L’atelier Missegle, pionnier du Mohair tarnais porte loin et haut les valeurs durables
loading...
Chaussettes en mohair de chevreau, en Mérinos, en maille de soie et maintenant en laine de yacks issue de Mongolie, pulls sans couture, bonnets, plaids et accessoires de maison… Missegle établit dans le Tarn, fabrique des produits en fibre naturelles et de haute qualité, de façon durable et raisonnée. L’atelier castrois, fondé par Myriam Joly, connait aujourd’hui une croissance à deux chiffres grâce à ses produits sincères, intemporels, beaux et hors mode, ainsi qu'à ses valeurs restées inchangées depuis les débuts.
« La crise sanitaire a accéléré la prise de conscience en matière de durabilité. Les mots "consommation et production raisonnée" sont désormais sur toutes les lèvres. Les démarches locales, qualitatives et durables, dans le sens premier du terme, sont valorisées, les matières naturelles recherchées. Les gens ont besoin de valeurs refuges quand tout tangue autour d’eux. Aujourd’hui, nous avons le vent dans le dos car ces valeurs, sont, depuis le début, le socle de notre entreprise », souligne Myriam Joly, la fondatrice de Missegle.
Ingénieur tarnaise, celle-ci importe du Texas les premières chèvres Angora en France dans les années quatre-vingt. Au fil du temps Myriam Joly créée une coopérative d’éleveurs qui réunit le Mohair français. Et parvient ainsi à retricoter une filière dans le Tarn, en faisant, déjà, le pari du local, et de la vente directe. Et, puis, elle saute le cap en 2007, en reprenant la bonneterie tarnaise Azema. D’éleveuse, Myriam Joly devient ainsi entrepreneuse, à la tête d’un atelier de tricotage… La boucle est bouclée.
Ses chaussettes, rejoint bientôt par des pulls, des accessoires, du linge de maison, toujours en laine et en fibres naturelles, ont la réputation d’être parmi les plus solides et qualitatives du monde, luttant contre le gaspillage : 14 400 tonnes de chaussettes seraient jetées chaque année en France. Et affrontent avec panache la délocalisation massive des chaussettes en Chine, participant à leur échelle à la réduction de l’empreinte carbone. En 2016, la maison qui cultive les savoir-faire rares, comme le remaillage (toujours le souci de la pérennité) se voit décerner le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant), un gage d’excellence. Aujourd’hui, Atelier Missegle fabrique 300 000 paires de chaussettes par an et 30 000 pulls depuis son atelier de Castres, qui emploie 40 salariés. Sont aussi expédiés depuis la logistique, également sur site, près de 90 000 colis.
Eco-conception
Chaque étape de la fabrication, depuis la sélection des fibres, est pensée dans le but de limiter l’empreinte environnementale. Missegle sélectionne ses filières d’approvisionnement en vérifiant les conditions d’élevage ou de culture et travaille avec des partenaires locaux dès cela est possible. Les filatures sont proches, les teinturiers sont dans le Tarn, à quelques kilomètres de l’atelier, ou encore Vendée. Et l’implication dans la filière du Made in France trouve son sens en participant à la préservation de l’environnement. Les petites séries sont la règle, pour ne pas gaspiller des matières premières en sur-stockant. Une volonté assumée, malgré des délais de livraison parfois rallongés. La maison utilise aussi les technologies 3D pour une production d’une seule pièce et sans chutes, sans déchets. Et, jusqu’au bout de la logique, l’entreprise fournit 40 pour cent de l’énergie dont elle a besoin grâce à des panneaux solaires.
C’est l’amour du produit et le sens de l’humain qui font courir Myriam Joly : « je suis une paysanne, je crois aux circuits simples, aux idées simples, je pense qu’il faut rendre nos métiers attractifs, en terme de valorisation des savoir-faire comme de salaires, pour rendre possible une production textile industrielle en France. Pour moi, tout le reste relève de discours hors-sol », explique la fondatrice de Missegle à FashionUnited.
Chez Missegle, les compétences sont poussées, développées, transmises, pour fabriquer un produit que l’équipe est fière de « signer ». Une équipe locale, heureuse de pouvoir vivre de son travail dans son département, le Tarn, ancien haut-lieu du textile aujourd’hui sinistré… Deux tiers des effectifs ont par ailleurs moins de quarante ans (moyenne d’âge relativement jeune dans les ateliers textiles aujourd’hui) contribuant ainsi au dynamisme de l’économie départementale. La vente au particulier représente toujours l’essentiel de l’activité, soit 70 pour cent. Le reste fournissant de jolies marques de mode. Récemment, un grand magasin parisien a souhaité créer un événement autour de la marque et coiffer ses vendeuses de bonnets Missegle. Le planétaire Disneyland a aussi consulté l’atelier dans l’intention de distribuer des cadeaux d’entreprise « made in France ». « Il n’y a pas eu de suite, mais ça nous a étonné et amusé que Disneyland pense à nous, cela démontre que notre démarche s’est ancrée dans les esprits », se réjouit Myriam Joly.
Crédit: Missegle