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Européennes : les candidats allemands s'approprient un hoodie « street cred »

Par AFP

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Berlin - Un sweat à capuche d'un label underground berlinois plébiscité par les jeunes s'est mué en quelques semaines en accessoire mode incontournable pour nombre de candidats allemands, de droite comme de gauche, aux élections européennes de dimanche.

Quelques mois après le vote du Brexit, le designer berlinois David Mallon fait floquer quelques centaines de pulls aux couleurs de l'Union européenne. Des douze étoiles du drapeau, il en retire une et la place dans le dos, assortie du numéro de la ligne d'informations de l'UE.

« Au premier coup d’œil, avec ce cercle d'étoiles brisé, on comprend que quelque chose ne va pas et ça permet d'ouvrir un dialogue », décrypte auprès de l'AFP le concepteur de ce sweat baptisé EUnify, dans sa boutique du centre de Berlin.

Ce « hoodie » politique tape dès 2017 dans l’œil des fashionistas et des influenceurs. Il vit alors sa vie sur Instagram, déferle sur les soirées branchées et envahit les lycées allemands.

En 2019, il ressurgit, là où personne ne l'attend : en version XL sur les épaules du diplomate allemand Wolfgang Ischinger, à l'ouverture de la très guindée Conférence sur la sécurité de Munich. Ce cadeau de Noël d'un petit-fils retient immédiatement l'attention du public, bien plus que la dissertation de l'orateur sur les risques pesant sur l'Europe.

La ministre de la Justice, Katarina Barley, tête de liste sociale-démocrate aux élections du 26 mai, l'a ensuite choisi pour ses affiches de campagne. Le chef du parti libéral FDP, Christian Lindner, prend aussi la pause avec le pull EUnify.

Culture des manifs

Et voilà comment ce sweat se retrouve propulsé au rang de « it piece » - la chose à avoir - des politiques en campagne pour toucher un nouveau public, alors que les partis traditionnels sont à la peine.

Vêtement streetwear par excellence, « le hoodie vient de la culture des manifs », explique David Mallon.

« Il est associé à la rébellion, au discours de la rue, en écho avec par exemple ce qu'il se passe en ce moment avec les jeunes de Fridays for Future », poursuit-il en référence aux manifestations lycéennes chaque vendredi pour défendre le climat.

D'autre part, le sweat berlinois, porte clairement un message démocratique et anti-extrêmes.

« Porter le drapeau allemand sur mon pull, pour des raisons historiques, ça ne le fait pas », explique dans une vidéo le journaliste Florian Prokop. EUnify proclame lui : « je ne veux pas du populisme de droite qui veut détruire l'Europe ».

L'historienne de la mode Uta-Christiane Bergemann relève que ce pull permet aux candidats pro-européens, de droite comme de gauche, « de faire passer un message très direct et rapidement compréhensible (car) un automobiliste qui passe devant un panneau de campagne a moins de deux secondes d'attention ».

Désormais, les créateurs espèrent que le drapeau européen va durablement s'installer dans une iconographie militante. Et pourquoi pas rencontrer le succès commercial du « Stars and Stripes » américain et du « Union Jack » britannique qui se déclinent sur mille accessoires.

« Summum du désespoir politique »

« Au début on était relativement seuls, il y a désormais une vingtaine de créateurs sur ce créneau, et je trouve ça très bien », juge David Mallon, relevant que l'objet est tendance à Berlin mais subversif dans les villes britanniques pro-Brexit.

Néanmoins, certains éditorialistes en Allemagne dénoncent ce recours au « EU Pulli » et à cette « Pullitik » trop marketing à leurs yeux après une campagne électorale largement atone.

Ce pull « n'a jamais combattu les populistes de droite (...) il est fait pour les fashionistas dans leur café pop-up, ou pour être porté sous un imper Burberry », s'énerve Ruben Donschbach dans l'hebdomadaire de centre-gauche die Zeit.

Il poursuit son attaque en règle sur l'inutilité du sweat en traçant un parallèle avec la célèbre photo d'un révolutionnaire marxiste.

« Avec tous ces jeunes qui ont porté un tee-shirt Che Guevara, ça fait bien longtemps que le monde aurait dû être révolutionné », assène-t-il.

Enfin, pour la Neue Presse, la course au « cool » des candidats « est le summum du désespoir politique » car leur précipitation à s'approprier ce pull reflète la vacuité de leurs programmes. (AFP)

Photo: John Macdougall / AFP

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