relancer l’emblématique marque française. Cette collaboration fut neammoins fructueuse et dura deux ans. Puis le chausseur se concentra à nouveau, mollement, sur son entreprise avant de la céder en 2007 avant de partir, de son propre aveu, faire la fête lors de vacances à peine interrompues par la crise de la quarantaine durant laquelle le designer se mit en tête d’ouvrir une boutique dédiée aux gateaux. Une expérience de courte durée.
« Chez Selfridges, la moitié des chaussures de designer vendues sont des sneakers »
Plusieurs signes montrèrent cependant que le nom de Patrick Cox restait une valeur sure dans le patrimoine affectif des fashionistas. Victoria Beckham elle-même n’alla-t’ elle pas dans dans une interview récente jusqu’à déclarer que ses premiers cachets gagnés en tant que Spice Girl lui servirent à acheter des Wannabes blanches. Elle cite même avec une précision touchante la joie qui la parcourait lorsqu’elle faisait la queue à Londres un samedi après midi avec sa sœur devant la boutique londonienne du chausseur. Il faut dire que le nom de Patrick Cox s'est infusé dans les mémoires dernièrement du fait de sa discrète collaboration avec la marque italienne de chaussures casual Geox.
Désormais, c’est acté, Patrick Cox revient, non pas avec sa marque éponyme (vendue à une firme italienne) mais avec une nouvelle marque baptisée Lathbridge. Ses nouveaux consommateurs, ils les imaginent comme lui, apaisés, la quarantaine assumée, avec un pouvoir d’achat confortable. A 52 ans, le créateur a visiblement décidé de se faire plaisir tout en gardant un solide sens pratique « Je suis allé chez Selfridges et ils m’ont dit qu’aujourd’hui, 50 pour 100 des chaussures de designers vendues étaient des sneakers. Ce renseignement précieux a visiblement été mis à profit puisque la marque Lathbridge affiche clairement l’ambition d’être un label connecté aux modes de vie d’aujourd’hui.
Que les aficionados se rassurent, cette nouvelle marque n'aura rien de banal. La forte personnalité du créateur se ressent aussi bien dans le design des modèles structurés que dans celui des modèles décontractés. Des mocassins luxueux, des sacs militaires imprimés camouflage en crocodile, des chaussures inspirées sport rétro ou des modèles plus classiques composent une collection complète répondant aux besoins d’une clientèle active autant qu’esthète. Mais le design n’est pas tout. Fidèle à son ancienne réputation de perfectionniste, Patrick Cox s’est associé à l’un des meilleurs artisans italiens pour la production afin de garantir l’intégrité du design et la qualité de chaque pièce. Une gamme adaptable à des nombreuses garde-robes, notamment à celles des fans charmés de retrouver le monarque qui régna sur l’éclat de leur démarche durant leurs tendres années.