Le Minor : l’amour du savoir-faire

Repris voici trois ans par deux jeunes entrepreneurs, Sylvain Flet et Jérôme Permingeat (fondateurs des nœuds papillon à personnaliser Le Flageolet), Le Minor connaît un joli renouveau stylistique depuis son atelier de Guidel, dans le Morbihan.

La marque patrimoniale de pulls marins, fondée dans les années 1920, est toujours restée une entreprise familiale, jusqu’à sa transmission par acquisition. « Transmission », un terme important pour les deux nouveaux chefs d’entreprise, qui avaient rencontré l’ancienne propriétaire, Madame Grammatico, pour un projet de bonnets dans le cadre du Flageolet. Ils précisent : « les conditions de la vente étaient de rester fidèle à l’ancrage régional et de reprendre l’ensemble du personnel ». Nous avons repris l’atelier avec 23 personnes quand Le Minor en comptait 250 dans son âge d’or, les années 1970. Aujourd’hui, nous sommes 62, toute une nouvelle génération de bonnetières et bonnetiers, de couturières et couturiers, dans un contexte pourtant difficile pour l’industrie textile française, et surtout, pour la maille en Bretagne. Nous avons mis en place un système de tutorat pour la transmission des savoir-faire entre anciens et jeunes recrus », détaille Sylvain Flet. Un programme de formation qui a été structuré par l’IFTH (Institut Français du Textile Habillement).

Le Minor : une marque française principalement vendue au Japon

Depuis toujours, la totalité des produits est fabriquée dans l’atelier de Le Minor, un site intégré, du tricotage à la coupe, en passant par l’assemblage. Seul l’ennoblissement est sous-traité chez un partenaire local. Les fils proviennent de deux filatures, l’une dans les Vosges, l’autre dans les Pyrénées. La pièce phare ? Le pull marin près du corps avec patte de boutonnage à l’épaule, en laine vierge, sans concession ! (Le Minor fut d’ailleurs avant 2010 un fournisseur officiel de la Marine Nationale). Toutes les matières sont naturelles, du mérinos au coton, les mélanges avec du polyamide ou du polyester ont été bannis depuis l’arrivée de Sylvain Flet et Jérôme Permingeat. Voilà pour l'aspect patrimonial. Le tandem a ajouté une ligne plus urbaine, plus contemporaine, une façon plus actuelle d’exprimer tout le savoir-faire de l’atelier. À l’instar de ces luxueux et cosys hoodies en molleton de mérinos.

Pour autant, et le fait est peu connu, Le Minor reste principalement vendu au Japon. « En 2018, ce marché représentait 85 pour cent du chiffre d’affaires. Nous ne nous en plaignons pas mais essayons de rééquilibrer la ventilation des ventes. Aujourd’hui, le Japon est à 65 pour cent, la France à 25 pour cent, et nous sommes en train d’ouvrir la Grande-Bretagne », précise Sylvain Flet.

La marque possède deux boutiques en propre, son magasin historique de la rue du Sabot, dans le VIe arrondissement de Paris, et son magasin d’usine, à Guidel, une usine que les dirigeants font volontiers visiter. Le e-shop est, de fait, la plus grande boutique de la griffe, qui séduit peu à peu concepts stores et boutiques premiums, comme Merci, Centre Commercial ou encore Flâneurs, à Rennes.

Contribuant à ancrer localement des gestes d’artisans devenus rares, Le Minor a été cette année l’un des lauréats du plan France Relance, visant à la réindustrialisation des territoires. À la clé, une subvention de 400 000 euros, utilisée pour investir dans la modernisation et l’agrandissement de l’équipement, neuf machines à tricoter rectilignes et trois métiers circulaires à l’heure actuelle.

L’engagement durable et un autre pilier de la marque, indissociable finalement de son ADN local. « Nous privilégions évidemment la qualité aux volumes, certains de nos pulls durent 40 ans, selon les témoignages d’une ancienne clientèle de Bretons, fans de la marque depuis toujours et que nous avons conservée », souligne Sylvain Flet. L’ouverture du rayon seconde main de la marque, en janvier 2021 a encore approfondi cette dimension de mode durable.