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Julien Dossena, le second souffle de Paco Rabanne

Par Anne-Sophie Castro

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Cinq ans ont passé depuis que Julien Dossena a pris la relève du créateur indien Manish Arora à la direction artistique de la maison et dont l’activité avait été stoppée depuis le départ de Paco Rabanne en 1999. Perpétuer l’héritage du couturier espagnol, tout en ayant carte blanche pour créer de nouveaux codes ou comment "ressusciter son prêt-à-porter", a été la mission passionnante de Dossena dès son arrivée en 2013.

Fervent admirateur de Martin Margiela et ferme défenseur de la mode sportive, ce jeune breton de 35 ans, né à Ploemeur dans le Morbihan, a étudié l’Histoire de l’art à Paris et la mode à La Cambre de Bruxelles avant de rejoindre les ateliers de Balenciaga en 2008, aux côtés de Nicolas Ghesquière. C’est là qu’il a exercé son talent de pouvoir combiner les matières: "Je peux mélanger du nylon avec du cuir et offrir un nouvel aspect aux pièces. J’aime dessiner des vestes à la coupe parfaite dans une matière légère mais sans perdre de vue l’aspect haut-de-gamme", expliquait-il dans une interview à Vogue.

Après Balenciaga, en 2012, Julien Dossena décidait de faire cavalier seul en lançant son propre label "Atto", avant d’être contacté par Paco Rabanne pour se charger de la direction artistique. "Quand on m’a proposé d’intégrer la maison Paco Rabanne, l’idée m’a semblée très drôle. C’était une suite logique pour moi, puisque beaucoup de mes références venaient justement de cette époque radicale des années 60 illustrée par Paco Rabanne, Courrèges, Cardin...". À ce vent de fraîcheur est venue se greffer l’ouverture d’un flagship store, rue Cambon à Paris, en janvier 2016. "Je me suis senti très libre. À mon arrivée, j’avais devant moi une page blanche à écrire, je pouvais asseoir les bases de mon projet, monter mon équipe et décider de quelle façon travailler et créer une image complète".

Le réinventeur de la maille métallique en version high tech

L’hiver dernier, Julien Dossena revisitait la célèbre maille métallique de Paco Rabanne, qu’il présentait dans sa collection Automne/Hiver 2017-18. Là, une pointe d’érotisme, ("déclencheur et séduisant", confiait-il à Marie-Claire) se dégageait de ses robes fluides assymétriques aux épaules dénudées, portées par les filles qu’il aime, "à plat", sans talons et "qui avancent dans la vie à grand pas".

Le ton disco du doré et de l’argenté étaient, biensûr, omniprésents : "Ce matériau est un miroir. Il cache parce qu'il reflète. La brillance peut ainsi être perçue comme une armure (...) une seconde peau dans laquelle la fille va être le plus à poil... Je ne voulais surtout pas la statufier, un corps coulé dans le métal est mortifère".

Printemps/Eté 2018 : une campagne plus forte

Pour cette saison, les images de la campagne ont été réalisées en collaboration avec les artistes hollandais Maurice Scheltens et Liesbeth Abbenes et le directeur artistique Marc Ascoli. À la différence d’autres campagnes de mode ou de marque, le produit est mis ici dans l'image d'une manière moins commerciale pour créer un visuel plus fort, ce qui permet de l’apprécier dans son ensemble. "Je voulais exprimer l'intimité, la délicatesse, ce genre de chose grunge et cool, mais en même temps féminine." La fille Paco Rabanne est rêveuse, étudiante en beaux-arts ou musicienne, interprète, artiste. Je pensais à [Robert] Mapplethorpe et à ce sentiment créatif que vous vivez à certains moments de votre vie - mais exprimé d'une manière plus dystopique. "

Photos : Campagne SS18 par Theo Sion, Portrait Julien Dossena par Francois Guillot / AFP, Collection Automne/Hiver 2017-18 par Catwalkpictures.

Julien Dossena
Paco Rabanne