Koché, le streetwear version couture
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Sa marque, Koché, est un nouveau nom prometteur du calendrier de la Fashion Week parisienne. Mais sa fondatrice, Christelle Kocher, est une créatrice déjà aguerrie, qui marie les savoir-faire artisanaux liés à la haute couture avec le streetwear.
La Française, âgée de 36 ans, qui présente son premier défilé Koché mardi soir, est en parallèle la directrice artistique de Lemarié, maison rachetée par Chanel spécialisée dans le travail des plumes et des fleurs, également fournisseuse d'autres grands noms du luxe. Cette "rencontre avec l'excellence de l'artisanat français" qui a commencé en 2010, a été pour la créatrice le "point de départ" du projet de sa propre griffe Koché, lancée en 2014. "J'avais envie d'utiliser ce savoir-faire français, les broderies, l'embellissement, et le mélanger avec la street culture, le sportswear, tout en jetant des ponts avec l'art contemporain", résume-t-elle, dans son atelier parisien de Ménilmontant.
Sa marque emploie un noyau dur de cinq personnes. Mais en cette période de défilés, dans l'atelier lumineux aux murs blancs, une quinzaine de petites mains s'activent autour de mannequins Stockman, ou brodent au son d'une playlist électro. La créatrice globe-trotteuse, originaire de Strasbourg et diplômée de la prestigieuse école de mode londonienne Central Saint Martins, a un CV éloquent qui l'a menée successivement chez Emporio Armani, Martine Sitbon, Chloé, Sonia Rykiel, Dries Van Noten, Bottega Veneta. Elle partage désormais son temps entre New York et Paris, deux villes qui l'inspirent particulièrement, l'une pour son style "pratique" et "confort", l'autre pour son romantisme et ses fameux savoir-faire.
Koché: une marque unique entre artisanat et technologie
Sa marque est le reflet de ces influences croisées, avec ses collections aux couleurs éclatantes contrastant avec du noir ou du gris chiné plus sport, conçues en collaboration avec Lemarié ainsi que les brodeurs Lesage et Montex, autres métiers d'art de la galaxie Chanel. Des manteaux en plumes y côtoient des robes brodées et plissées, portées avec des sandales, mais aussi des berdumas en jersey avec des baskets. Mélange d'énergie brute et de poésie, la griffe a connu un démarrage sur les chapeaux de roue: elle comptait cette année parmi les demi-finalistes du prix LVMH pour les jeunes créateurs. Elle a su convaincre des acheteurs de renom comme Maria Luisa à Paris, mais aussi Ikram à Chicago et Maxfield à Los Angeles, qui distribuent ses collections, dont les prix débutent à 350 euros pour un t-shirt.
Elle fait aussi partie des créateurs soutenus par l'initiative "Designers Apartment" organisée par la Fédération française de la Couture. "Elle a une maturité certaine et je pense qu'elle a un potentiel tout aussi certain!", juge Stéphane Wargnier, président exécutif de la Fédération. Tous ses modèles sont fabriqués en France. "Je veux être proche des produits, être sûre de la qualité. Il y a plein de gens en France qui sont capables de faire des pures merveilles, c'est important pour moi de les faire travailler", explique-t-elle simplement. L'artisanat n'exclut pas la technologie, pour cette créatrice toujours en quête de nouvelles techniques, qu'il s'agisse d'impression sur des plumes ou de découpes au laser. La démarche de Karl Lagerfeld, qui a fait défiler récemment des tailleurs Chanel réalisés par impression 3D, l'inspire.
Faite de mélanges, sa marque reflète son propre style, dit-elle, vêtue d'un jean et pull en patchwork coloré, de sa griffe. "Je mixe tout le temps des pièces de couture avec des baskets, des pièces vintage. Plus personne ne s'habille en total look d'une marque, c'est démodé". Etrangère à l'exhibitionnisme de l'époque, elle explique ne s'être convertie aux réseaux sociaux que récemment, dans le but de montrer son travail et promouvoir sa marque, pour laquelle elle regorge de projets: elle vient de créer ses premiers bijoux et aimerait lancer une ligne homme. (AFP)