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Paris Fashion Week : les créateurs dénoncent le « politiquement correct »

Par AFP

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Paris - « Puritanisme », « rabat-joie », « politiquement correct » : des stars de la mode comme Hedi Slimane ou Anthony Vaccarello dénoncent un contexte étouffant pour la création, prenant le contre-pied de ceux qui, au contraire, entendent promouvoir les droits des femmes et la diversité.

Le débat qui fait rage depuis le lancement du mouvement « MeToo » s'est invité sur les podiums parisiens à l'occasion de la semaine du prêt-à-porter féminin.

« Il y a cette posture tragiquement démago du politiquement correct (...). Nous ne sommes plus trop dans la légèreté », a déploré Hedi Slimane dans une rarissime interview à Vogue en août en invitant à « résister » à cette « forme déguisée de néoconservatisme ».

L'un des créateurs les plus influents de la planète mode avait été la cible de critiques féroces il y a un an après la présentation de sa première collection femme pour la maison Celine célébrant la fêtarde qui passe son temps dans des boîtes de nuit en mini-robe, avec un casting jugé trop blanc.

Il a depuis opéré un virage à 180 degrés vers une « néobourgeoise » en jupe- culotte et blouse à col lavallière, une tendance qui s'est précisée au défilé Celine vendredi soir.

Il s'est pourtant défendu en affirmant que ceux qui l'avaient qualifié de « Trump de la mode » ont fait du bien à Celine : « Que de publicité pour une robe à danser courte, dans un contexte aussi puritain et rabat-joie. C'est précisément ce qu'il me fallait pour lancer le retour de l'esprit bourgeois  ».

« Trop court, trop transparent »

Catherine Deneuve, la légende du cinéma français qui avait défendu « la liberté d'importuner » des hommes en plein « Metoo », était au premier rang du défilé Celine après celui de Saint Laurent mardi.

Le Belge Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, a lui aussi dénoncé le « puritanisme » en revendiquant le droit à l'esthétique sexy, avec des micro-shorts, talons vertigineux et décolletés plongeants.

« Il devient impossible d'avoir un avis contraire à l'opinion générale (...). On me dit "c'est trop court, trop transparent". Je hais ce nouveau puritanisme qui juge tout », a-t-il déclaré au Journal de dimanche. Il refuse aussi « la communication quota » sur le nombre de personnes de couleur dans les défilés, même si Naomi Campbell a clôturé son show au pied de la tour Eiffel.

« Le problème du racisme comme celui de la misogynie, c'est qu'il est dans l'oeil de l'autre, en tout cas pas le mien », selon le styliste.

La maison est souvent critiquée pour des campagnes publicitaires jugées misogynes. En 2017, l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité lui a demandé de modifier certains visuels jugés dégradants pour les femmes.

Call girl vs résistante

La maison Guy Laroche a de son côté décidé de célébrer pendant cette Fashion week la prostitution de luxe qui a « contribué au lustre de la France » dans un pied de nez à une époque où « l'on ne peut plus rien dire ni faire ».

La collection a été consacrée à la fameuse proxénète française Madame Claude, directrice d'un réseau huppé de call-girls qu'elle envoyait séduire de hauts dignitaires et chefs d'État, immortalisée dans un film sorti en 1977 pour lequel Guy Laroche avait fait des costumes.

« Il ne faut pas mélanger les choses : MeToo c'est sur des gens qui sont contraints, c'est de l'agression sexuelle, ici ce sont des gens qui décident de vendre leur corps, c'est un libre choix », a affirmé à l'AFP le créateur de Guy Laroche, Richard René.

Dans une démarche opposée, l'Italienne Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de Dior et féministe assumée, a rendu hommage à Catherine Dior, soeur et muse de Christan Dior qui a été résistante, torturée et déportée et qui a fait carrière dans les fleurs après la guerre comme grossiste aux Halles de Paris.

« Nous devons toujours nous battre pour les droits des femmes et pour que la diversité et l'homosexualité soient acceptées dans la mode », estime le jeune créateur de Balmain Olivier Rousteing dans un entretien à l'AFP.

Sur la même longueur d'ondes, l'Indien Manish Arora a ainsi dédié son spectacle inspiré des cabarets parisiens à la « famille LGBQAI » expliquant que la mode ne devait pas laisser de côté les minorités sexuelles.

« Les gens qui pensent qu'il n'y a plus de tels combats à mener sont démodés », conclut Olivier Rousteing. (AFP)

Photo : Saint Laurent PE20

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