Le luxe réversible de Victoria / Tomas : un concept payant
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Paris - Marque de créateur indépendante, Victoria / Tomas a présenté mardi une collection colorée, toujours intégralement axée sur le concept novateur mis en place durant la pandémie : des pièces de luxe réversibles.
Inscrite au calendrier de la FHCM, Victoria / Tomas est l’une de ces jeunes marques émergentes remarquées par la sphère mode grâce à sa participation à un concours réputé (ici celui du Festival de Hyères en 2013). Discrètement, le label de luxe créé en 2012 poursuit son développement : « Ce que l’on aime c’est qu’on apprend en créant. On ne suit pas les règles », confie le couple co-fondateur, Victoria Feldman et Tomas Berzins, lorsque nous les interrogeons en backstage du défilé le 1er mars dernier, rue Etienne Marcel.
Indépendante et développée de manière « organique », le label a pris des décisions qui semblent lui réussir. Pour régler le problème d’approvisionnement des usines durant la pandémie, Victoria et Tomas décident de lancer leur production à Paris : un espace dans le 19e arrondissement qu’ils envisagent d’ailleurs d’agrandir. Mais la véritable bonne décision est celle d’une proposition stylistique entièrement basée sur des pièces réversibles, donc à double-utilité, et ce pour toutes les collections dès le printemps-été 2021.
« On connaît bien les vêtements réversibles dans le sport mais pas dans le milieu du luxe »
« Quand on a lancé ce concept, on s’est demandé si les gens allaient comprendre, apprécier et le porter. On connaît bien les vêtements réversibles dans le sport mais pas dans le milieu du luxe », explique Victoria. « Au bout de quelques saisons, on a compris que les clients adoraient parce qu’on a eu pas mal de nouveaux points de vente, malgré tout ce qui se passait dans le monde et le fait que les gens ne sortaient pas beaucoup. Les gens ont apprécié le côté écologique : on peut acheter moins de pièces et avoir plus de choix dans sa garde-robe. »
Lors des premiers confinements, la marque a d’abord perdu 70 pour cent de ses clients. Étant particulièrement présente sur les marchés asiatiques et américains, il était compliqué pour les acheteurs de suivre une jeune marque sans avoir vu les pièces. Vient alors l’idée d’un vêtement réversible, une stratégie gagnante qui fera « (re)venir beaucoup de clients actuels et nouveaux » confie la marque.
« Il y a deux vibes de chaque côté du vêtement et cela donne envie d’acheter. C’est un bonus pour l’acheteur final. Et c’est également plus facile pour les ventes en boutiques, c’est quelque chose auquel on a pensé », explique Tomas.
Lors de son défilé, le couple a ainsi présenté chaque pièce sur deux silhouettes. Bien que pratiques, les vêtements ne font pas l’impasse sur la fantaisie : les franges emblématiques de la griffe égaient la démarche, les couleurs sont vives, les volumes et coupes sophistiquées.
Parmi ses nouveaux marchés, la marque déclare désormais compter sur des points de ventes à Dubaï, Oman et au Koweït ainsi que sur de nouveaux clients aux USA dont Joan Shepp à Philadelphie. Bien développée en Asie, avec notamment des points de vente à Séoul, Shanghai et Taiwan, les acheteurs français restent toutefois encore à conquérir.