Paris Fashion Week : les silhouettes emballées dans du plastique de Craig Green
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Paris - Des « extraterrestres » emballés dans du plastique ont débarqué dimanche à Paris, au dernier jour de la semaine du prêt-à-porter homme dans un défilé conceptuel du Britannique Craig Green, applaudi pour ses débuts en France.
Le créateur de 33 ans, l'un des plus doués de son pays où il a été élu à trois reprises designer de l'année des collections homme par le British Fashion Council, a abandonné la Fashion week de Londres en plein débat sur le Brexit pour rejoindre celle de Paris qui ne cesse de s'agrandir avec de jeunes talents venus de partout.
Des hommes enveloppés dans des tentes et sacs de couchages sont suivis d'autres dans des tenues évoquant des gilets pare-balles. Viennent ensuite des mannequins plus légèrement vêtus avec des hauts en mailles de caoutchouc (comme ces sacs utilisés pour les gros fruits ou les bouteilles), une réflexion sur « l'intimité », selon le styliste.
Certains ensembles sont faits en Tyvek, matériau synthétique fabriqué à partir de fibres de polyéthylène qu'on utilise pour emballer des bâtiments en cours de construction.
« L'idée de départ, c'était celle de « personnes emballées », la manière dont on parle d'une personne comme d'un paquet, c'est bizarre », a expliqué Craig Green à la presse en coulisses.
Monochromes blancs et gris, les vêtements prennent de la couleur au cours du défilé, évoluant dans des motifs psychédéliques, des fleurs surréalistes s'épanouissent sur des imperméables.
« Etranges et légèrement effrayants », de l'avis même du designer, en tout cas pas conçus pour être portés, des tenues en couleurs arcs-en-ciel couvrant les mannequins de la tête au pieds et cachant le visage terminent le défilé de Craig Green qui a fait des costumes pour le film "Alien: Covenant" de Ridley Scott en 2017.
« J'aime bien son travail, il apporte beaucoup de créativité qui manque tellement dans nos pays », a déclaré à l'AFP le créateur avant-gardiste belge Walter Van Beirendonck, auteur lui-même d'un choc visuel quelques jours plus tôt avec des silhouettes à pointes gigantesques et des inscriptions comme « I hate fashion » (« je déteste la mode ») ou « save the planet » (sauvons la planète).
Corto Maltese version 2020
Passionné de BD, le directeur artistique de Lanvin, Bruno Sialelli, s'est pour sa part inspiré pour sa collection mixte de Corto Maltese, le marin aventurier, héros d'Hugo Pratt, dans un défilé à l'esthétique « jeune et cool » dans le Centre national de la danse à Pantin, au nord-est de Paris.
Les manteaux, « incarnation de Corto Maltese » sont revisités avec des détails comme des manches gigot ou agrémentés d'une scène de Corto peinte à la main.
C'est « une figure masculine très universelle », a souligné Bruno Sialelli en coulisses. « J'ai été obsédé par cette figure de marin né d'un père écossais et d'une mère espagnole et gitane (...) Penser à son voyage et à son vestiaire m'a beaucoup inspiré ».
Les pantalons sont courts, certains se resserrent sur la cheville au dessus de grosses chaussures de skate, autre passion du créateur. Des couleurs d'automne - vert forêt et bordeaux - s'invitent dans la palette classique de la maison, bleu Lanvin ou sable.
Bien qu'il s'agisse de la clôture des défilés hommes, les sœurs Bella et Gigi Hadid, en robes noires à volants, ainsi que deux autres top du moment, l'Australo-soudanaise Adut Akech et l'Italienne Vittoria Ceretti ont défilé pour Bruno Sialelli. Lequel dit préférer une approche « moins basée sur les genres » pour Lanvin, la plus ancienne maison de couture française encore en activité.
Ces silhouettes féminines s'enveloppent elles aussi de manteaux capes ou de robes longues et fluides avec comme accessoire une minaudière en forme de pomme de pin. (AFP)
Photos : Craig Green AH20-21, catwalkpictures.