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Matières naturelles: le raphia continuera à marquer la tendance en 2020

Par Anne-Sophie Castro

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Le raphia séduit la mode et s’incorpore volontiers dans les collections de pièces haut de gamme et de luxe. Cette fibre naturelle, tirée des feuilles de palmiers, prend son nom du malgache « rofia » et fait partie des coutûmes et des traditions d’Afrique. Madagascar, Congo, Cameroun, Gabon ou Maroc et autres pays d’Afrique de l’Ouest, fournissent la précieuse matière malléable qui permet la confection d’étoffes, d’accessoires ou de meubles et inspire aussi bien les créateurs africains que les grandes marques internationales.

L’été dernier, de nombreuses marques occidentales comme Claudie Pierlot, Jacquemus, Balenciaga, Chanel ou Dior, ont créé des pièces en raphia dans sa teinte naturelle. À l’inverse, les créateurs africains préfèrent le colorer.

Le raphia connaissait son époque de gloire à Madagascar sous la colonisation française. Un secteur qui s’est ensuite décliné et s’utilise aujourd’hui principalement dans l’artisanat local. Avec le changement des modes de fabrication, l’avancée du commerce équitable et du développement durable, de nombreuses marques occidentales se fournissent sur l’île Rouge.

Good People : une marque éthique basée sur le raphia

La marque française de sacs à main Good People fondée par Clémence Goudard, puise son inspiration dans l’artisanal local. Son histoire a commencé lors d’un voyage en Afrique de l'Est.

Seule avec son sac à dos, Clémence Goudard s'est aventurée le long des côtes africaines pour finir son voyage à Madagascar en rejoignant une association caritative. « Sur place j’ai découvert la richesse peu valorisée de l'artisanat local: le tissage du raphia et de l'agave et leur tradition », confie-t-elle à FashionUnited. « J’ai donc décidé Elle de créer Good People avec l'idée d'employer des femmes en grande nécessité, souvent analphabètes, en créant mon propre atelier ». Ces femmes qui au début de l’aventure n’étaient que sept, sont aujourd'hui 59 et lui enseignent les techniques indigènes. En retour, la fondatrice de Good People leur apprend à façonner des produits élégants, aux finitions parfaites et aux détails sophistiqués.

« La tendance du raphia s'est vue décuplée ces deux dernières années », poursuit-elle. « D'abord politique avec la conscience écologique apportée par la jeune génération, la révolution du vegan dans les assiettes mais aussi dans la mode. Les consommateurs demandent de la transparence et surtout, du naturel. Le raphia a des vertues complexes et infinies quand on sait le travailler. Il est déclinable de milles façons ! L'axe que nous avons choisi à l'instar des autres marques de notre genre, est de le travailler façon couture, après le tissage, en coupé-cousu. Comme une belle robe... »

Good People se fournit en raphia à quelques centaines de kilomètres de son atelier, dans la région de Majunga. « Toute notre chaine d'approvisionnement est réfléchie pour respecter un circuit court et par conséquent, le plus environnemental possible. »

« Nos artisans ne sont que des femmes que nous avons recrutées et formées, qui choisissent de travailler à l'atelier ou de chez elles, leur permettant d'oeuvrer à leur tâches ménagères autant que d'apporter des ressources financières au foyer familial. »

Là-bas, chaque artisan est payé à la pièce pour chaque pièce fournie. « Notre démarche est mode certes, mais derrière se cache une volonté d'agir, écologique et sociale, un modèle que nous souhaitons dupliquer dans d'autres pays à travers le monde. »

Imane Ayissi met en avant les héritages et traditions africaines

Ce designer franco-camerounais, qui défile à Paris, utilise le raphia depuis plusieurs années dans ses créations haute-couture en hommage à sa terre. « J’estime que c’est à nous, créateurs, de perpétuer et de mettre en avant nos héritages et nos traditions d’Afrique », publiait il y a quelques jours le site de Jeune Afrique.

Pour Imane Ayissi, l’avantage du raphia est de le travailler avec différentes techniques et de le mélanger à d’autres matières comme de la dentelle et parfois même de le teindre. « Il n’est pas évident d’en faire un produit de luxe car il faut pouvoir lui donner un aspect à la fois minimaliste et moderne ».

Dior au diapason avec les fleurs et les plantes

Dior, pour ne citer qu’elle, a aussi succombé à la beauté du raphia. La matière versatile aux notes exotiques offre élégance et légèreté aux collections de la marque de luxe.

D’ailleurs pour le Printemps-Eté 2020, la directrice artistique de la Maison, Maria Grazia Chiuri s’exprime dans un communiqué : « « Il me semblait indispensable d’inscrire notre héritage au cœur des enjeux actuels. Les fleurs et les plantes ne sont pas simplement des ornements décoratifs, ils sont l'essence de notre environnement. Nous avons le devoir d'en prendre soin, aujourd'hui plus que jamais ».

Photos : Good People

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IMANE AYISSI
Mode Ethique
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