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Le style gorpcore, trail dans la ville

Par AFP

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Off White SS25. Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Paris - Quelle est la différence entre votre ancien prof d'histoire géo qui semblait toujours revenir de rando et une Parisienne branchée ? Plus aucune depuis l'hégémonie de la tendance gorpcore qui plébiscite les vêtements de trek ultra-techniques, même sur le bitume.

De l'ultra-trail du Mont-Blanc aux escaliers du métro, les chaussures Salomon sont à tous les pieds. La veste Beta d'Arc'Teryx en gore-tex imperméable est portée jusqu'à Marseille et la polaire Patagonia est devenue l'indispensable des télé-travailleurs.

Le mot gorpcore, néologisme popularisé en 2017 par le magazine américain spécialisé mode The Cut, est une contraction de "good old raisin and peanuts", encas des randonneurs à base de fruits secs, et de "core" (en anglais coeur, centre). Lancé par des fashionistas pointues en 2015-2016, le gorpcore "devient un vrai phénomène" dès 2018, confirme Aymeric de Rorthays, directeur de la chaîne de magasins de sport de nature Le Vieux Campeur.

Après le Covid, il a vu "un afflux de nouveaux clients plus jeunes" qui n'ont "jamais mis les pieds en montagne", à la recherche de modèles spécifiques vus sur des personnalités, de la mannequin Bella Hadid en Salomon XT-6 rouge jusqu'à la star planétaire du rap Kanye West, sorti de son hôtel en ensemble Decathlon pour la Fashion Week de Paris en février 2024.

"Envie de nature"

Cette tendance s'inscrit dans les suites du normcore, style minimaliste adopté par les rois de la Silicon Valley comme Mark Zuckerberg (Meta), où l'accent est mis sur la simplicité et la qualité des matières.

Pour Juliette de Meo, consultante mode et beauté chez Nelly Rodi, les clients, de plus en plus renseignés et férus de technologies, cherchent des vêtements confortables et à la pointe, sans sacrifier le style. Une façon aussi d'afficher leur appartenance à une communauté d'urbains ultra-connectés à l'aise en ville comme à la campagne.

Car suite à la pandémie et la popularité galopante des sports d'extérieur, "il y a une envie de nature" chez les urbains, pointe Aymeric de Rorthays. Un désir qui avait déjà fait les beaux jours d'Aigle, Helly Hansen et The North Face dans les années 1990. Mais le phénomène était alors balbutiant. "A l'époque, le baroudeur pouvait s'habiller avec n'importe quoi", précise M. de Rorthays. "Alors qu'avec les réseaux sociaux, il fallait qu'il ait un style apprêté, travaillé", incarné par le gorpcore.

Miu Miu / Balenciaga Credits: ©Launchmetrics/spotlight.

"Échapper à la ville"

Face à cet engouement pour des modèles qui existent souvent depuis plusieurs dizaines d'années (la polaire Patagonia date de 1992), les marques ont adopté des stratégies très différentes.

"Au début, on a laissé les choses se faire", explique Jules Graebling chez Salomon. Le département "sportstyle" de la marque française créée en 1947 existe depuis la première collaboration avec la boutique parisienne de mode The Broken Arm autour de la chaussure Snowcross en 2015.

Chez Arc'Teryx, la gamme "Veilance" s'est convertie à une esthétique minimaliste (entre 300 et 1.500 euros), avec par exemple un pantalon sobre mais à la matière ultra-technique "incontournable pour les conditions variables en milieu urbain", selon la marque.

Côté luxe, chez Balenciaga, la collection Automne/Hiver 2025 distille masques de ski et chaussures d'inspiration trail, Maison Margiela dessine des chaussures avec Salomon, Loewe collabore avec On, Gucci avec The North Face... D'autres ont totalement rejeté la tendance.

La marque suisse Mammut, fondée en 1862, a lancé en 2024 une campagne contre le gorpcore, encourageant ses clients à "échapper à la ville" : "nous ne sommes pas une marque de streetwear, nous ne l'avons été et nous ne le serons jamais".

Contactée par l'AFP, Patagonia rejette son inscription dans une "tendance" et met en avant des vêtements écolo et son opposition à la sur-consommation. Certaines marques "se sont rendu compte que ça pourrait nuire à leur image sans être sûr du succès" car les "pratiquants de montagne" ont tendance à se détourner des enseignes trop lifestyle, constate Aymeric de Rorthays.

De son côté, Salomon assure avoir gardé les mêmes bénéfices techniques autour du confort, de l'accroche et de la stabilité quels que soit les modèles, et espère "inspirer" ces nouveaux publics pour qu'ils se mettent à "courir et passer plus de temps à l'extérieur". (AFP)

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