Le maillot "flashy" du Nigeria, l'atout mode que tout le monde s'arrache
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Les "Super Eagles" ne vont peut-être pas "gagner la Coupe du monde" en Russie, en dépit du souhait de leur président de Fédération. Mais s'il existait un trophée du plus beau maillot, nul doute que la collection été 2018 du Nigeria aurait été sacrée.
Lors de leur entrée en lice face à la Croatie, samedi (21h00) à Kaliningrad, la star de la sélection ne sera ni le capitaine John Obi Mikel ni la coqueluche du CSKA Moscou Ahmed Musa, mais bien le maillot "flashy" blanc et vert citron, frappé de chevrons blancs et noirs, qu'ils porteront tous les deux.
De Lagos à Paris, en passant par Londres et Moscou, point-névralgique du Mondial-2018 en Russie, la tunique est devenue un phénomène de mode qui touche bien au-delà des simples fans de football du monde entier.
"Sold out" seulement quelques heures après sa sortie, elle est désormais introuvable sur le site internet de Nike, l'équipementier américain du Nigeria et créateur du maillot. Même dans son nouveau point de vente moscovite, inauguré lundi en grandes pompes au coeur du Parc Gorki, les consommateurs ont dû se contenter des maillots brésiliens ou français.
"C'est fantastique !", se félicite auprès de l'AFP Bert Hoyt, vice-président de Nike en charge du football, qui explique son succès par la "capacité à mettre ensemble +design+ et innovation, et à connecter (le maillot) à la culture jeune."
Mais combien de tuniques ont été déjà écoulées? Avant même sa sortie officielle fin juin, trois millions de pré-commandes auraient été effectuées selon ESPN, qui cite le vice-président de la fédération nigériane Shehu Dikko.
"Nous ne savons pas d'où viennent ces chiffres", affirme M. Hoyt. "Nous savons juste que les ventes ont été phénoménales, exceptionnelles. Mais il est encore trop tôt pour donner un chiffre."
Outre le design "stylé", quelles sont les raisons plus profondes d'un tel succès alors que, dans la grande majorité, les personnes ayant acheté le maillot ne sont pas des supporters des "Super Eagles" ?
"Moi le premier, et je sais que ça a fait un tollé sur internet. Après cela ne concerne pas que le Nigeria. Si cela avait été le maillot du Sénégal à avoir autant de style, c'est lui qui aurait fait un carton ", explique à l'AFP Jean-Baptiste, un collectionneur de maillots parisiens âgé de 27 ans.
"Aujourd'hui, le maillot de foot tend à se mettre dans la vie de tous les jours ou le week-end avec un jeans. Nike a vraiment réussi à en faire un vêtement de mode", ajoute-t-il, citant aussi l'exemple des maillots bariolés du championnat thaïlandais, qui ont fait fureur l'été dernier en France.
Devant l'ampleur du phénomène, Nike va-t-il lancer une nouvelle production pour satisfaire la forte demande ? "Potentiellement", s'est contenté de répondre à l'AFP Bert Hoyt, évasif.
En attendant, il faudra ruser ou payer le prix fort pour les retardataires qui rêvent de se le procurer. Au Nigeria, des répliques contrefaites sont disponibles dans tous les marchés animés afin d'éviter de lâcher 85 euros, son prix officiel en magasin.
Un négociant du marché de Lagos a de son côté déclaré qu'il vendait des maillots provenant de Thaïlande pour 17.000 naira (environ 40 euros), un tarif quand même bien trop élevé pour beaucoup de gens, alors que le salaire minimum mensuel est fixé à 18.000 nairas.
"Ceux que je vends ici sont de la plus haute qualité sur le marché", affirme-t-il auprès de l'AFP. "À 14 heures, je recevrai 1000 pièces de plus, et d'ici le week-end, ce sera parti."
Pour ceux qui veulent un produit authentique, il faudra débourser au moins 300 euros sur le marché noir ou sur les plateformes de reventes. "Je sais qu'il y en a qui sont prêts à payer le maillot beaucoup plus cher pour en avoir parlé avec d'autres collectionneurs. Certains pourraient même me proposer trois fois le prix magasin, voire plus", raconte Jean-Baptiste, dont la collection avoisine la centaine de pièces rares. "On me l'a déjà demandé pour d'autres maillots, il n'y a pas de raison pour que cela se fasse aussi pour celui-là. Mais je ne le vendrai jamais !" (AFP)
Photos: Nike newsroom