La mode belge célébrée sous toutes ses coutures
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La mode belge, laboratoire stylistique trop souvent confiné au seul succès de ses créateurs phares, se retrouve jusqu'au 13 septembre au centre d'une grande rétrospective au Palais des Beaux-Arts (Bozar) de Bruxelles. Et si l'ascension de la mode belge était l'histoire d'un malentendu, comme le souligne le titre de l'exposition: "An unexpected fashion story" ("une histoire de mode inattendue") ? Rien n'assurait ce petit pays, écrasé par l'influence toute-puissante de Londres et de Paris, d'arriver à imposer progressivement ses créateurs à la tête des maisons de couture les plus influentes. "La réussite des designers belges provient de plusieurs facteurs", explique à l'AFP Dieter Van Den Storm, commissaire d'exposition au musée Bozar. "Tout d'abord il y a la formation: la Belgique est reconnue pour l'excellence de ses écoles de mode. Ensuite les jeunes créateurs sont moins accablés par le poids de la tradition qu'en France. Ils peuvent innover plus librement et ils ne s'en privent pas ! Ils mélangent plus facilement les genres, les tissus et les influences. Résultat: les Belges sont les plus en avance sur les textiles et les coupes de demain", poursuit le spécialiste.
Des designers belges célèbrent dans le monde entier
Au début du XXème siècle, la Maison Norine s'inspire des peintures surréalistes pour élaborer les coupes novatrices de ses robes. Le vrai tournant survient à la fin des années 80, à Anvers (nord), où une série de jeunes créateurs révolutionnent le conservatisme du milieu de la couture et placent la Belgique sur la mappemonde du style. Certains deviennent des stars tels Martin Margiela et ses défilés conceptuels, ou Dries Van Noten qui combine les imprimés délaissés aux matériaux originaux. Portés par le succès vestimentaire du royaume, Kris Van Assche et Raf Simons percent à leur tour et prennent respectivement la direction de Dior Homme et de Dior haute couture. Très didactique, l'exposition revient pas à pas sur cette "success story" et regorge de détails: chaque salle comporte une vingtaine de robes et de costumes, puisés dans les archives personnelles des créateurs. Le visiteur découvre des interviews exclusifs, des projections des défilés les plus marquants ainsi que de nombreuses oeuvres d'arts, signes des liens charnels entre la mode belge et les autres disciplines plastiques. En point d'orgue, le portrait de la créatrice Diane von Furstenberg réalisé par Andy Warhol trône au centre de la pièce principale.
La dernière salle de l'exposition est consacrée aux grands espoirs de la profession: on y retrouve les créations de sept élèves issus des sept écoles du royaume. Comme pour prouver que la mode belge n'est jamais figée et cherche sans cesse à aller de l'avant. (AFP)