Paralympiques: Thomas Jolly veut sortir des clichés "héroïsants" dans une cérémonie "utopiste"
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Saint-Denis - A l'occasion des Jeux paralympiques, il faut sortir des "clichés héroïsants" liés aux personnes en situation de handicap, a estimé lundi le directeur artistique de la cérémonie d'ouverture Thomas Jolly, levant le voile, avec son équipe, sur leur travail créatif, notamment côté mode.
Comme la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, celle des Paralympiques mercredi soir se fera en dehors d'un stade, sur la place de la Concorde et les Champs Elysées, avec comme fil directeur l'inclusion.
"Mettre les athlètes paralympiques au coeur de la ville, c'est déjà un premier marqueur politique au sens où la ville n'est pas suffisamment adaptée à toutes les personnes en situation de handicap", a-t-il souligné lundi dans un atelier à Saint-Denis où ont été confectionnés les costumes des quatre cérémonies olympiques.
Il a également appelé à "sortir (...) des clichés héroïsants concernant les personnes en situation de handicap parce que ce n'est pas être un héros que de relever des défis du quotidien (...) liés aux barrières sociétales et urbaines".
Baptisée "Paradoxe", cette cérémonie, qui entend mettre en valeur tous les corps, est chorégraphiée par le Suédois Alexander Ekman.
Lors d'une répétition place de la Concorde à laquelle a assisté l'AFP, quelques 150 danseurs, dont une vingtaine en situation de handicap, ont interprété l'un des cinq tableaux artistiques de mercredi, intitulé "Sportography".
Tout le long de la scène qui entoure la célèbre obélisque, sur une bande son de paroles chuchotées, traversée de coups de sifflets, on pouvait les voir courir, puis interrompre leur mouvement, reprendre, pour balancer ensemble leurs bras, ou leurs poings fermés, dans un rythme saccadé.
Plus tard, en solo, un artiste unijambiste tournoyait sur ses béquilles, bientôt rejoint par toute la troupe munie de béquilles s'élançant sur ces supports dans une même énergie.
Plumes, doré, argenté
C'est "comme une rêverie", dans laquelle "les performeurs en situation de handicap et d'autres qui ne sont pas en situation de handicap (...) créent une sorte de nouveaux jeux, des jeux tout court, ni olympiques ni paralympiques", a expliqué Thomas Jolly.
"C'est une utopie vers laquelle il faut tendre", a-t-il dit, soulignant que l'ensemble de la cérémonie "raconte une histoire qui va de la discorde à la concorde."
La scénographie sera "minimaliste" pour "mettre au mieux en valeur le patrimoine architectural de la place et les artistes", a précisé l'un des scénographes, Bruno de Lavenère.
Côté costumes, la directrice stylisme des JOP Daphné Bürki a recruté le styliste français Louis-Gabriel Nouchi, qui a conquis les costumières de la série "Emily in Paris", pour créer quelque 700 tenues.
Ce dernier a revisité le drapeau français, en y ajoutant des pointes de doré et des plumes. "Tout le show est une déconstruction du bleu-blanc-rouge avec du +silver+ (argenté) et du doré pour rappeler les médailles", a révélé lundi le styliste. Son défi le plus important a été de "créer pour des personnes en situation de handicap qui, en plus, sont des performeurs", a-t-il confié.(AFP)
Note de la rédaction : Cet article a été mis à jour avec les dernières informations de l'AFP après sa publication.