Les designers chinois en conquérants à la Fashion Week de New York
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Chen Peng n'a que 26 ans mais ses doudounes très excentriques ont déjà séduit des vedettes comme Rihanna et Lady Gaga. Prêt à conquérir le monde, il incarne l'offensive des designers chinois, de plus en plus en vue à la Semaine de la mode new-yorkaise.
"Partout", répond sans hésiter le jeune créateur, quand on lui demande où il aimerait qu'on puisse acheter ses vêtements à l'avenir. "Qu'on puisse les acheter partout, c'est mon rêve."
Formé à Londres, fan d'Alexander McQueen, Chen Peng a créé la marque qui porte son nom en 2015 et défilait mercredi avec trois autres marques chinoises à la Fashion Week de New York, dans le cadre d'une journée "spéciale Chine" organisée par Tmall, une plateforme du géant Alibaba, visant à les faire connaître du public américain.
Ces nouveaux venus chinois sont d'autant plus visibles cette année que la Fashion Week a enregistré ces dernières saisons la défection de plusieurs créateurs réputés, ainsi que la remise en cause du principe même de défilé de la part de certains designers américains. La présentation de Tmall résulte d'un partenariat stratégique noué il y a cinq ans entre le syndicat professionnel des créateurs de mode américains, le Council of Fashion Designers of America (CFDA), et la Suntchi management company, visant à aider les designers des deux continents à percer les marchés de l'autre.
Pour Chen Peng, le défilé de mercredi a payé: des applaudissements nourris ont salué ses doudounes extra-larges aux allures de Bibendum, ses capuches en pétales de fleur, et ses sacs couleurs pastels en forme de chien - en l'honneur de l'Année chinoise du chien qui commence la semaine prochaine. Chen Peng a expliqué avoir été inspiré par une de ses clientes new-yorkaises, toute menue, qui lui avait dit se sentir vraiment unique et en confiance en promenant son chien dans un manteau trop large.
Parmi les autres marques promues par Tmall, "Peacebird": un label qui compte déjà 4.500 magasins en Chine, pour un chiffre d'affaires annuel de 1,6 milliard de dollars. Une marque au look très jeune, qui rappelle les années 1980, avec des pantalons type jogging, des emprunts aux uniformes d'écoliers, et un partenariat avec Coca-Cola dont le logo se retrouve sur certaines pièces. Ou encore la marque Li-Ning, une marque sportswear fondée par un ancien champion olympique chinois de gymnastique, Li Ning, en 1990.
Ici, tout est très ouvert
Tmall, adossé à Alibaba et à ses 580 millions d'utilisateurs actifs - dont 80 pour cent de moins de 30 ans - est déjà investie à fond dans la tendance "see-now/buy-now" (voyez maintenant/achetez maintenant) qui révolutionne le calendrier de distribution du prêt-à-porter. La plateforme retransmettait les défilés de mercredi en direct à ses clients, avec beaucoup des vêtements présentés achetables immédiatement.
Pour Tmall, le départ de la Fashion week new-yorkaise de grands noms comme Tommy Hilfiger, Proenza Schouler ou Rodarte ne pose aucun problème, au contraire. "New York est la capitale mondiale de la mode, c'est l'endroit parfait pour présenter des marques locales et les montrer à un public international", a expliqué à l'AFP Jessica Liu, responsable mode et luxe chez Tmall. "Ici tout est très ouvert, plein d'énergie et d'innovation."
Si des designers chinois défilent à New York depuis longtemps, leur nombre n'a fait qu'augmenter ces dernières années, et la "journée spéciale Chine" de mercredi a toutes les chances d'être reconduite. "Attendez-vous à plus encore", déclarait récemment le président du syndicat professionnel CFDA Steven Kolb en évoquant ce partenariat stratégique. "Nous avons encore beaucoup d'idées et beaucoup de travail à faire."
Les créateurs chinois s'efforçaient de leur côté de souligner que le partenariat allait bien au-delà de la volonté des marques américaines de bénéficier de la manne financière que représente l'immense marché chinois. "Nous voulons utiliser notre regard chinois sur les choses pour interpréter notre culture", a fait valoir Feng Ye, directeur général du commerce en ligne pour Li-Ning. "Nous avons une connaissance plus approfondie de notre culture, et nous pouvons montrer comment nous construisons des passerelles entre Orient et Occident." (AFP)
Photos: Timothy A. Clary / AFP