Le conte de fées féministe de Dior
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Paris - Le Petit Chaperon rouge et Alice se sont invités lundi dans l’univers de Dior pour un conte de fées féministe, où l’on danse autour de miroirs sans reflets.
Pour présenter la collection prêt-à-porter femme dans le cadre de la Paris Fashion week virtuelle, la créatrice italienne Maria Grazia Chiuri, en collaboration avec l’artiste italienne Silvia Giambrone et la chorégraphe israélienne Sharon Eyal, ont investi la galerie des Glaces du château de Versailles, toute à la gloire de Louis XIV.
Les danseuses et mannequins dialoguent avec l’installation de Silvia Giambrone qui cache les imposantes “glaces” avec ses miroirs en laiton, résine, cire ou en acacia.
La présentation du film dévoilé avec quelques jours de retard dû aux difficultés de la production, en pleine pandémie, coïncide avec la journée internationale des droits des femmes.
“Dans les contes de fées, les femmes ont un rapport fort avec le miroir, fait d’attraction et de révulsion. Devant le miroir, on se voit souvent à travers le regard des autres”, explique à l’AFP Maria Grazia Chiuri.
“Si nous voulons construire notre propre identité, nous ne devons pas nous regarder dans le miroir”, ajoute-t-elle.
La présence des danseuses, en tenues seconde peau, devant ces miroirs à ronces, vient renforcer ce message.
“Quand une femme danse, il n’y a pas de miroirs, elle est avec elle-même et pas une image d’elle”, souligne Maria Grazia Chiuri qui fait de ses défilés des manifestes féministes.
La rose et les ronces
Le rouge Dior, mythique veste bar munie de capuche, robe d’une jeune fille victorienne avec des manches ballons évoquant à la fois Alice au pays des merveille et la jupe en corolle du New Look: la collection crée des passerelles.
Et rappelle qu’avant d’être écrits par les hommes, la plupart des fables ont été racontées oralement lors de salons féminins contemporains du règne de Louis XIV, souligne Dior dans une note qui accompagne la collection. Un fait revalorisé dans des études littéraires, mais peu connu du grand public.
Celle conçue par Maria Grazia Chiuri met en scène une princesse punk à l’oeil charbonneux qui traverse un bois enchanté en boots avec des chaussettes intégrées, mocassins ou escarpins ornés d’une rose et de ronces.
Une robe de tulle brodée de roses a un effet griffé comme si celle qui la porte s’était promenée au milieu des arbustes. L’ambiance évoque “La Belle et la Bête” de Cocteau, avec sa poésie noire, à la fois merveilleuse et angoissante.
Avec le Covid-19, “nous vivons un temps suspendu”, dit Maria Grazia Chiuri.
“C’est un temps des contes où il y a ces bois enchantés qui ne reprennent pas les couleurs tant que la vie ne renaîtra pas”, ajoute-t-elle en estimant nécessaire de “faire preuve de l’imagination pour créer du désir, de la légèreté et de l’espoir”.
“Les grisailles” des manteaux et tailleurs en tweed côtoient dans la collection le rouge, éclatant ou chiné .
Le motif léopard, cher à Christian Dior, se décline sur un manteau trench en jacquard, une veste en jean ou une jupe en double cachemire.
Les cols blancs et les plastrons en broderie anglaise évoquent le monde de l’enfance. Les robes du soir longues et aériennes, en tulle superposé, rappellent un monde où les sorties mondaines et les cérémonies sur tapis rouge sont de l’ordre du possible. (AFP)
Image: Dior