Mexique : quand la mode aide à surmonter le handicap
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Guadalajara (Mexique) - Adriana Macias a une formation d'avocate, mais aucun cabinet n'a voulu employer une femme sans bras. Handicapée depuis l'enfance, la Mexicaine a alors écrit des livres, donné des conférences et s'est lancée récemment dans la mode, avec une première collection qu'elle a dessinée... avec ses pieds.
Née sans bras - ce qui l'a obligée depuis l'enfance à utiliser ses pieds dans tous les gestes de la vie quotidienne - Adriana Macias, 51 ans, a bien eu recours un temps à des prothèses munies de crochets. Mais elle y a renoncé en raison du poids qui lui provoquait des douleurs dans le dos. C'est donc avec ses pieds qu'elle écrit, se maquille, cuisine, fait le ménage ou habille sa fille de trois ans.
En avril, Adriana Macias a présenté sa nouvelle ligne de vêtements lors de la Fashion Week de Mexico, où elle a dévoilé une collection automne-hiver de 12 modèles en tissus fluides et aux couleurs chatoyantes.
Parmi les mannequins, elle a tenu à faire défiler des femmes ou des hommes ayant un handicap physique. À l'une, il manquait une jambe, un autre se déplaçait en fauteuil roulant.
« J'ai créé cette ligne de vêtement avec tous les détails pour rendre ses habits très confortables et pratiques, mais aussi très formels. L'inclusion est une question très actuelle et en réalité les gens ne doivent pas s'adapter aux vêtements, mais les vêtements doivent s'adapter aux gens », raconte-t-elle à l'AFP.
Elle-même utilise des vêtements faits sur mesure qui lui permettent de s'habiller malgré l'absence de bras. Particulièrement agile avec ses pieds, elle s'en sert pour se coiffer. Comme d'autres le feraient avec les mains, elle les orne de bracelets et de bagues, et s'en vernit les ongles.
« Aller à l'université sans ma prothèse, était très compliqué (...) et aussi enlever mes chaussures, parce que c'est malpoli d'enlever ses chaussures », souligne-t-elle en bougeant ses jambes avec aisance et naturel.
Elle a obtenu son diplôme d'avocate, mais n'a pas trouvé de travail. « J'étais triste parce que personne ne voulait m'embaucher (...) Pour tout le monde, c'était bizarre, choquant que quelqu'un arrive et enlève ses chaussures pour demander un emploi. »
Elle s'est alors lancée dans les conférences sur le développement personnel. Elle a écrit trois livres et une pièce de théâtre sur le sujet. Puis est venue l'aventure de la mode.
Ses parents, dit-elle, lui ont appris à se débrouiller seule. « Je leur en suis reconnaissante, car cela m'a appris que grâce à mes pieds je serais indépendante », dit-elle. (AFP)
Photo: Ronaldo Schemidt / AFP