Fashion Week: jusqu'à 18 mois de prison ferme pour le vol de la collection Balmain
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Bobigny - Pour le vol de pièces du défilé de la maison Balmain avant la Fashion Week de septembre 2023, deux jeunes hommes ont été condamnés mercredi à Bobigny à 12 et 18 mois de prison ferme.
Agés de 23 et 25 ans, ils étaient jugés détenus en comparution immédiate par la 18e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny, aux côtés d'un jeune homme de 24 ans relaxé de complicité de vol.
Trois autres hommes, qui devaient également être jugés mercredi ont bénéficié d'un renvoi à la demande de leurs avocats. Ils seront jugés par la même chambre le 13 mars.
Le 16 septembre, un employé d'une société sous-traitante de DHL se rend sur la plateforme de Roissy-en-France et récupère un chargement de 146 colis, dont de nombreux de maisons de luxe : Dior, Paco Rabanne, Givenchy ou encore Balmain.
A 8H33, il quitte la plateforme et prend la direction de Paris.
Sept minutes plus tard, sa camionnette est percutée par une berline volée quelques jours plus tôt à Bobigny en Seine-Saint-Denis. Il en sort, et se fait prendre à partie par des hommes cagoulés, brandissant un objet métallique - l'arme ne sera pas formellement déterminée lors de l'enquête.
Ils lui volent l'utilitaire et s'échappent. Le braquage dure deux minutes.
Dans le camion, se trouvent des colis qui devaient être livrés le jour-même à Balmain.
Pour la maison de haute couture, c'est une catastrophe. Il s'agissait de 45 pièces de la collection printemps/été 2024 qui devait être introduite onze jours plus tard lors du défilé.
Quelques cartons sont récupérés dans la camionnette retrouvée à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) et rendus à Balmain mais il manque des pièces.
"Mon équipe et moi-même avons travaillé très dur. Nous allons travailler encore plus, jour et nuit, tout comme nos fournisseurs, mais c'est tellement irrespectueux", avait écrit sur Instagram le directeur artistique Olivier Rousteing.
Le défilé, exubérant et fleuri, avait pu se tenir au théâtre de Chaillot.
Le préjudice matériel est évalué à 595.162 euros par Balmain, prenant en compte la valeur marchande, le coût de refabrication et surtout la perte de chiffre d'affaires comparé aux saisons précédentes.
A cela s'ajoutent quelque 50.000 euros de préjudice moral. Le débat sur les intérêts civils a été renvoyé au 13 mars.
"Au moment du défilé, il y a tous les acheteurs du monde entier qui se font une idée de la collection quand ils la voient", a expliqué à l'AFP François Bizet, avocat de Balmain. "Les conséquences d'actes de ce type-là sont énormes", la collection a été "complètement saccagée par ces malfrats", insiste-t-il.
"Dossier des coïncidences"
Les prévenus avaient été interpellés mi-janvier, après quatre mois d'enquête de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis.
Les investigations se sont concentrées sur la téléphonie et les bornages de la trentaine de numéros de téléphones rattachés aux suspects, le tout appuyé par des images de vidéosurveillance et des traces ADN.
Les enquêteurs estiment qu'un repérage a eu lieu deux semaines avant le vol.
Parmi les hommes renvoyés, figure un ancien employé de la société de livraison sous-traitante de DHL.
Lors de l'audience de trois heures, les prévenus ont fermement nié avoir été impliqués dans le braquage. "Je n'ai rien à voir avec cette histoire", affirme l'un d'eux.
Quid de son ADN retrouvé dans la voiture volée ? "Peut-être que j'étais dedans, je ne me rappelle pas... Je monte dans plein de voitures tous les jours", lance-t-il.
A ses côtés dans le box, son comparse n'est pas plus prolixe mais reconnaît avoir volé la berline en échange de vêtements de luxe. Des pièces du défilé ont été retrouvées chez lui.
Leurs condamnations à respectivement trois ans, dont 18 mois de sursis probatoire, et trois ans, dont deux ans de sursis probatoire, sont bien en-deçà des réquisitions.
La procureure avait demandé six et cinq ans de prison avec maintien en détention à leur encontre et un an et demi avec sursis probatoire contre le jeune homme relaxé.
Elle avait ironisé sur les défenses des prévenus en décrivant "un dossier des coïncidences".
Hasard du calendrier, la maison Balmain organisait mercredi son défilé à Paris lors du troisième jour de la fashion week féminine.(AFP)