Les super-héroïnes de Prada à l'assaut de la Fashion week de Milan
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Milan (Italie) - La maison Prada a offert jeudi à la Fashion Week de Milan sa vision d'une femme bourgeoise aux airs de super-héroïne, dans un contexte de croissance de ses ventes à rebours d'un secteur plutôt en berne.
Miuccia Prada et Raf Simons ont présenté 45 looks présentant "tous une vision différente et singulière d'être Prada" à partir d'une exploration de "toutes nos références, du vintage à nos pièces clés, en mêlant pêle-mêle le passé, le présent, le cool, le sexy, le sérieux", ont-ils expliqué à l'issue du défilé.
"Le résultat, ce sont ces possibilités pour chacun de trouver sa propre façon d'être un super-héros, où chacun peut définir sa propre force", ont résumé les deux directeurs de création en backstage.
Sur le podium se sont succédé les jupes crayons au genoux mais agrémentées de harnais et de mousquetons, une robe à plumes avec un anorak orange, des collants avec ceintures, ou des ceintures trompe-l'oeil imprimées sur des pantalons, des chemises ou des vestes comme pincées au mauvais endroit, froissées ou légèrement abimées.
Ce show était comme toujours l'un des plus attendus de la semaine, Prada continuant d'être une marque culte et l'une des plus désirables du secteur. Elle occupe la troisième position au classement des "hottest brands" de Lyst, le moteur de recherche spécialisé dans la mode qui publie chaque année ce podium (paru cette année en juillet 2024). Juste devant elle se trouve Miu Miu, l'autre marque de la maison milanaise.
Qu'est-ce qui fait que la maison Prada, créée en 1913 par les deux frères Prada, Mario et Martino puis reprise en main par la fille de l'un des fondateurs Luisa, puis par sa petite-fille, Miuccia, soit encore en haut de la hype ? "La force de Prada est d'avoir toujours été fidèle à son ADN, provoquant un véritable culte tout en discrétion", analyse Antonio Bandini Conti, designer consultant et coordinateur du Master en haute couture de l'institut Européen du Design de Milan.
Miuccia Prada, directrice créative de la marque depuis 1978 - aujourd'hui en duo avec Raf Simons - "s'est intéressée au vestiaire de la femme bourgeoise (...) s'est mise à le déconstruire, à le déstructurer, à introduire ce qu'elle appelle le 'sbagliato', quelque chose qui dérange, qui ressemble à une erreur : ici une longueur de trop, là une couleur acide, une couture apparente, un col déchiré. Le tout en conservant des proportions divines et un goût raffiné", poursuit-il. Elle a ainsi "construit une identité distinctive et a fidélisé une clientèle", conclut-il.
Les résultats financiers sont au rendez-vous : Prada a enregistré une hausse de 6% de ses ventes de détail au premier semestre, tandis que Miu Miu, qui défile à Paris la semaine prochaine, a elle connu une poussée exponentielle de plus de 90% de ses ventes. Et ce dans un contexte économique et géopolitique difficile.(AFP)