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Paris Haute Couture : Les seins dévoilés de Schiaparelli

Par Julia Garel

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Mode|OPINION
Schiaparelli, Haute Couture AH 22/23. (image via Lucien Pagès)

Baptisée Renaissance, la collection haute couture automne-hiver 22/23 de Schiaparelli a émerveillé son public, lundi 4 juillet, au musée des Arts-décoratifs. Cache-tétons noirs, poitrine à peine dissimulée derrière d'imposants bijoux… Focus sur les silhouettes dénudées et engagées de la griffe française.

Le succès viral des tenues seins nus de Schiaparelli remonte à juillet 2021, au festival de Cannes. Portée par le top model Bella Hadid pour la montée des marches du film Three Floors, la robe est longue, noire, animée d’un décolleté audacieux qui aurait laissé voir la poitrine si elle n’avait été recouverte d’un extravagant collier en laiton doré imitant les poumons et les bronchioles. Rapidement, les photos de la pièce ont embrasé les réseaux sociaux.

Les silhouettes haute couture AH22/23 qui découvrent en partie la poitrine ne sont donc pas nouvelles chez Schiaparelli, et ont déjà prouvé leur force virale. Toutefois, cette saison, la semi-nudité des tenues féminines et leurs décolletés quasi-absolus sont à replacer dans l'actualité d'un contexte politique effrayant, celui de la mainmise de la droite autoritaire sur le corps des femmes, et plus précisément, la révocation le 24 juin dernier du droit à l’avortement par la Cour suprême des États-Unis.

La puissance de la nudité

Depuis les Femen, le sein nu est réapparu comme un symbole de lutte politique et féministe. Et de manière générale, la nudité a maintes fois été utilisée lors de protestations pour attirer l'attention. Les tenues imaginées par le DA de Schiaparelli, Daniel Roseberry, ne découvrent peut-être jamais totalement la poitrine, mais elles laissent entrevoir le sein, voire le sublime, et cela suffit à créer l’image d’une femme puissante, sorte de nouvelle Marianne chic et glamour, guidant le peuple vers plus de beauté.

Quoi de plus fort en effet que l’image de cette silhouette à la poitrine simplement saupoudrée de paillettes, tenant dans sa main droite une colombe avec, dans son bec, une branche d’olivier ? Un symbole universel de paix dont la succession des événements nous pousse à lire comme un message directement adressé aux conservateurs états-uniens – au-delà de l'évidence de son lien avec la guerre en Ukraine.

Schiaparelli, Haute Couture AH 22/23. (image via Lucien Pagès)

Autre exemple du recours à la poitrine comme puissance féminine : la silhouette finale revêtant un corset asymétrique, une longue jupe en velours rouge et sur le sein gauche, un collier à pendentif cœur anatomique retenu par un lien de perles. Un clin d'œil à la tenue des amazones, ces guerrières de l'antiquité dont on raconte qu'elles coupaient leur sein droit pour mieux tirer à l'arc.

Schiaparelli, Haute Couture AH 22/23. (image via Lucien Pagès)

Et lorsque le mannequin porte un soutien-gorge, c’est pour mieux révéler au monde ce petit bout de tissu d’ordinaire caché sous les habits. Arboré comme un top, il est associé à une robe de satin de soie qui semble avoir volontairement glissé pour mettre en valeur le sous-vêtement en dentelle noire et rubans de velours.

Schiaparelli, Haute Couture AH 22/23. (image via Lucien Pagès)

En notes de défilés, Daniel Roseberry confie regretter que l’engagement de la mode amène parfois à un « résultat un peu morne ». Il écrit : « C’est facile de se prendre au sérieux. Ce qui est plus difficile, en revanche, c’est de rester engagé tout en essayant de retourner à un état d’innocence créative ». Le défilé haute couture livré lundi est un brillant exemple de cet engagement créatif. La collection reformule la notion de sexy – dont la jeunesse cherche aujourd’hui à se réapproprier les codes – en la révélant sensuelle et puissante dans sa vulnérabilité.

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