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La mode asexuée brouille les genres dans les défilés londoniens

Par AFP

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Vêtements pour homme ou pour femme, qui s'en soucie? La mode asexuée est le maître mot de nombre de stylistes aujourd'hui comme l'ont illustré les défilés de la Fashion Week de Londres ces derniers jours. Des coupes lourdes, sombres et asymétriques de Christopher Kane au défilé de mannequins hommes et femmes dans des vestes militaires chez Burberry, le style masculin était très présent dans les collections de prêt-à-porter féminin de l'automne/hiver 2016-17.

Londres n'est pas la seule à se jouer des idées préconçues sur les sexes et l'identité. A Milan le mois dernier, les hommes d'Alessandro Michele -arrivé l'an dernier chez Gucci- avaient aussi des airs androgynes avec leurs cheveux souvent longs, leurs coiffes rose bonbon à pompons et leurs imprimés fleuris aux couleurs pastel.

Les mannequins transgenres, comme l'australo-bosnien Andreja Pejic ou le brésilien Lea T, sont parmi les plus recherchés actuellement dans le monde de la mode. L'une de ces étoiles montantes est la top model Rain Dove, qui, avec ses courts cheveux noirs, sa mâchoire carrée et ses 1m90, défile à la fois pour les collections masculines et féminines.

Les marques "se rendent compte qu'elles ne peuvent plus duper le public en leur faisant croire qu'il n'y a qu'une seule façon d'être et que la taille 34 est la chose la plus commune au monde", déclare-t-elle à l'AFP. Elle attribue ce changement à l'influence sans cesse grandissante des médias sociaux, qui obligent les marques à afficher "plus de diversité, que cela leur plaise ou non".

Rain Dove est devenue mannequin après avoir travaillé chez les pompiers et dans la construction. Elle a décroché son premier gros contrat pour un défilé de sous-vêtements Calvin Klein, après un casting où elle a été prise pour un homme. "Toute ma vie, j'ai dit en plaisantant que j'étais une femme moche", confie-t-elle. "Quand on me prend pour un homme, les gens disent 'il est super, il est grand, il est jeune'".

Un appel aux changements dans l'industrie de la mode

Militante, Rain Dove défend l'idée que les femmes ne doivent pas avoir honte de leur apparence. L'année dernière, elle a posé pour de la lingerie avant de proposer deux versions des photos: l'originale à côté d'une version retouchée avec les visages des mannequins de Victoria Secret à la place du sien. "Je n'ai pas le temps d'être entravée par les inégalités", dit celle qui a défilé deux fois à Londres cette saison. "Que quelqu'un m'appelle monsieur ou madame, je m'en fiche du moment que l'intention est bonne".

Les jeunes créateurs à Londres semblent partager son point de vue tandis que certains au sommet de l'industrie sont encore relativement conservateurs. Claire Barrow, l'une des jeunes créatrices les plus en vue pour son style inspiré du punk, explique que ses vêtements sont "toujours asexués". "Je veux faire en sorte que les choses changent et qu'il n'y ait pas que des filles blanches et maigres sur les podiums", dit-elle à l'AFP.

Hormis l'influence des médias sociaux, certains experts signalent une lente évolution des mentalités au Royaume-Uni et ailleurs. "Nous essayons de mieux accepter la différence et la diversité, les personnes LGBT (lesbiens, gays, bisexuels, transgenres) eet les vêtements qui ne disent pas seulement que vous êtes un homme ou une femme mais aussi quel individu vous voulez être", explique à l'AFP Carolyn Mair, professeur de psychologie au London College of Fashion. De son côté, Rain Dove appelle de ses voeux des changements plus profonds dans l'industrie de la mode. "La prochaine grande étape est de simplement abandonner les étiquette d'homme et de femme", estime-t-elle. (AFP)

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