L'extravagance chic de Schiaparelli
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Le rose shocking, les vestes aux épaules marquées, les initiales ES: les codes de Schiaparelli sont bien au rendez-vous de la première collection haute couture du nouveau directeur du style Bertrand Guyon, qui a fait défiler lundi au "Théâtre d'Elsa" des silhouettes à "l'extravagance mesurée".
Le décor est un clin d'oeil aux théâtres parisiens des années 1930, et les 36 silhouettes portent des titres de pièces, de Sacha Guitry à Jean Giraudoux. Le fameux rose qui était la signature d'Elsa Schiaparelli, grande rivale de Chanel, se retrouve sur des talons, un chemisier lavallière, des fourrures, une robe à traîne. D'autres couleurs vives, jaune et rouge, ponctuent la collection qui chatoie avec des tissus brochés et du brocart.
Elsa Schiparelli comme muse pour le créateur Bertrand Guyon
Ancien de Valentino, le créateur français Bertrand Guyon a rejoint en avril la griffe légendaire, qui a fait son retour sur les podiums en janvier 2014, après une pause de près de 60 ans. Il a expliqué s'être inspiré au départ d'Elsa Schiaparelli elle-même, quand elle était jeune, avant l'ouverture de sa maison de couture en 1935 place Vendôme. C'est là qu'avait lieu le défilé, auquel assistait la star méricaine Meg Ryan. "Ce qui m'intéressait, c'était ces silhouettes que l'on connaît un peu moins avec une austérité, une simplicité aussi, qui n'est pas l'image qu'on a spontanément d'Elsa Schiaparelli. Et en même temps le contraste avec l'extravagance qu'elle a quand même au fond d'elle-même", commente Bertrand Guyon. "Elle était probablement une femme plutôt réservée, plutôt timide, mais avec le sens du théâtre, de l'extravagance mais toujours mesurée, chic", fait-il valoir.
Noir et blanc, jupe-culotte, tweed et écossais confèrent une certaine rigueur, qui s'enhardit d'éclatantes broderies et des patches de fourrures colorés, inspirés d'artistes comme le performer australien Leigh Bowery. Un perfecto et une jupe-culotte en organza lamé font référence à une cape en "rhodophane" créée par Schiaparelli. Les clins d'oeil "schiaparelliens" ne cessent de revenir comme une ponctuation: le poudrier en forme de cadran téléphonique dessiné par Dali, les motifs chers à Schiap': le soleil, les étoiles, le coeur transpercé, le cadenas.
"Bertrand a capté vraiment l'essence de Schiaparelli", a estimé la réalisatrice et ancien mannequin Farida Khelfa, ambassadrice de la griffe. "Ca se voit dans les vêtements, les broderies, le rapport des couleurs, la fourrure, le tartan, la cape, ça c'est vraiment l'univers schiaparellien!" (AFP)