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Le voile "pas plus aliénant que la minijupe"

Par AFP

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Le voile n'est "pas plus aliénant que la minijupe", estime mercredi dans Libération la sénatrice EELV Esther Benbassa, en qualifiant de "féminisme de grand-mère" les réactions hostiles au lancement de modes "islamiques", appelées aussi "pudiques". La présidente de Féminisme et géopolitique, Martine Storti, rétorque dans le même quotidien que la ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, a eu "raison" de critiquer de telles modes, car elle "se met du côté de celles qui n'ont pas le choix (...) Il faut toujours être du côté de celles et ceux qui ne peuvent pas choisir. Et qui se battent pour la liberté, la leur et celle des autres". "Laurence Rossignol est-elle 'islamophobe'? Sûrement pas. Ignorante du sujet qu'elle aborde, en revanche, certainement", écrit la sénatrice écologiste pour laquelle "ce féminisme de grand-mère inlassablement ressassé (par 'tant de politiciens') semble peu en phase avec la vision que les femmes ont aujourd'hui de leur identité".

La ministre devrait "reconnaître que toutes les femmes qui portent les jupes courtes et les vêtements sexy imposés par la mode (souvent créé par les hommes) ne sont pas non plus spécialement 'émancipées'", poursuit-elle. "Mesurer le niveau d'émancipation des femmes au degré de raccourcissement de leurs jupes, il fallait y penser! La nudité du corps des femmes comme outil de leur libération?", interroge-t-elle. "Les musulmanes pratiquantes n'auraient donc pas le droit de disposer librement de leur corps? Et les juives pratiquantes, pourquoi n'en dit-on pas un mot? Voilà un 'féminisme' bien sélectif", poursuit Esther Benbassa, en relevant néanmoins que "nul ne niera, dans certains cas de port de voile, la réalité du contrôle social, voire la contrainte".

Martine Storti voit des "raisons multiples et hétérogènes" dans le choix du port du voile: "piété religieuse, positionnement politique, affichage identitaire (...) ou bien pour signifier un refus de la modernité ou pour la contraire la mettre en oeuvre, façon 'c'est mon choix et je vous emmerde'". Néanmoins, met-elle en garde, à l'heure d'internet où "le local n'existe plus", "porté ici (le voile) peut signifier pour d'autres femmes là-bas, une caution à ce qu'elles refusent, cet enfermement qui, peu importe le nom, burqa, tchador, abaya, niqab, hijab, est un enfermement dans le sexe, une négation de la personne, un interdit de liberté. Des milliers de femmes ont lutté au long du XX-ème siècle contre cet enfermement". Elle voit dans le concept de "mode pudique", une "trouvaille géniale de communicant". (AFP)

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