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Les dirigeants de l'industrie de la mode se dirigent vers un système circulaire

Par Vivian Hendriksz

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Si l'industrie de la mode veut garantir un avenir meilleur, il est temps de s’unir et de prendre les mesures nécessaires vers un système circulaire. C'était la principale conclusion du Copenhagen Fashion Summit cette semaine, qui a eu lieu à partir du 11 mai, au Koncerthuset, dans l'un des pays les plus verts au monde : le Danemark. Les dirigeants de l'industrie du monde entier se sont réunis pour cette conférence annuelle, qui a demandé aux marques, aux détaillants et aux entreprises de se réunir et de s'engager à mettre en place un modèle commercial circulaire. Le Global Fashion Agenda, qui organise le sommet de la mode durable, a lancé une Call to Action qui a été signé par plus de 20 sociétés de premier plan, dont H&M, Kering, Bestseller, Asos, M&S, Target et Inditex.

« Je suis très heureux que certaines des plus grandes entreprises du monde aient signé notre Call to Action pour un système de mode circulaire », explique Eva Kruse, pdg du Global Fashion Agenda (GFA). « Je prends cela comme un signe évident que l'industrie n'est pas seulement consciente de la nécessité de changer et de la nécessité d’aller vers un système en boucle fermée, mais aussi prête à agir. » Ensemble, les entreprises qui ont signé l'engagement Call to Action du GFA se sont engagées à commencer à travailler sur la définition d'une stratégie circulaire, dans leur entreprise, fixant des objectifs fixes pour 2020 et rendra compte de l'avancement de leur engagement. Un système circulaire, différent du modèle linéaire utilisé par la plupart des entreprises, qui considère les matières premières utilisées pour créer des biens commerciaux qui sont achetés et éventuellement jetés par les consommateurs, réutilise les produits (et les déchets) lors de leur fin de cycle de vie pour créer de nouveaux produits.

Les acteurs principaux de la mode signent le Call to Action au Copenhagen Fashion Summit

Le Call to Action du Global Fashion Agenda arrive après la publication d'un nouveau rapport « The Pulse of Fashion 2017 ». Créé conjointement par le GFA et le Boston Consulting Group, le rapport met en évidence l'urgence à laquelle l'industrie de la mode doit faire face pour mettre en place un modèle circulaire. Par exemple, on s'attend à ce que la consommation dans l’habillement atteigne 102 millions de tonnes d'ici 2030, contre 62 millions de tonnes en 2016, alors que la population mondiale atteindra 8,5 milliards, ce qui entraînerait une énorme pression sur les ressources mondiales. « Nous utilisons actuellement les ressources de 1,7 planètes - même si nous n'en avons qu’une », explique Eva Kruse. Le rapport met également en évidence les avantages économiques qui découleraient de l'adoption d'un système circulaire, qui traite des problèmes environnementaux et sociaux en cours : environ 20 milliards d'euros seraient ajoutés à l'économie mondiale, d'ici l'an 2030. Actuellement, l'industrie de la mode n’est pas en avance en ce qui concerne la durabilité, en marquant un score de 32 sur 100 dans le Pulse score mondial, barème nouvellement développé. Même si un certain nombre de grands acteurs dans la mode ont un bon score, les acteurs restants ont plutôt une mauvaise note, car un certain nombre de petites et moyennes entreprises de taille moyenne auraient fait peu d'efforts pour devenir durables.

Un certain nombre d’acteurs plus importants ont déjà pris un certain nombre d'engagements pour devenir circulaires, comme H&M, Kering et C&A. Par exemple, H&M s'est déjà fixé comme objectif d'utiliser uniquement des matériaux 100 pour cent recyclés ou à source durable, dans ses produits, d'ici 2030, le mois dernier, suite au lancement de son initiative de collecte de vêtements en 2013. C&A, avec William McDonough, un expert renommé du Cradle to Cradle, a relevé le défi de créer ses premiers T-shirts certifiés C2C. D’après le programme certifié Cradle to Cradle, qui établit des normes pour les usages des matières premières et des produits chimiques, s’assure que les produits sont conçus à l'aide de matériaux permettant la réutilisation et soient fabriqués dans des conditions de travail sûres et équitables, C&A a créé un T-shirt certifié au niveau « Gold », vendu 9 euros. Il se décompose également en 11 semaines s’il est jeté sur au compost. Kering a aussi précédemment lancé des laboratoires d'innovation, qui se consacrent au développement de matériaux nouveaux et durables, allant du cachemire régénéré et du nylon recyclé.

Kering, H&M et C&A ont également investi dans un certain nombre de start-up pour accélérer le développement de la technologie nécessaire, pour accéder au système circulaire. Ensemble, H&M et Kering ont investi dans Worn Again, qui utilise la technologie du recyclage chimique pour séparer et extraire du polyester et du coton des produits post-consommation, tandis que C&A s'est associée à William McDonough, Kering, la Fondation Ellen MacArthur et la Sustainable Trade Initiative (l'Initiative de commerce durable) pour créer l'initiative mondiale Fashion For Good, qui vise à aider l'industrie à repenser la mode utilisée et réutilisée. Cependant, en dépit de ces initiatives, il reste encore beaucoup à faire pour devenir circulaire, raison pour laquelle la collaboration, l'innovation, la technologie et la créativité ont été soulignées comme principaux facteurs de changement tout au long du Sommet.

« Chez Kering, nous considérons le luxe comme durable, mais pour faire des progrès réels et pour relever les défis mondiaux, il est essentiel de s'unir au sein de l'industrie de la mode », déclare Marie-Claire Daveu, responsable du développement durable et des Affaires institutionnelles internationales à Kering. « Beaucoup de pratiques conventionnelles et non durables, employées par notre industrie, doivent être transformées et nous croyons que travailler avec nos pairs, par le biais d'initiatives collaboratives, peut influencer des changements réels et positifs ». Eva Kruse souligne que depuis 8 ans, le Copenhagen Fashion Summit n’a pas réussi à transmettre ce message à l'industrie. « Nous pensons donc que nous devons essayer différemment cette fois ».

Mais avec le nouvel appel à l'action du GFA, qui voit un nombre croissant de marques s'engager à prendre des mesures concrètes pour mettre en place un système circulaire, Eva Kruse retrouve de l’espoir. William McDonough a rappelé à l'industrie de la mode qu’ « être moins mauvais n'était pas être bon ». Leader de la durabilité et cofondateur du mouvement Cradle-à-Cradle, William McDonough a ouvert le sommet qui a duré neuf heures, et qui comprenait plus de 50 conférenciers de l'industrie, tels que Michael Kowalski, pdg de Tiffany & Co., Vanessa Friedman, rédactrice en chef du New York Times, Dame Ellen MacArthur, autorité dans l'économie circulaire et Livia Firth , fondatrice d'Eco Age Ltd. Ensemble, ces experts de l'industrie ont partagé leurs idées et avis, sur la façon dont l'industrie de la mode pouvait contribuer à faire de la durabilité la nouvelle norme et à s’engager dans un système circulaire.

Une partie du Call to action lancé parle GFA a conduit au lancement d'une nouvelle initiative - The Circular Fiber Initiative. Cette nouvelle initiative, lancée par la Fondation Ellen MacArthur, regroupe les principales marques et parties prenantes de l'industrie, afin de créer une économie circulaire pour les textiles, à commencer par l'habillement. Elle est soutenue par la Fondation C&A, H&M, Nike, The Danish Fashion Institute, Fashion for Good, Cradle to Cradle et MISTRA Future Fashion. Ensemble, ils veulent créer un nouveau système pour les fibres mondiales, qui sera basé sur les principes d'une économie circulaire, et générera une croissance pour les consommateurs et les entreprises, tout en éliminant les impacts négatifs, comme la pollution et les déchets.

« La façon dont nous produisons, utilisons et retraitons les vêtements aujourd'hui est intrinsèquement un gaspillage, et la demande croissante actuelle augmente les impacts négatifs. L'Initiative sur les fibres circulaires vise à catalyser les changements dans l'industrie, en créant une vision ambitieuse et basée sur la réalité et les faits, pour un nouveau système mondial des textiles, étayé par des principes d'économie circulaire, dotés d'avantages économiques, environnementaux et sociaux et pouvant fonctionner avec succès sur le long terme », a déclaré Dame Ellen MacArthur, fondatrice de la Fondation Ellen MacArthur. L'une des premières étapes de l’initiative sera de produir un rapport d'ici l'automne 2017, avec McKinsey & Co., qui expliquera le parcours des textiles à travers l'économie mondiale et les externalités qui découlent du système actuel. Le rapport explorera ensuite à quoi une nouvelle économie circulaire pour les textiles - réparatrice et régénératrice - pourra ressembler et définira les étapes nécessaires pour la construire.

Bien que les résultats et les lancements soient prometteurs, la question demeure de savoir combien de temps il faudra pour que le reste de l'industrie de la mode suive et commence à travailler ensemble, pour arriver à un système circulaire.

Photos : Courtoisie du Copenhagen Fashion Summit

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