Milan Fashion Week: la mode africaine éthique et de bonne qualité sur les podiums
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Pour quatre stylistes d'origine africaine, invités à présenter leurs collections en marge de la Fashion Week milanaise, le succès de la mode africaine doit désormais plus à sa qualité qu'à son côté "ethnique". Rencontrée en marge des défilés de prêt-à-porter féminin pour le printemps/été 20165, la Sud-Africaine Sindiso Khumalo se dit ainsi fière que les vêtements qu'elle vend soient fabriqués au Cap et éthiquement, loin de tout atelier clandestin. "Je pense que les gens achètent mes vêtements parce qu'ils sont de bonne qualité, pas uniquement parce qu'ils viennent d'Afrique", affirme à l'AFP la jeune femme, installée à Londres.
Inspirée par son pays d'origine, sa collection est présentée à Milan à la boutique Biffi, une institution en Italie, aux côtés de celles de trois autres designers d'origine africaine: l'Américo-Ghanéenne Mimi Plange, le Sud-Africain Laduma Ngxokolo et Sophie Zinga, née au Sénégal mais élevée à New York. "C'est une chance pour laquelle tout styliste se damnerait", confie Mimi Plange à l'AFP. "Nous sommes certes africains, mais nous sommes avant tout des stylistes", ajoute Sindiso Khumalo. Et "je suis une femme et une mère: je suis tout cela à la fois".
Aidée par "Ethical Fashion Initiative", une plateforme mettant en relation le monde de la haute couture et du luxe et celui de l'artisanat produit de façon éthique dans les pays en voie de développement, la jeune femme espère aller à la rencontre de nouveaux clients. Créé en 2009, ce programme est soutenu par le Centre du commerce international, un organisme basé à Genève et dépendant conjointement des Nations Unies et de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Son but est de "ramener de l'authenticité dans le monde de la mode, et apporter du travail à l'Afrique", explique à l'AFP son fondateur et responsable, Simone Cipriani. Il a déjà aidé une vingtaine de designers, dont Vivienne Westwood et Stella McCartney, à acquérir tissus, bijoux et accessoires auprès d'artisans installés en Afrique et en Haïti.
Des shows inspirés par l'ethnie Xhosa
Le but est également de rendre le monde de la mode plus juste, afin que des stylistes en devenir puissent vivre correctement de leur créativité. Et pourquoi pas accéder à la gloire, à l'image de Mimi Plange, dont les robes en cuir inspirées de motifs africains, brodées ou façon patchwork, ont déjà été portées par Michelle Obama, Rihanna ou Serena Williams ? Selon elle, une génération de designers africains est en train d'émerger. Soucieux de s'approvisionner dans leur pays d'origine, ils peuvent aider à créer un avenir meilleur à des milliers de petits artisans, dont le travail minutieux et méticuleux rend n'importe quel vêtement si spécial. "Ces broderies, ces perles, toutes ces choses faites main... C'est un savoir-faire qui n'existe plus en Occident", en particulier dans le prêt-à-porter, et qui ne se maintient plus que dans la haute couture, affirme Mimi Plange.
Ainsi, Laduma Ngxokolo a choisi de s'appuyer sur les traditions de l'ethnie Xhosa pour développer sa marque, en s'inspirant des tenues portées par les jeunes garçons lors des cérémonies d'initiation à l'âge adulte. "Je cherchais à créer une image, un moyen de reconnaissance pour ma marque afin que mes clients se sentent immédiatement en phase avec mes vêtements", explique-il.
Malgré le succès du programme, il reste cependant encore beaucoup à faire, selon M. Cipriani. "J'aimerais que le secteur entier change. Je ne suis pas certain de voir un tel bouleversement de mon vivant mais c'est en tous les cas un objectif sur lequel nous devons travailler", explique-t-il. Pour cet Italien, "les talents sont légion en Afrique. Quand j'étais jeune, l'Italie était connue pour sa créativité et son artisanat. A présent, talent et créativité sont en Afrique". (AFP)