La Fashion week de New York s'ouvre par un appel à voter, inquiète d'un retour de Trump
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New York - Des créateurs américains de renom au premier rang d'une marche pour le vote, Jill Biden appelant à protéger les libertés face à Donald Trump: la Fashion week de New York s'est ouverte vendredi, plus politique que jamais, à deux mois de l'élection présidentielle.
Avant un nouveau marathon de défilés, le secteur s'est donné rendez-vous au pied des vitrines clinquantes des grands magasins Macy's, au coeur de Manhattan, lors d'une manifestation inédite pour souligner l'importance d'un vote "crucial", le 5 novembre.
Tee-shirts du styliste Zac Posen (Old Navy, Gap) barrés des slogans "VOTE" et "la mode pour notre avenir" sur le dos, la grande prêtresse de la mode américaine et rédactrice en cheffe de Vogue Anna Wintour, ainsi que plusieurs créateurs célèbres comme Thom Browne, Michael Kors et Tory Burch, ont traversé un morceau de l'avenue Broadway, précédant environ un millier de personnes, mannequins, influenceurs, commerciaux ou couturiers.
L'événement, organisé par le syndicat de la mode américaine (CFDA), se voulait officiellement "non-partisan". Mais l'apparition d'une vedette surprise, la Première dame Jill Biden, a confirmé que le secteur, réputé progressiste, voulait envoyer un message plus clair et peser dans la campagne, alors qu'Anna Wintour a déjà participé à des récoltes de fonds pour le camp démocrate.
"Libertés"
Souvent présente aux défilés, comme la veille à celui, hors calendrier, de Ralph Lauren, l'épouse du président démocrate sortant Joe Biden a lancé un appel à protéger les "libertés", comme celles d'"être qui vous êtes" et "d'aimer qui vous aimez". Des libertés selon elle "menacées par des décisions de justice, des interdictions de livres, des haussements d'épaules apathiques quand les gens oublient le pouvoir du vote".
Elle a aussi déploré l'énième tuerie, à l'origine de quatre décès, survenue mercredi dans un lycée dans l'Etat de Géorgie, en réclamant à nouveau "l'interdiction des fusils d'assaut" que Joe Biden n'est pas parvenu à faire adopter par le Congrès divisé.
Avant elle, la créatrice Aurora James, connue pour avoir dessiné la robe barrée de l'inscription "TAX THE RICH" que portait l'égérie de la gauche Alexandria Ocasio-Cortez lors d'un gala du Metropolitan Museum de New York en 2021, a lancé un vibrant plaidoyer pour une Amérique ouverte, "où chacun de nous contribue à notre succès collectif".
"Mais cet automne, ce succès est en jeu. Il a déjà été menacé par le passé, et nous ne pouvons absolument pas revenir en arrière", a-t-elle ajouté, dans une allusion à peine voilée au premier mandat de Donald Trump (2017-2021).
"Bulle"
Tout en jouant sur des valeurs d'ouverture, les grandes marques cherchent habituellement à se tenir éloignées des querelles politiques aux Etats-Unis, de peur d'être prises pour cible par un camp ou par un autre.
La Fashion week de New York en février 2017, dans la foulée de l'élection de Donald Trump, avait néanmoins pris une tonalité beaucoup plus offensive à l'encontre du milliardaire républicain, des défilés dénonçant sa politique migratoire et défendant le droit des femmes à disposer de leur corps.
"Ici, nous sommes dans la bulle de la bulle de la bulle", "nous sommes à New York", un bastion démocrate, "et nous sommes dans la mode", ironise parmi les manifestants Ulrich Grimm, un créateur d'accessoires et professeur à l'école de design renommée Parson School.
A côté de lui, la créatrice Joy Gryson dit s'inquiéter pour les libertés, "en particulier pour les femmes, les personnes issues de la diversité, les LGBTQ".
Près d'une centaine de marques présenteront leur collection printemps-été 2025, dont de nombreux talents émergents et quelques poids lourds comme Tommy Hilfiger.(AFP)