Fashion Week de Londres: Gareth Pugh en mode dystopique
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Du chaos jaillira la lumière: le créateur Gareth Pugh a imaginé samedi un Londres dystopique et décadent que viendraient défier des femmes masquées vêtues de combinaisons rouge sang, façon super-héros, au deuxième jour de la Fashion Week.
Les présentations du designer britannique de 37 ans ont ceci de particulier qu'elles oscillent souvent entre défilés de mode classiques et happenings militants, et samedi, il n'a pas fait mentir sa réputation.
Dans le monde de Gareth Pugh, Londres est une cité sordide et bétonnée, recouverte d'un mauvais asphalte et parcourue par d'épaisses fumées toxiques.
C'est dans cette enfer urbain que nait la révolte d'une "société marginale", mue par le "rejet catégorique du conservatisme" (dixit la marque) et incarnée par des femmes guerrières et provocantes.
Chaussées de boots para-militaires, elles se glissent dans des combinaisons moulantes ornées de motifs géométriques et dissimulent leurs visages derrière des masques rappelant parfois un certain super-héros connu pour ses toiles d'araignée.
Leurs armes? De larges éventails rouges ou noirs qu'elles agitent avec insolence en défilant sur le podium, quand elles ne miment pas d'inquiétantes prises de combat.
Rebelles et belliqueuses, elles optent pour des robes kimonos de cuir, noires et indécemment courtes, ou de fins imperméables de plastique révélant bustiers et jarretières, façon dominatrices.
Le défilé se voulait aussi un hommage au créateur britannique Judy Blame, figure de la culture punk, décédé en début d'année à l'âge de 58 ans.
"Judy était un homme sans compromis, incontrôlable et farouchement anti-establishment. C'était un créateur de l'extrême", a déclaré Gareth Pugh - qui pourrait légitimement revendiquer les qualités qu'il prête au défunt.
En attendant Victoria
L'univers de Jonathan Anderson, qui défilait plus tôt dans la journée, est nettement moins sombre et torturé.
Directeur artistique du maroquinier de luxe Loewe, le jeune Britannique, considéré comme l'un des plus doués de sa génération, présentait la nouvelle ligne de sa propre marque, J.W. Anderson.
Avec un maître mot: la "fluidité", a-t-il expliqué. Et de fait, les coupes sont amples et aériennes, parcourues de mailles et de dentelles, avec un côté "bohème" assumé. Les couleurs sont terriennes et organiques: crème, anis, ocre et bleu cobalt.
Dans la matinée, la Britannique Alexa Chung, "it-girl" couteau suisse (mannequin, chroniqueuse, présentatrice télé, Instagrammeuse...), avait elle présenté sa toute première collection, inspirée par les voyages.
Au menu, un vestiaire pratique et sobre, pour déambuler en toute décontraction dans les zones de transit: ensembles survêtement, gilets de laine en jacquard floral, manteaux en daim, robes longues zippées sur le devant et colliers de coquillages. Une collection sans prise de risque, mais sans faute de goût.
La Fashion Week proposera jusqu'à mardi plusieurs dizaines de shows aux quatre coins de la ville - mais tous les regards sont d'ores et déjà tournés vers Victoria Beckham, qui y défilera dimanche, pour la toute première fois.
La styliste de 44 ans avait fait des débuts dans la mode à New York en 2008, presque sur la pointe des pieds, sous les regards intrigués des spécialistes curieux de voir de quoi était capable l'ancienne Spice Girl.
Dix ans plus tard, c'est une créatrice respectée par ses pairs, à la tête d'une entreprise évaluée à plus de 100 millions d'euros par la presse spécialisée, qui reviendra dans son pays natal.
L'autre moment fort du rendez-vous britannique de la mode, consacré aux collections printemps-été 2019, aura lieu lundi, avec une autre première: celle de Riccardo Tisci (ex-Givenchy) pour Burberry.(AFP)