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Le jeu tourbillonnant de chaises musicales dans la mode mondiale

Par AFP

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Image illustrative d'un trône. Credits: William Krause via Unsplash.

Milan (Italie) - Qui sera le prochain directeur artistique de Chanel ? Où ira Pierpaolo Piccioli après son départ de Valentino en mars? De New York à Londres, aujourd'hui à Milan, demain à Paris, ces questions alimentent le grand feuilleton du "fashion game" mondial.

C'est que, dans un contexte de récession des grandes maisons, le mercato des directeurs artistiques n'a jamais été aussi mouvementé, jusqu'à prendre des allures de "Game Of Thrones", alors que la Fashion week de Milan bat son plein.

Cette année, pas un mois ne s'est passé sans son lot d'annonces de démissions ou nominations: Pierpaolo Piccioli a quitté Valentino en mars et dans la foulée, la maison romaine a nommé à sa direction créative Alessandro Michele, dont le défilé prévu le 29 septembre à Paris est un des plus attendus.

Chez Chanel, Virginie Viard, qui avait naturellement succédé à Karl Lagerfeld après sa mort en 2019, a annoncé en juin son départ, laissant un poste clé vacant. Les rumeurs vont bon train et le nom de Simon Porte Jacquemus est évoqué pour reprendre la maison de Coco.

Le même mois, Dries Van Noten, le couturier culte d'Anvers, a tiré sa révérence pour son dernier défilé à la direction de sa propre maison éponyme.

La semaine dernière, le suspense concernant Givenchy, orpheline depuis le départ en janvier de Matthew Williams, s'est achevé avec l'annonce de l'arrivée de Sarah Burton, transfuge de la maison anglaise Alexander McQueen dont elle s'occupait depuis plus de 13 ans.

"Au suivant!"

Pour les marques qui défilent d'habitude à Milan, le jeu est le même et explique leur absence des podiums cette saison: Blumarine vient de nommer le Géorgien David Koma à sa tête, Tom Ford, après le départ de Peter Hawkings en juillet après un an à son poste, a nommé début septembre Haider Ackermann, le chouchou des stars Timothée Chalamet et Kylie Jenner.

Les directeurs artistiques remerciés par les maisons de mode sont souvent soumis à des accords de non-concurrence de un à deux ans les empêchant de reprendre tout de suite les rênes d'une maison.

Ces périodes sont généreusement indemnisées mais rien n'empêche leur nouvel employeur de prendre en charge ce coût pour abréger leur délai de prise de fonction.

Dans ce contexte, les rumeurs vont bon train. Combien de temps encore Kim Jones restera-t-il à la tête du design de Fendi ? Quid de John Galliano dont le contrat chez Maison Margiela touche à sa fin et que certains voient chez Dior ou Fendi ?

"Derrière ces annonces, il y a des humains, il y a des destins. Il y a la vie de personnes qui donnent leur intelligence, leur vision, leur temps, leur passion à des maisons sous pression du marché, qui veulent des résultats immédiats, dans des temps records. Les directeurs artistiques doivent faire les chiffres en une saison, deux maximum, et si les résultats ne sont pas là, au suivant !" observe Alessia Pellarini, consultante créative pour les marques et fondatrice de The AP Archive, un fonds d'archives de pièces phare de l'histoire de la mode.

"Homme blanc européen"

"Il faut bien être conscient que ce travail demande du temps, demande de comprendre la marque, son héritage, son histoire, pour proposer certes quelque chose de nouveau mais sans tout chambouler. Cette vision à court terme pour répondre aux exigences du marché ne fait que baisser la qualité culturelle de l'offre", déplore-t-elle.

Elle-même a quitté en 2023 la direction du bureau de style de Fendi, un poste qu'elle a occupé pendant onze ans, travaillant au coude à coude avec Karl Lagerfeld puis Kim Jones.

Est-elle pour autant légitime pour reprendre la direction artistique d'une grande maison? "Oui sauf que je suis une femme ! J'ai beau avoir toutes les qualités et le CV parfaits, dans ce jeu de chaises musicales, on est quand même obligé de constater que le profil type continue d'être un homme blanc européen !"

La contre-attaque semble arriver là où ne l'attendait pas avec des grands couturiers qui se tournent vers les marques plus grand public. Clare Waight Keller, ex-Chloé puis Givenchy, vient de prendre la direction artistique du géant japonais Uniqlo. Et Zara a annoncé une collection capsule début octobre créée par Stefano Pilati, ancien directeur artistique de Saint Laurent puis de Zegna.(AFP)

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