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Fashion Week de Londres: comment rester tendance pour quelques pennies

Par AFP

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Installée dans une friperie du nord de Londres, la styliste Emma Slade Edmondson suit une retransmission en streaming des défilés de la Fashion Week. Avec quelques agrafes, un peu d'astuce et d'imagination, elle en reproduit les luxueux modèles avec des vêtements usagés.

"Je veux montrer qu'on n'a pas besoin d'avoir un budget démentiel pour être tendance et que la mode peut être accessible à tout un chacun", explique à l'AFP la créatrice de 29 ans. Emma et son équipe ont pris leurs quartiers dans la réserve d'une boutique de produits d'occasion de l'ONG Oxfam, partenaire de l'initiative. Des vêtements par centaines pendent accrochés à des cintres. Dans leur grande majorité, ils ont été donnés à l'organisation par des particuliers. Penchée sur l'écran d'une tablette, Emma découvre la collection printemps-été 2016 du Britannique Jasper Conran, présentée, à quelques kilomètres de là, à Soho, en plein coeur de la capitale britannique. "On regarde les défilés en streaming sur un iPad, et ensuite je recrée les modèles avec ce que j'ai sous la main", dit-elle.

Du défilé Conran, Emma a retenu plusieurs modèles, dont un ensemble short court et top sans manche à rayures. En quelques minutes, elle déniche dans le stock de fripes de quoi confectionner une composition similaire, et procède aux essayages avec un mannequin. "C'est un peu une course contre la montre", glisse la créatrice: les défilés de la Fashion Week s'enchaînent les uns après les autres. Le clone de Conran prêt, direction l'étage supérieur, partie de la boutique ouverte au public.

On y trouve de tout, pour une poignée d'euros: des blasers, des disques de Rachmaninov, des vieux Polaroid, des clubs de golf. Entre les étals de vêtements d'occasion, un podium a été improvisé avec une bande de lino blanc, aspect parquet. Comme dans un défilé de haute couture, le mannequin l'emprunte nonchalamment, illuminé par des spots et les flashs des appareils photo. Mi-intrigués, mi-amusés, les clients regardent, apprécient.

Une mode comme lutte contre le gaspillage

Les modèles créés par Emma seront ensuite vendus via Oxfam, et l'argent récolté contribuera à financer les projets humanitaires de l'organisation. Pour la styliste, l'idée est de "promouvoir les vêtements usagés en montrant le potentiel", tout en luttant contre le gaspillage.

"Quelqu'un a dit un jour: nous devrions chérir nos vêtements comme s'ils étaient de bons amis. Je ne pourrais pas être plus d'accord", dit-elle, en précisant que cette initiative "n'a rien d'une critique de la Fashion Week", dont elle apprécie l'ambition créatrice. Elle est en revanche moins indulgente quant au fonctionnement global du secteur du prêt-à-porter et regrette l'émergence d'une culture "où nous jetons comme jamais", sans se soucier des conséquences, notamment environnementales.

La garde-robe des ménages britanniques vaut en moyenne 4.000 livres (5.500 euros), et environ 30 pour cent des vêtements qui la composent n'ont pas été portés depuis au moins un an, selon Wrap, une organisation qui promeut le recyclage, associée à l'initiative de la styliste.

"Prolonger la vie moyenne d'un vêtement, ne serait-ce que de trois mois, entraînerait une réduction de 5 à 10 pour cent de son empreinte carbone", assure Andrew Gilbert, un de ses responsables. Changer nos rapports aux vêtements pourrait aussi entraîner 3 milliards de livres (4,12 milliards d'euros) d'économies en frais de fabrication et de nettoyage, indique Wrap. Pour Ali Moore, de l'organisation Recycle for London, la lutte contre le gaspillage passe par la sensibilisation des consommateurs: "Il faut encourager les gens à apprendre à coudre, à réparer, à rénover leurs vêtements, pour qu'ils durent plus longtemps". (AFP)

emma slade edmondson