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Nicolas Fafiotte rend les Miss « Sunshine »

Par Odile Mopin

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Les Miss France lui ont apporté un puissant coup de projecteur. Le couturier lyonnais Nicolas Fafiotte a eu pour la première fois les honneurs de la presse nationale, du Point au Parisien en passant par le Figaro Madame. Alors qu’il travaille via sa marque éponyme depuis 20 ans, sur commande, à l’ancienne, avec une clientèle fortunée, et essentiellement régionale, dans sa jolie boutique-atelier de la Place Bellecour.

Mais après le 19 décembre, soirée de l’élection de Miss France, qui marquait aussi le centenaire du concours de beauté, ses comptes Instagram et Facebook ont battu la chamade. Son e-shop, monté en hâte la veille du jour J a été saturé de visites. Pourtant Nicolas Fafiotte travaille avec le Comité Miss France depuis ses débuts. Mais ce n’est que cette année qu’il est devenu partenaire officiel du célèbre concours, succédant à Pronuptia. « Les nouveaux producteurs de l’émission, avec Endemol, voulaient quelque chose de plus moderne, de plus sexy qu’une robe de mariée. C’est vrai qu’une robe de mariée, pour l’entrée en scène des candidates, c’est un peu étrange ».

Son nom a été beaucoup plus entendu pendant l’émission que les année précédentes. Jean- Pierre Foucault l’a beaucoup cité. Sylvie Tellier a posté des croquis de ses robes sur son compte Facebook. Iris Mittinaere, présidente du jury, a publié sa bombesque robe bustier à cristaux et traîne amovible sur Instagram. Bref, le lyonnais a vécu une mise en orbite spectaculaire. « Nous verrons si les ventes décollent après cette mise en lumière. Vous imaginez bien que cette année Covid n’a pas été fantastique pour le créateur de robes de mariée et de soirée que je suis. Je termine 2020 avec une reconnaissance qui fait plaisir. Mon équipe a beaucoup travaillé pour réaliser les 29 robes des Miss, toutes sur-mesure, au lieu de celles des cinq finalistes habituellement », explique à FashionUnited Nicolas Fafiotte. Des créations totalement made in France, donc, voire made in Lyon.

Avec un solide sens de l’humour, une humilité et une lucidité qui forcent le respect, il raconte ses débuts, son conte de fée à lui : diplômé d’Esmod, d’où il sort avec le premier prix dans la catégorie « Haute Couture », le jeune styliste fait ses armes chez divers couturiers, notamment Emanuel Ungaro. Il passe aussi par Formes, l’enseigne pour femmes enceintes. Parallèlement, déjà, il organise de petits défilés, avec les candidates pré-régionales du concours Miss France.

Des créations made in France pour la « marque » Miss France

Sa carrière connaît des hauts et des bas. Elle est plutôt en bas quand Sylvie Tellier, alors Miss Lyon en pleine pré-sélection pour le concours national l’appelle en catastrophe. Elle n’a pas de robe. Il accepte de lui faire trois jours avant le jury un fourreau (très) baleiné. Le jour J, la future présidente du Comité se présente à Geneviève de Fontenay vêtue de ladite robe, une armure qui l’empêche de s’asseoir mais dans laquelle elle remportera le titre convoité.

« Je la rappelle, elle ne répond pas, de toute façon les Miss France sont injoignables les premières semaines. Et puis un jour, je la vois arriver sous mes fenêtres dans sa voiture et sa couronne de Miss qu’elle brandit en me disant « c’est grâce à toi ! », se souvient Nicolas. C’est ensuite l’aventure Miss Univers, que Sylvie Tellier ne remporte pas mais d’où elle repart avec le second prix de l’élégance, toujours dans une robe signée du créateur lyonnais. Une longue fidélité naîtra de ces deux parcours croisés.

C’est dans la foulée de ce succès que Nicolas Fafiotte lance sa marque éponyme. Et trouve l’année suivante, en 2002, une vitrine Place Bellecour face à son petit appartement. Il mène son entreprise, entretenant aussi un partenariat avec Etam (le Show Live d’Etam Lingerie organisé chaque année pour l’ouverture de la Fashion Week parisienne). L’ex-Miss France poursuit parallèlement sa trajectoire et présente pour la première fois l’émission à forte audience en 2006, avant de reprendre les rênes du Comité Miss France.

Parcours croisés

Le styliste a toujours bien travaillé avec sa petite équipe de cinq couturières parallèlement à Miss France. Dans un périmètre essentiellement régional. Il fait volontiers visiter à ses clientes son atelier, au-dessus de sa boutique. « Pour leur montrer le travail, les heures passées sur la broderie, la fabrication de leurs robes. Les gens sont curieux de cela, des métiers, des savoir-faire. Il faut transmettre. D’autant que j’ai la chance d’être en Rhône-Alpes, région riche et berceau de la soie et de l’ennoblissement, d’être établi à Lyon, cité de mode dynamique avec son Village des Créateurs. Je travaille quasiment à cent pour cent avec des matières françaises. Les dentelles de mes robes notamment, viennent de Sophie Hallette, labellisée Caudry-Calais, le tulle vient de Lyon, etc ».

Son créneau questionne aussi sur le fossé entre la Capitale et la Province, l’écart entre les notables, aussi aisés soient-ils et le microcosme international et cosmopolite du « vrai » luxe » : « aussi riches soient-elles, mes clientes n’osent pas toujours passer le cap de l’avenue Montaigne. Et puis, chez Dior, par exemple, elles achètent du prêt-à-porter. Chez un couturier artisanal, elles peuvent s’offrir du sur-mesure, plus accessible en terme de prix. Sans le prestige qui va avec, mais de la couture, tout de même, les mêmes procédés de fabrication ».

C’est justement cet amour du « bel ouvrage » qui caractérise le couturier. Et lui offre un vrai recul. « En région, à fortiori en Rhône-Alpes, le maillage de la filière est plus complet qu’ailleurs, explique-t-il. J’ai une relation de proximité, humaine avec mes fournisseurs. C’est tellement en circuit court qu’il m’arrive de passer commande et de recevoir dans la journée ».

Valorisation des savoir-faire locaux

Nicolas Fafiotte se décrit avant tout comme un styliste. Comme un « caméléon » à forte teneur en savoir-faire, qui travaille en connexion avec ses clientes, s’adapte à son environnement. « Quand je fais un mariage dans une belle station de ski, ce qui arrive souvent dans ma région, je ne vais pas proposer une robe de princesse en dentelle et paillettes mais plutôt de la maille. J’aime le travail des matières. Depuis peu, il développe des accessoires, en cohérence avec son amour de l’artisanat et ses valeurs humanistes : les bijoux, par exemple, sont réalisés en partenariat avec des producteurs mexicains, rémunérés selon les règles du commerce équitable. Les foulards sont coupés dans de la soie lyonnaise…

« C’est récent, je n’ai même pas eu le temps de faire les dossiers de presse pour expliquer tout cela … ». On souhaite un tourbillon d’étoiles à Nicolas Fafiotte.

Crédits: Nicolas Fafiotte, DMK

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