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La chaise musicale: les Pop Stars remplacent les directeurs artistiques

Par Jackie Mallon

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Peter Dundas était un disciple de Cavalli, qui a fait ses armes dans son équipe de création, avant de passer chez Pucci, puis d'être invité à revenir chez Roberto Cavalli comme directeur de la création. Bien que son retour aux sources ait été salué, le créateur a été évincé la semaine dernière, après seulement 18 mois.

Aussi, la semaine dernière, Donatella Versace a annoncé l’arrivée de la rock star Zayn Malik, qui a quitté One Direction, comme directeur artistique de sa ligne Versus. Il est également le petit ami de Gigi Hadid. La maison italienne a toujours eu des liens avec l'industrie de la musique, mais les artistes comme Prince et Lenny Kravitz avaient plus l’habitude de divertir après les défilés, que pendant.

Donatella Versace dévoile ainsi une stratégie, qui laisse entendre que ce sera la première d’une longue série de collaborations. Elle a avoué à Vogue : « Cela me permet de parler à ses followers. Je veux écouter la langue, je veux apprendre. Je veux savoir ce qu'ils pensent, ce qu'ils aiment. Ils sont une nouvelle génération, que je n’atteindrais jamais, si je ne passe pas par quelqu'un comme Zayn. »

Le pouvoir de l’Insta-couple

Zayn Malik et Gigi Hadid réunissent près de 40 millions de followers Instagram. L'industrie de la mode, en essayant de suivre les tendances, devient, ironiquement, le suiveur des suiveurs. Les créateurs ne durent pas plus d’une saison. Ils sont juste un autre produit de See-now-buy-now. Ils sont courtisés, lancés à coup de grande publicité et grassement payés, alors presque du jour au lendemain, ils sont mis dehors, et la maison annonce sa nouvelle empreinte. Les chiffres d’Instagram sont surveillés comme le marché boursier. Karl Lagerfeld a été l'un des premiers followers quand il a mis Kendall Jenner sur le podium de Chanel, il y a moins de trois ans, en saisissant l'attention de ses 67 millions d'adeptes, soutenant efficacement sa carrière de mannequin et en la rendant omniprésente depuis. Même Chanel doit suivre.

Il fut un temps où les directeurs artistiques étaient des chiffres, anonymes, créant des collections loin des projecteurs, se taillant une carrière comme des personnes respectées, maîtres dévoués dans leur domaine. Alexander McQueen et John Galliano étaient les exceptions et non la norme. Ils étudiaient le design, et avaient suivi un parcours académique à succès, comme l'architecture ou la création graphique. Les personnes intéressées devaient répondre aux exigences d'entrée difficiles des meilleures écoles, faire des stages, puis apprendre sur le tas comment mettre en pratique leurs compétences professionnellement.

Bûcher des vanités

Les jeunes créateurs pourraient trouver un certain réconfort dans le fait qu'à cette époque, les célébrités lançaient des lignes de vêtements presque tous les jours, et échouaient : LL Cool J, Beyoncé, Sarah Jessica Parker, Andre 3000, Lindsay Lohan, Snoop Dogg, 50 Cent, etc. Certains d'entre eux refusent de d’abandonner en dépit du manque de pertinence dans l'industrie de la mode d'aujourd'hui (P Diddy); certains continuent à essayer sous différents angles, portés par le succès de Victoria Beckham (Jennifer Lopez). Les étudiants de mode pourraient néanmoins se consoler en regardant ces projets vaniteux partir en flamme.

Voilà pourquoi nous sommes allés à l'école et nous nous sommes endettés pour les frais de scolarité, les diplômés ont un sens. Nous avons ce talent particulier qui nous distingue.

Bien qu'un phénomène étrange, des lignes de célébrités ne sont pas uniques à ce siècle. Même les Beatles ont tenté de tirer profit de leur succès largement reconnu quand ils ont lancé leur Apple Boutique en 1969. Mais peu importe l'époque, le manque d'authenticité associé à ces célébrités, collant leur nom sur une paire de leggings et des chaussures de marque, ont échoué à fidéliser les clients. Et les professionnels de l'industrie de la mode ont tranquillement poussé un soupir de soulagement, ont baissé la tête et ont continuéleur travail. En coulisses.

Designer du jour

Mais dans un étrange renversement de fortunes, les maisons de mode établies pourraient être prêtes à supplier les célébrités, pour prendre la place de principale tête pensante de la création. (La collection Gigi Hadid pour Tommy Hilfiger était un lancement très médiatisé au cours de la dernière Fashion week.) A l'intérieur des grandes maisons, il y a un système et une équipe en place qui s’assurent du maintient de l'intégrité du produit de la marque, des archives à revisiter afin de fournir l'inspiration, des clients qui attendent d'acheter et des magasins prêts à vendre ce qui est créé. La célébrité peut prendre la place du créateur, avec rien à perdre. Après tout, elle peut toujours revenir à son travail de jour et n'être que Gigi Hadid.

« La chose que je souhaite le plus, grâce à cette opportunité, est d'apprendre. En savoir plus sur la façon dont le processus fonctionne, apprendre à avoir confiance en partageant mes idées, et, bien sûr, faire partie d'un processus à laquelle je contribue véritablement. J’espère que je pourrais développer une collection avec Donatella qui reflète véritablement qui je suis et ce que je veux », a expliqué Zayn Malik.

Mais dans un sombre On achève bien les chevaux ? scénario, la question pourrait devenir : Où les créateurs vont quand ils sont virés ? Ils ont déjà les connaissances que Zayn Malik espère gagner, l'expérience et la vision. S’ils parviennent à gagner ce rôle qui potentiellement peut changer leur vie, ils l'acceptent, pas avec l'optimisme dont fait preuve Zayn Malik, mais avec un nœud coulant autour de leur cou. Avec à peine le temps de placer une plante en pot sur leur bureau, ils savent qu'ils doivent briller à travers le ciel de la mode comme les aurores boréales sur l'acide. Ils doivent gagner plus d'adeptes que la première tournée solo du dernier membre de boyband.

Vous pouvez tout lire !

Il y a maintenant autant de directeurs de création qui ont échoué que de lignes de mode de célébrités échouées. Lorsque les créateurs sont évincés, les sites web l’annoncent comme un crieur sur la place publique. Le créateur titubant, a encore du mal à insérer son bras dans la manche de son manteau, que sa boîte de Pantones est jetée derrière lui dans la rue, avec la porte qui claque. Il est alors lorgné par la foule goguenarde alors qu’il fait une brève déclaration dans laquelle il remercie la maison pour cette opportunité. La plante en pot tombe d'une fenêtre du deuxième étage.

Il n’a même pas duré six mois ! hurlent-ils.

On en arrive à se demander si l’humiliation vaut les quinze minutes de célébrité. Etre caché était finalement un luxe.

Écrit par: Jackie Mallon, est professeure de plusieurs programmes de mode à New York et est l'auteur de Silk for the Feed Dogs, un roman sur l'industrie de la mode internationale.

Images: Facebook de Zayn Malik et Kendall Jenner.

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