Optique : le gros focus mode d'Afflelou

Précurseur de l’optique « sexy », initiateur des lunettes accessibles bien avant le boom de la démocratisation, première égérie de son entreprise, Alain Afflelou est un opticien qui a élargi son prime à 360 degrés. Un faiseur d’innovation, tout court et marketing, un contributeur de mode et de tendances, qui a su prendre le virage de l’optique fashion. Entretien.

FashionUnited : Alors que la lunette est devenue un accessoire de mode à part entière, contribuant pour beaucoup au dynamisme des marques de mode et de luxe, alors que les influenceuses les plus désirables lancent leurs lignes, vous avez pris un virage très mode avec votre marque propre, qui devient dominante de votre offre en plus des grands noms proposés dans vos magasins. Osé. Pourquoi ce choix ?

Alain Afflelou : C’est effectivement l’un des points centraux de la stratégie de l’entreprise. Il s’agit avant tout de renforcer notre indépendance face à des mouvements que nous ne maîtrisons pas. Récemment, la fusion de Essilor-Luxottica a pris un poids énorme dans la distribution de lunettes de marques. J’ai donc décidé, par prudence et volonté d’autonomie, de développer encore ma marque Afflelou Paris. Avec une accroche, la « Magic », portée par une ambassadrice proche des Français, Alice Taglioni. Une gamme d’optique et de solaire, mode, dans l’air du temps, à laquelle on peut ajouter une douzaine de clips, choisis selon les besoins : loupe, solaire, conduite de nuit, etc.

Aujourd’hui, Afflelou Paris, lancé en 2014, représente la majorité des ventes, même si l’on trouve toujours dans les boutiques les griffes habituelles, Dior, Gucci, Persol, etc. On essaie de réussir l’alliance de notre griffe maison, de l’innovation et de l’accessible, puisqu’on achète une paire et son champ des possibles… Nous avons une très belle et vaste gamme de couleurs. C’est vivant ! Je crois, plus qu’à la mode, à un aspect ludique qu’on tire vers le glamour avec des égéries comme Alice, ou, avant elle, Sharon Stone. La mode est un cycle éternel, les couleurs, les matériaux se renouvelle, les formes reviennent. Les lunettes c’est une histoire d’osmose avec un visage, c’est cela, le look.

Vous inspirez-vous des grandes tendances, des Fashion Weeks ?

En effet, notre siège à Genève, comprend un studio, un bureau de style où nous travaillons les tendances, via nos deux grandes collections par saison. Mais mon credo c’est que les lunettes d’optiques, par excellence doivent rester ludiques, et riches d’innovations. J’essaie de redonner un peu de folie, un peu de glamour aux lunettes. Ce sont les gens qui « fashionise » les lunettes, et non l’inverse. D’où le choix de mes égéries, d’ailleurs davantage le résultat de rencontres et d’affinités que de stratégie. Sharon, ce fut une rencontre. Puis est venue Alice, très française, à la fois très belle et très « girl next door », une combinaison rare. Elle est arrivée au bon moment pour mettre en valeur notre marque, jouer cette mode contemporaine et « facile ».

L’innovation marketing fait aussi partie de l’ADN de la maison. Vous êtres un de ces patrons pas si nombreux, rentrés dans tous les foyers des Français avec vos pubs TV.

« Tchin Tchin » ! Oui, je pouvais le faire car je suis crédible je suis opticien de métier. J’incarnais légitimement une partie du monde de l’optique, de façon moderne et bienveillante. Pas besoin d’être la figure de l’expert à blouse blanche. Je suis opticien, je suis chef d’entreprise, mon enseigne est connue, c’était une sorte de mise en abyme de la marque qui porte mon nom, bienveillante et légitime. Il y a cette proximité avec le public, je peux parler un langage de vérité.

Outre la modernité marketing de votre approche, Afflelou est connu pour ses innovations. Que mettez-vous en place actuellement ?

Nous avons lancé la lentille éphémère à un euro la paire. Ce n’est pas très mode mais cette opération connaît aussi un véritable succès. Chez nous, le parcours digital, en progression, reste un objectif. Pour les lunettes « pour tous » le concept d’internet, qui a fait florès ces dernières années, reste à transformer. Il faut un parcours sans couture, du net à la boutique. Nous y travaillons.

Comment est structuré votre réseau ?

Nous maillons tous le territoire avec nos enseignes, via 10 à 12 pour cent de succursales, le reste en franchises. Notre navire amiral étant le magasin des Champs-Elysées. Nous sommes attentifs à l’unité, l’homogénéité de nos boutiques, que l’on puisse partout avoir le même service, la même compétence, avec des salariés, souriants et compétents. La mode, la bienveillance, l’expertise font partie de nos valeurs depuis cinquante ans !